Dimanche 26 mai, jour de la Fête des mères, un grave incendie se déclenche soudainement dans une maison du quartier de Grand-Fond. L’intervention du fils de la propriétaire puis des pompiers a permis d’éviter un drame.
Dimanche 26 mai, jour de la Fête des mères. Le ciel est lourd et gris, annonciateur de quelques épisodes de pluie. Sur les hauteurs du quartier de Grand-Fond, la matinée s’écoule paisiblement quand, soudain, une explosion se fait entendre. « On a entendu un grand « boum » au moment où on faisait à manger », raconte Huguette, propriétaire de la maison. En une seconde, la quiétude dominicale s’efface pour faire place à une impensable frénésie.
« Tout de suite, on a commencé à évacuer »
Plusieurs personnes se trouvent alors dans la maison. Les fils de la propriétaire, des amis de l’un d’eux, un neveu mais aussi deux locataires de longues dates. « J’étais chez moi à l’étage quand j’ai entendu une détonation, se souvient Domingo, l’un des fils de Huguette. Je suis sorti et j’ai vu de la fumée qui sortait de l’appartement du dessous. J’étais avec mon neveu qui m’a crié qu’il y avait le feu. » Sur le chemin qui mène à la maison, Domingo aperçoit deux personnes, dont un ami italien, qui ont arrêté leur véhicule sur la route pour venir les prévenir du déclenchement de l’incendie. « Tout de suite, on a commencé à évacuer », raconte Domingo.
Sa maman, son frère, qui souffre d’un handicap, tout le monde parvient à sortir et à s’éloigner de la maison. « Il y avait aussi deux locataires mais je savais que l’un était sorti faire des courses, explique Domingo. J’entendais comme des coups dans l’appartement du bas, mais on a pensé que c’était le bruit des flammes. » En réalité, il s’agit du deuxième locataire qui, surpris par l’incendie, est coincé dans son logement.
Une hache pour défoncer le volet
Alertés, les sapeurs-pompiers du service territorial d’incendie et de secours (Stis) ne sont pas encore arrivés sur les lieux. Domingo comprend que le locataire est dans son logement. Mais les flammes empêchent l’accès à la porte d’entrée. Avec son neveu et deux autres personnes, il se rend derrière la maison car il sait qu’il est possible d’entrer par une fenêtre. Il découvre alors que le volet anticyclonique est fermé. « On a commencé à essayer de le casser pour entrer, raconte Domingo. J’ai attrapé une vieille pioche puis une hache. On a réussi à exploser le volet. Ensuite on a brisé les vitres et une grosse fumée noire est sortie. » Bien qu’intoxiqué par ces fumées, le locataire parvient à s’extirper de la fournaise. « On a été cherché du lait pour qu’il se nettoie la bouche », se souvient Domingo. C’est à ce moment que les pompiers débarquent.
Immédiatement, ils invitent les personnes présentent sur le site à l’évacuer au plus vite. Domingo agrippe le locataire miraculé, le porte sur son dos et le descend jusqu’à la route. Dès lors, ce sont les soldats du feu qui prennent le relai.
Deux camions à incendie, deux ambulances, trois véhicules de soutien et 25 sapeurs sont mobilisés. Sans oublier l’infirmière du Stis, le Smur, la gendarmerie et la police territoriale. En quelques dizaines de minutes, les sapeurs-pompiers parviennent à circonscrire le sinistre puis à écarter tout danger. Ils seront toutefois contraints de revenir au cours de la nuit suivante pour éteindre une reprise d’incendie.
« Il faut être forte »
Si la maison a été sauvée des flammes et de la destruction, le rez-de-chaussée a été ravagé. Trois des occupants ont été transportés à l’hôpital et le locataire fortement atteint par les émanations de fumée a pu sortir le lundi dans la journée. Avec quelques brûlures, des difficultés respiratoires et, surtout, un traumatisme à surmonter. « La maison est foutue mais tout le monde est vivant », souffle Domingo. Âgé de 28 ans, il évoque « une montée d’adrénaline » pour expliquer son intervention. « Je n’ai pas réfléchi, j’ai foncé avec mon neveu et j’ai réussi à garder mon sang-froid. J’étais à fond, je voulais sortir tout le monde. Mais quand ça s’est terminé, comme mon neveu, j’ai un peu craqué. » Le jeune homme, dont le nom complet est Domingo da Costa Duarte, a reçu les félicitations du commandant du Stis, le lieutenant Christophe Laurens.
Présente sur les lieux au moment de l’intervention du Stis, la première vice-présidente de la Collectivité, Marie-Hélène Bernier, a aidé à dérouter la circulation au carrefour de Saline et de Lorient. Elle a ensuite accompagné les habitants de la maison jusqu’à un logement temporaire attribué par la Collectivité. Le lendemain, l’élue était encore aux côtés de la famille à la Vestiboutique de la Croix Rouge, à Gustavia, pour récupérer des vêtements. Car, dans l’incendie, Huguette, ses proches et les locataires ont perdu quasiment tous leurs effets personnels. « Il faut être forte dans ces moments, mais je le suis», assure Huguette qui a vécu une bien étrange Fête des mères en ce dimanche 26 mai.