La question des sargasses a été soulevée hier à l’Assemblée nationale, et les ministres se réunissent ce jeudi matin pour l’évoquer. Nicolas Hulot (Transition écologique) est annoncé aux Antilles.
« Mes interrogations sont celles de nos populations qui
crient leur désarroi », a lancé Justine Bénin, députée guadeloupéenne
apparentée MoDem, au ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot. Ce
mercredi à l’Assemblée nationale, lors de la
séance de questions au gouvernement, l’élue a posé plusieurs
questions : quel est le calendrier de mise en œuvre du « plan
sargasses » du gouvernement ? Où en est l’avancement
de la recherche scientifique sur les impacts sanitaires et
environnementaux ? « Le gouvernement est-il prêt à franchir un cap
historique en reconnaissant l’état de catastrophe
naturelle ? », a-t-elle conclu.
A cette dernière requête, demandée par la plupart des élus guadeloupéens et martiniquais, le ministre n’a pas répondu. « Cette invasion des sargasses est une calamité supplémentaire dont les Antilles se seraient bien passées, et dont nous n’avons probablement pas, ici en métropole, pris toute la mesure », a commencé Nicolas Hulot, applaudi à cette déclaration. « C’est la raison pour laquelle avec Madame Girardin je me rendrais aux Antilles dans les plus brefs délais. »
Nicolas Hulot a également rappelé que du matériel et une mission d’assistance avaient été envoyés aux Antilles (Martinique, Guadeloupe et Guyane principalement ; mais Saint-Barthélemy a reçu quelques matériels, notamment des masques pour ceux qui travaillent au ramassage des sargasses). « Nous devons à la fois gérer les urgences sanitaires et économiques, mais aussi préparer l’avenir car c’est un phénomène qui a tendance à se renouveler », a poursuivi le ministre. « On n’a pas encore toutes les explications sur l’origine de ce phénomène, il est probable que le changement climatique soit un facteur aggravant. »
Trois ministres réunis aujourd’hui
Il a annoncé qu’un nouveau plan national de lutte contre les sargasses sera finalisé d’ici mi-juin. Le comité stratégique contre les sargasses, composé de Nicolas Hulot, d’Annick Girardin (Outre-mer) et d’Agnès Buzyn (Santé), doit se réunir ce jeudi matin. La nomination d’un « préfet sargasses » est attendue. L’Ademe (*) lancera un appel à projet doté d’au moins un million d’euros sur le sujet.
« Notre priorité c’est que chaque territoire soit doté d’un plan très opérationnel », a expliqué Nicolas Hulot, avec des moyens mutualisés (3 millions d’euros pour la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane) et une technique de ramassage adaptée pour préserver l’activité économique et éviter les risques d’émanations de gaz.
Pour le moment, la Collectivité de Saint-Barthélemy se félicite de la sienne. Le ramassage quotidien des algues permet de limiter leur amoncellement sur les plages, même si des secteurs comme l’Anse des Cayes ou Marigot sont très touchés et, selon le sens du vent, envahis d’une odeur putride. Le problème du stockage se posera bientôt. A Saint-Jean, les deux tas de sargasses grandissent et commencent à dégager un fumet irrespirable, et à dégouliner sur le parking du supermarché. Si Saint-Martin accepte de récupérer une partie de nos algues brunes, le volume sera forcément limité. Ne pensons même pas à la Guadeloupe, déjà débordée par les sargasses sur son territoire. Et une fois le destinataire trouvé, il faudra acheminer le tout, ce qui est une autre paire de manche : des difficultés se posent déjà depuis quelques semaines pour faire venir les barges d’évacuation des déchets restants d’Irma…
(*) Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie
Risque d’échouage majeur jusqu’à dimanche
De nouveaux échouages massifs d’algues brunes sont prévus sur les cotes de Saint-Barthélemy dans la nuit de ce jeudi à vendredi, selon la DEAL Guadeloupe. Toute la bordure sud de l’île est concernée (la cote entre Shell Beach et Gouverneur, Saline, Grand Fond et Toiny principalement). Chaque semaine, la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement donne un bulletin de prévision, selon les données satellites et les courants prévus. Le risque est à un niveau majeur jusqu’au dimanche 27 mai, pour les côtes Sud, Sud-Est et Est de notre île.
JSB 1280