Saint-Barth -

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Une étude pour suivre et comprendre l’évolution des tortues vertes

Tout a commencé en avril 2020. A l’époque, l’Agence territoriale de l’environnement, entame un suivi des tortues vertes par « photo-identification ». Pour ce faire, l’ATE et principalement l’un de ses agents, Karl Questel, concentre son étude sur cinq zones (Grand-Cul-de-Sac, Petit-Cul-de-Sac, Saint-Jean, Colombier et Corossol). « Avec un effort plus soutenu à Grand-Cul-de-Sac et Saint-Jean en raison des opportunités et de leur accès plus aisé et plus sûr », écrit Karl Questel. Une étude qui se poursuit en 2023, après la publication du rapport.

Des comportements variables d'une baie à l'autre

A la fin de l’année 2022, 389 tortues vertes ont ainsi pu être enregistrées dans la base de données de l’ATE. « La banque d’images de référence compte 6.607 photographies », précise l’Agence. Sans oublier plus de seize heures de vidéo, 216 heures de travail sur le terrain auxquelles s’ajoutent 540 heures d’analyse et d’archivage.
« Le comportement des tortues varie d’une baie à l’autre, est-il précisé dans le rapport. Dans les baies les plus fréquentées elles se méfient moins de l’homme, ce qui facilite les prises de vue. Alors que dans les baies moins fréquentées, elles sont insaisissables, les profils de ces tortues sont rarement complets. » Lors des sorties en mer, les prises de vue n’excèdent jamais deux heures. « Afin d’estimer la taille de la carapace et l’âge de la tortue, deux lasers verts sont fixés sur un gabarit en bois avec un espace de 20 centimètres entre chaque point lumineux, explique l’ATE. Une fois sur l’ordinateur, les points sont alignés avec un logiciel pour obtenir la longueur de la carapace. » L’Agence précise que les mesures laser ont été intégrées au suivi à partir du 29 mai 2021, et assure : « De nombreuses tortues attendent encore d’être mesurées. »

Les photographies, d’une grande précision, permettent d’étudier les écailles de la tête des tortues. Leur taille, leur répartition et d’autres éléments sont des sources d’identification pour les scientifiques. Car les tortues observées à Saint-Barth ont évidemment leurs spécificités. Ainsi, 60% des tortues affichent deux larges écailles préfrontales, quand seulement 5% ont une préfrontale scindée en deux parties et 1% arbore une fusion des écailles préfrontales.
Il va sans dire que la carapace fait également l’objet de nombreuses observations. Avec, là encore, des particularités qui facilitent l’identification. Pour exemple, 87% des tortues photographiées portent des scutelles (les plaques qui forment sa carapace) parfaitement reconnaissables. Par leur couleur et leur répartition, principalement.

34% des tortures observées présentent des blessures

L’étude a permis de remarquer que « plus le fond est sablonneux et vaseux, plus les tortues ont tendance à être claires avec des motifs estampés, alors que dans les baies avec des herbiers ou sur le récif, elles sont beaucoup plus sombres, avec des motifs plus contrastés ». Pour exemple, dans la baie de Saint-Jean, l’Agence observe que « plusieurs individus ont perdu au fil du temps tout contraste pour s’adapter au fond vaseux ». Exemple opposé à Grand Cul-de-sac, où un spécimen présente aujourd’hui des motifs qu’il n’avait pas deux ans auparavant.
L’étude porte aussi sur les habitudes alimentaires des tortues. Avec parfois des comportements pour le moins originaux. Comme dans la baie de Saint-Jean. « Quatre tortues ont été observées en train de creuser dans le sol vaseux de la baie, de manière très active et régulière, est-il écrit dans le rapport. Ce comportement est destiné à déterrer les rhizomes et les brins ensevelis d’Halodule et d’Halophila, signe de la pauvreté de la baie. Dans les baies plus herbeuses, ce comportement n’a pas été observé. »

En trois ans, 1.124 rencontres avec des tortues ont été comptabilisées. Dans 55% des cas, les tortues aperçues une première fois n’ont pas été revues par les plongeurs lors de leurs visites suivantes.
Plus inquiétant : « 34% des tortues présentent des blessures et 65% de ces blessures sont d’origine humaine, principalement des marques d’hélice. »
L’étude a également permis de constater des mouvements chez certaines tortues. Ainsi, onze d’entre elles ont quitté la baie de Saint-Jean, essentiellement en raison de sa pauvreté en herbiers, pour s’installer dans d’autres baies. « Principalement à Grand-Cul-de-Sac, constate l’ATE. Ces mouvements concernent des tortues relativement grandes. Deux d’entre elles sont des tortues gravement blessées avec des malformations invalidantes, le lagon est probablement pour elles une meilleure protection contre les requins tigres. »
Le rapport détaille la population dans chaque baie ainsi que ses habitudes. Disponible en ligne sur le site de l’ATE, ce rapport est une mine de renseignements. Notamment sur l’état de dégradation de certaines zones du littoral et des baies de l’île.

 

Journal de Saint-Barth N°1507 du 16/02/2023

Programme du carnaval 2023
Une étude sur les tortues vertes

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