A l’aube de cette nouvelle saison touristique, l’Agence territoriale de l’environnement rappelle les dangers de certains comportements pour les espèces qui vivent et survivent à Saint-Barthélemy. Un message qui s’adresse autant aux visiteurs qu’aux travailleurs et aux résidents.
Si l’afflux massif de touristes n’a pas encore commencé à Saint-Barth, la saison a bel et bien débuté avec l’arrivée des nombreux travailleurs qui vont exercer dans tous les établissements de l’île. Comme chaque année, l’attrait de la nouveauté, donc de la découverte, attise les curiosités et entraîne des comportements qui ne sont pas sans conséquences sur la faune et la flore locales. De ce fait, l’Agence territoriale de l’environnement (ATE) prend soin de rappeler les dangers que représentent certaines pratiques pour les espèces qui vivent et survivent à Saint-Barth.
Des selfies destructeurs
« Les plages de Saint-Barth sont particulièrement appréciées pour leurs eaux turquoise et leurs sables blancs, souligne Karl Questel. Il suffit de taper les hashtags «#stbarths » ou «#saintbarth » sur Instagram pour voir les nombreuses publications des visiteurs et des résidents, qui réservent parfois de mauvaises surprises. Deux espèces ressortent fréquemment, les tortues de mer et les étoiles de mer. Derrière ces selfies, source de likes pour leurs auteurs, se cache une autre réalité pour les animaux photographiés : panique, fuite, asphyxie, dérangements incessants lors des phases d'alimentation. » Une réalité qui échappe bien évidemment aux auteurs de ces clichés “nature” puisqu’il ne s’agit que d’ajouter sa propre touche d’évasion aux millions de photos similaires qui circulent déjà sur la toile.
Dans la longue série des “classiques” tellement immortalisés qu’ils en deviennent banals, la pause sexy avec une étoile de mer. « Sortir une étoile de mer de l'eau signifie qu'elle ne pourra plus respirer tant qu'elle sera hors de l'eau, explique Karl Questel. Elle risque donc l'asphyxie, ce qui est facilement compréhensible. Alors pourquoi le faire ? » Un soupçon de bêtise mâtinée à de l’ignorance pourrait être une réponse à cette question. Mais les étoiles de mer ne sont pas les seules à souffrir de la course en ligne à “LA” photo la plus « likée ».
En effet, les tortues font également partie des “must to see”, comme le signale avec regret Karl Questel. « Dans certaines baies, elles s'accommodent de la présence des nageurs, elles peuvent même les ignorer totalement, explique le scientifique. Pour profiter longtemps de ce spectacle, c'est simple, il suffit de ne rien faire et de se laisser dériver à côté d'elle. La toucher, ou pire s'accrocher à sa carapace est le meilleur moyen de la faire fuir et de la rendre méfiante. D’ailleurs, c'est aussi totalement interdit puisque ce sont des espèces protégées. Les tortues se nourrissent presque toute la journée, les déranger c'est risquer de leur faire quitter un endroit sûr pour elles et de leur faire choisir des endroits risqués, dans des secteurs avec de forts passages de bateaux ou exposés aux requins. » Pour couronner le tout, si le photographe intrusif a le sentiment de bénéficier d’une inspiration originale, il n’est sans doute pas inutile de lui préciser que le selfie avec une tortue est sans doute l’un des clichés les plus répandus. Donc peu original en plus d’être un facteur parasitaire pour les tortues. «Les tortues, même les plus patientes, ont leurs limites », insiste Karl Questel.
@ATE Watchout
Soirées « son et lumière » néfastes
Toutefois, malheureusement pour les tortues, les perturbations et les menaces ne viennent pas seulement des selfies. En effet, de nombreuses activités leur sont particulièrement néfastes. Les soirées « son et lumière » sur les plages la nuit en sont une autre. « Si en journée les plages sont surtout peuplées de baigneurs, la nuit de nombreux animaux les utilisent pour se nourrir à l'abri des regards, assure Karl Questel. Hérons, crabes et surtout tortues marines femelles profitent de l'obscurité et du calme pour venir pondre leurs œufs. Très sensible aux perturbations, une tortue femelle retourne immédiatement à l'eau si elle se rend compte que la plage n'est plus un endroit sûr. Après plusieurs tentatives infructueuses, elle finit par pondre directement dans la mer, détruisant une centaine d'œufs d'un coup. »
Par ailleurs, les feux sur les plages, bien qu'interdits, sont toujours pratiqués et « le risque de cuire des œufs déjà pondus et cachés dans le sable n'est pas une simple supposition car c'est déjà arrivé », ajoute l’agent de l’ATE.
Enfin, sans entrer dans un détail qui pourrait devenir fastidieux, l’ATE mentionne les diverses activités nautiques au cours desquelles les « marins » ne respectent pas la vitesse de 5 nœuds à moins de 200 mètres du rivage ou « l’utilisation d'engins à foils de plus en plus à la mode, véritable petite guillotine véloce ». Et de poser la question suivante : « un amusement, lorsqu'il est nuisible aux espèces en voie de disparition, est-il vraiment amusant ? » Les intéressés pourront sans doute y apporter une réponse entre deux enivrantes séances de glisse.
@ATE Watchout
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