Le bulletin de surveillance hebdomadaire de la Deal de Guadeloupe et de Météo France annonce des échouements réguliers de sargasses sur les côtes de Saint-Barth dans les deux prochaines semaines.
Si la saison touristique entre dans une phase plus creuse, celle des sargasses est définitivement lancée. A Saint-Barthélemy comme dans toute la Caraïbe, des radeaux d’algues voguent sur la mer et commencent à se répandre sur les plages et les rives des territoires de la région. Un phénomène observé de près par Météo France et les services de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) de Guadeloupe. Dans son bulletin hebdomadaire, celle-ci prévoit des échouements réguliers lors des deux prochaines semaines. Un phénomène qui, comme chaque année désormais, va se poursuivre pendant plusieurs mois.
Un flux continu
Malgré une couverture nuageuse intense autour des îles du Nord, l’analyse réalisée à partir des images du 6 au 8 mai derniers montre que les secteurs situés à l’Est, au Sud-Est et au Sud de l’archipel des îles du Nord sont relativement chargés en radeaux de sargasses « plus ou moins épars », commente Météo France, qui précise : «De petits échouements sont en cours de façon aléatoire sur les littoraux exposés au flux venant de l’Est. D’autres échouements plus ou moins importants devraient encore avoir lieu durant les quatre prochains jours. »
Des radeaux en approche
Pendant les deux prochaines semaines, les îles du Nord, la Guadeloupe et la Martinique devraient être « plus ou moins » touchées par l’arrivée de nappes de sargasses. Ce, en raison de la présence constatée de radeaux d’algues à des latitudes inférieures. Par conséquent, les agents qui sillonnent les plages de Saint-Barth aux commandes de leurs engins de ramassages n’ont pas fini de batailler avec les sargasses échouées sur le sable ou qui stagnent en flottaison aux abords des côtes.
Depuis plusieurs années, deux entreprises - Caraïbes recyclages sargasses et ARC sargasses - sont missionnées afin de procéder au nettoyage quotidien des sites les plus fréquentés de l’île. En 2018, l’opération de ramassage des sargasses a couté 1,48 million d’euros à la Collectivité, pour 9.824 tonnes collectées. L’année suivante, 1,34 million pour 7.597 tonnes. Une ligne budgétaire qui a subi un amincissement considérable pendant l’année 2020 puisque qu’elle affiche un montant de 328.151 euros. Pour 2.300 tonnes ramassées. En raison de la pandémie et, par conséquent, à l’absence de touristes, le président Bruno Magras avait pris la décision de considérablement ralentir cette activité des plus coûteuses (JSB 1384). En 2021, la réouverture de l’île avait entraîné une reprise accrue des opérations de ramassage. Et comme les années précédentes, le bilan de fin d’exercice s’est soldé par plusieurs milliers de tonnes de sargasses récupérées sur les plages.
Plan sargasses 2022-2025
Pour l’heure, si plusieurs solutions ont été évoquées pour parvenir à recycler ces milliers de tonnes d’algues à des fins utiles, comme le projet d’usine en Guadeloupe porté par Sargasse Project, les algues noires continuent d’être ramassées, entassées puis incinérées. Dans le courant du mois de mars dernier, le gouvernement a adopté un second plan interministériel d’aides financières aux collectivités locales pour la période allant de 2022 à 2025. Un Plan sargasses destiné à « Pour pérenniser l’appui de l’État aux collectivités locales pour faire face au phénomène des sargasses » qui est doté d’une enveloppe de près de 36 millions d’euros.
3 millions pour la recherche
Le plan prévoit 26 mesures pour « mieux connaître, prévenir et lutter contre ce phénomène naturel ». Il constitue un « socle de priorités, de financements et de principes de gestion des sargasses », qui fera l’objet d’une déclinaison territoriale et opérationnelle avec les collectivités, après avoir mené localement des concertations dans les territoires les plus concernés (Martinique, Guadeloupe et îles du Nord). Il permettra de mobiliser trois millions d’euros, incluant des financements internationaux, pour la recherche consacrée à la compréhension et la prédiction de la prolifération des algues sargasses. De plus, trois millions d’euros seront dédiés à des actions de recherche appliquée, notamment en matière de valorisation des algues collectées.
En octobre 2018, un premier plan du même type avait été lancé par l’État. Un an plus tard, en 2019, une conférence internationale a été organisée sous l’égide du premier ministre afin de mobiliser la recherche des différents territoires concernés.