Jeudi dernier, dans la soirée, un incident impressionnant mais sans gravité s’est produit à l’usine d’incinération. La semaine précédente, les autorités et gestionnaires de sites industriels se réunissaient pour évoquer la sécurité dans la zone de Public.
Jeudi 28 février, vers 20h30, coups de fil à la caserne des pompiers. Les riverains du quartier Public s’alarment, voyant d’épaisses fumées sortir de l’usine d’incinération, par toutes les ouvertures du bâtiment vert. Les pompiers sortent directement l’artillerie lourde : quinze sapeurs, deux engins, une ambulance. « Je comprends que cela a pu inquiéter la population, mais c’est un déploiement normal lorsque l’on nous appelle pour un feu sur la zone industrielle », explique le lieutenant des pompiers Christophe Laurens. La préfecture est prévenue, les responsables d’EDF et de la CPPF (Compagnie pétrolière du port franc) également, et la vice-présidente de la Collectivité Nicole Gréaux se rend immédiatement sur place.
A l’intérieur du bâtiment, les salariés s’affairent à régler le problème, qui vient de la vanne qui relie l’incinérateur aux machines de la Sidem, l’usine de production d’eau. « Ce problème a entraîné une avalanche de mises en défaut d’appareils. Ce qui a provoqué une montée en pression dans l’UVE* de la vapeur, auquel cas l’usine se met automatiquement en sécurité », détaille Albert Izerne, directeur de région chez Dalkia Wastenergy. Cette mise en sécurité comprend l’évacuation des fumées pour éviter que la pression ne monte trop.
Pour rappel, Dalkia Wastenergy et Sidem travaillent de concert puisque la seconde récupère la chaleur de l’incinérateur pour dessaler l’eau de mer. Ce n’est pas la première fois que ce type de panne se produit ; les techniciens doivent alors couper la communication entre les deux usines puis réparer. Le temps qu’ils effectuent la manipulation, les sapeurs-pompiers, redoutant l’intoxication par les fumées des personnes présentes sur le site et des riverains, coupent le courant général de l’usine, comme l’exige le protocole. Rallongeant le travail de remise en état et redémarrage des machines, ainsi, par effet domino, que la reprise de la production d’eau de ville. D’où les coupures de distribution en eau qu’ont pu ressentir certains abonnés au réseau, ce week-end. L’incinérateur a pu redémarrer dimanche.
Hasard du calendrierUn incident finalement sans gravité, puisqu’aucun cas d’intoxication n’a été recensé.
Hasard du calendrier : il s’est produit une semaine après une réunion portant justement sur la sécurité dans la zone industrielle de Public.
Le 19 février, préfecture et Collectivité réunissaient tous les protagonistes pour « sensibiliser les exploitants et attirer leur attention sur la nécessité d’élaborer un plan commun d’intervention. Ce plan devrait permettre de mieux coordonner la sécurité dans la zone et de mutualiser les moyens propres à chaque exploitant », explique l’antenne Saint-Barth de la préfecture des îles du Nord. La zone est en effet très sensible : on vous laisse imaginer ce qu’il se passerait en cas d’incendie majeur, par exemple… Aujourd’hui, chaque opérateur dispose d’un plan interne d’intervention.
La mise en place d’une sirène avec message sonore, spécifique au quartier Public, avait été évoquée dans nos colonnes par Clémenceau Magras, ancien chef de la sécurité civile, il y a tout juste un an. Le projet est toujours dans les tuyaux de la Collectivité. Le but d’un tel document est surtout d’instaurer une procédure commune aux trois sites industriels (incinérateur/production d’eau, stock de carburants, centrale électrique), et un protocole établi entre leurs gestionnaires, les autorités et le Stis (Service territorial d’incendie et de secours).
(*) UVE : Unité de valorisation énergétique.
Photo > Le 25 août dernier, un incident similaire s’était produit à l’usine d’incinération, mais les équipes avaient pu régler le problème immédiatement.