En mars 2022, un Plan interministériel de lutte contre les sargasses a été annoncé par le gouvernement. L’objectif étant de pérenniser l’appui de l’État aux collectivités locales pour faire face au phénomène des sargasses, quatre ans après l’instauration d’un premier dispositif de « gestion de crise » par le ministère de l’environnement, qui avait alors bénéficié d’un appui financier de 13 millions d’euros sur deux ans. Le Plan sargasses 2022-2025 se veut plus ambitieux puisqu’il est doté d’une enveloppe de 36 millions d’euros et se décline en 26 mesures destinées à «mieux connaître, prévenir et lutter contre ce phénomène naturel ». Pour ce faire, des comités territoriaux ont notamment été installés en Guadeloupe et à Saint-Martin, en septembre dernier. Il ne restait donc plus qu’à réunir les acteurs locaux à Saint-Barthélemy pour que l’île s’engage à son tour dans le dispositif. C’est le mardi 11 janvier que la première réunion a été organisée, en l’hôtel de la Collectivité territoriale. Elle a rassemblé les services de l’Etat (la direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement -Deal-, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie -Ademe- et la préfecture) ainsi que des élus de la Collectivité.
Pendant les deux jours qui ont précédé la réunion, les représentants de la Deal et de l’Ademe, accompagnés des agents de l’Agence territoriale de l’environnement, ont sillonné l’île afin de visiter les sites concernés par les échouements de sargasses. L’objectif étant de mieux appréhender les mouvements des algues pour en prévenir l’arriver. Toutefois, il va sans dire qu’une analyse plus fine va être entreprise dans les prochains mois. Aussi, le comité a pris la décision de mener une étude technique sur les courants et les déplacements des sargasses. « Une étude qui va être pilotée par la Collectivité avec le concours de la Deal, précise le secrétaire général de la préfecture, Fabien Sese. Elle sera financée à 70% par l’État avec un plafond à hauteur de 70.000 euros. »
Un budget ramassage de 1,6 million en 2022
Fabian Mioni, cadre de la Deal, relève que la « complexité » des contours de l’île de Saint-Barth implique de trouver plusieurs réponses au problème de l’échouement des sargasses. Courants, traits de côtes, « on cumule les handicaps », souligne Xavier Lédée, président de la Collectivité, qui ajoute néanmoins : « Il y a un manque de données, donc bénéficier de la présence de professionnels sur site est très important. Et puis c’est la première fois que des fonds sont dégagés pour la lutte contre les sargasses. » Les membres du comité insistent également sur l’intérêt d’une mobilisation inter-îles qui permet de s’imprégner de l’expérience des uns et des autres. Notamment pour ne pas reproduire des erreurs passées.
« La question des sargasses est un enjeu de santé publique, rappelle Fabien Sese. L’avantage à Saint-Barthélemy est qu’il existe déjà une qualité dans le ramassage, qui fonctionne bien et avec de nombreux moyens. » De fait, en 2022, les entreprises mandatées par la Collectivité ont collecté environ 11.900 tonnes d’algues échouées pour un investissement de 1,6 million d’euro.
L’une des premières mesures qui va être prise par le comité est d’installer des capteurs sur différents sites clefs de l’île. En l’occurrence, à Marigot et à l’Anse des Cayes. Ces capteurs doivent permettre de relever en continu et de calculer la teneur en hydrogène sulfuré et en ammoniaque des émanations dégagées par les sargasses. Les données recueillies seront transmises à l’Observatoire de la qualité de l’air (Gwad’Air) pour analyse. Ce dispositif sera implanté aux frais de la Collectivité mais, précise le secrétaire général de la préfecture, « avec une aide de l’Etat ».
Toutes les études réalisées ont pour but de déterminer quelles sont les meilleures solutions pour que Saint-Barth se préserve de l’invasion des sargasses. La possibilité d’installer des barrages flottants est évoquée. Néanmoins, en raison de la configuration de l’île et des contraintes qu’elles imposent, cette solution ne pourra être qu’un moyen parmi d’autres. Mais après cette première réunion du comité, l’heure n’est pas encore à l’action mais à la réflexion.