Saint-Barth -

Les résultats d’une étude de deux ans sur les traits de côtes de Saint-Barth menée par des scientifiques de l’université de Montpellier ont été présentés mardi soir à la capitainerie de Gustavia.

Une légère tendance à l’érosion sur les plages de Saint-Barth

Comment les plages de Saint-Barthélemy évoluent au fil des ans ? C’est la question que se sont posés trois scientifiques de l’université de Montpellier (Stéphanie Defossez, Tony Rey et Matthieu Péroche) qui ont mené pendant deux ans, avec le concours de l’Agence territoriale de l’environnement (ATE) une étude sur l’évolution de cinq plages de l’île : Flamands, Saint-Jean, Lorient, Gouverneur et Colombier. Avant que leur curiosité ne les pousse à effectuer des relevés à Corossol, Public et Anse des Cayes. Les résultats de cette étude ont été présentés au public mardi 18 janvier lors d’une conférence organisée dans la grande salle de la capitainerie du port de Gustavia. Devant une cinquantaine de personnes curieuses d’en apprendre davantage sur les mutations des côtes.
Il va sans dire que les scientifiques n’ont pas jeté leurs conclusions aux oreilles de leur audience. Dans un premier temps, ils ont pris soin de décrire, avec la pédagogie qui sied à un professeur, leurs méthodes de travail. En précisant que « certains objectifs de l’étude ont été atteints et que d’autres sont encore en cours d’analyse ». Lors des quatre missions qui ont été conduites à Saint-Barth, avant et après la saison cyclonique, les chercheurs ont respecté un protocole strict. Ils ont effectué des relevés sur l’évolution de la largeur et de la profondeur des plages, prélevé des échantillons de sable sur chaque site pour étudier la structure des grains, observer l’énergie déployée par les courants et leurs conséquences. De plus, 32 vols de drones ont permis de compiler 6.408 images. « Elles réduisent les incertitudes », insiste Stéphanie Defossez.

Des structures de plage très différentes
Principale conclusion : une tendance générale à l’érosion des plages. C’est-à-dire que celles-ci perdent en largeur. Mais de manière relativement légère. « Par exemple, Saint-Jean a récupéré des dégâts causés par la saison cyclonique, mais pas autant qu’elle a perdu », explique simplement la géographe. Par ailleurs, Myrouan Diab, scientifique au sein de l’ATE, souligne le fait qu’il existe une variation du profil des plages. Comme celle de Flamands, sur laquelle il a travaillé. « Le bilan sédimentaire est à l’équilibre et on relève un caractère stable en milieu de baie », assure-t-il. Mais il explique que l’érosion est perceptible et davantage marquée en d’autres emplacements.
Une autre observation née des différentes analyses réalisées est que chaque plage dispose d’un fonctionnement qui lui est propre. Par conséquent, inutile d’imaginer pouvoir appliquer une méthode de renforcement unique pour chaque site. Les courants, les vents, les écosystèmes, la texture des grains de sables, tout ou presque est différent. Il sera donc nécessaire, pour lutter efficacement contre l’érosion, de penser des solutions spécifiques pour chaque plage. En intégrant bien entendu le degré de l’urbanisation environnante.
Par ailleurs, il est à noter que l’impact de l’ouragan Irma, pourtant de catégorie 5, a été moindre sur l’évolution des traits de côtes que ne l’a été le passage de Luis (catégorie 4) en 1995. Pour une raison simple : ce dernier s’est attardé bien plus longtemps sur l’île.
Quoi qu’il en soit, si une tendance à l’érosion, « comme partout dans le monde » précise Stéphanie Defossez, est relevée, elle est encore loin de perturber l’équilibre de Saint-Barth.

 

Journal de Saint-Barth N°1503 du 19/01/2023

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