Les chats qui prolifèrent à Saint-Barthélemy, prédateurs d’espèces en danger, sont une véritable menace pour l’environnement, notamment pour la faune endémique de Saint-Barthélemy.
De mignons petits félins, mais aussi de redoutables prédateurs pour des espèces natives de Saint-Barthélemy, dont certaines sont menacées d’extinction. Ne vous y trompez pas : même votre chat domestique, nourri avec amour, s’adonne à la chasse.
« Domestique ou pas, ça reste un prédateur, qui parcourt 4 à 9 kilomètres par jour autour de son domicile », tranche Olivier Raynaud, directeur de l’Agence territoriale de l’environnement. « Notre but, ce n’est pas que les gens n’aient pas de chat», précise-t-il. «Mais il faut contrôler la population de chats errants. » L’impact des félins sur les anolis, iguanes, couleuvres et oiseaux est difficile à quantifier précisément. Mais les professionnels n’ont aucun doute sur le fait qu’il est extrêmement élevé.
« Ici, la faune n’a jamais connu ça »
Une étude qui vient d’être réalisée en Polynésie donne une idée de ce qu’il se passe à Saint-Barthélemy : « Le chat haret (nom donné au chat domestique lorsqu’il retourne à l’état sauvage) est impliqué dans 26 % des extinctions. La première cause de disparition d’une espèce, c’est la présence d’espèces exotiques envahissantes. Le chat en est une. »
En 2016, le docteur australien Tim Doherty, spécialiste de ces questions, indiquait que l’introduction du chat était responsable de la disparition de 33 espèces dans les Caraïbes. L’impact des félins est particulièrement important sur les territoires insulaires. «En Europe par exemple, la faune sont habituées à la présence du chat depuis des lustres », explique Karl Questel, agent de l’ATE. « Ici, la faune n’a jamais connu ça. Les seuls mammifères de Saint-Barth sont les chauve-souris et les baleines... Il y a une forme de naïveté chez nos espèces endémiques. »
A l’échelle mondiale, les matous menacent 430 espèces en danger. « Et c’est un chiffre largement sous évalué, car l’étude ne tient pas compte des espèces peu répandues comme notre couleuvre endémique de Saint-Barth », souligne Karl Questel. Déjà rare, ce reptile a peu de chance de survie face à la reproduction galopante des chats errants.
Mathématiquement, « un seul couple de chat peut avoir une descendance de 20.000 chats en quatre ans », rappelle Olivier Raynaud. « Que ce soit 20.000, 10.000 ou même 1.000, c’est déjà un énorme problème. »
Bientôt une fourrière ?
Que faire ? L’ATE finance, depuis 2012, la stérilisation des chats de rue. En 2017, entre l’achat de cages et les frais vétérinaires, le budget « chats » a atteint près de 15.000 euros. Cela représente la stérilisation de 239 matous, et 75 euthanasies d’animaux qui étaient trop malades ou blessés. La lutte contre la prolifération des félins est l’une des priorités de l’ATE pour 2018. Qui est en train d’acquérir de nouvelles cages en Guadeloupe, et milite pour la création d’une fourrière. Un chiffrage précis sera fourni à la Collectivité, qui décidera si elle compte investir ou non dans un tel équipement.
Pour rappel, en France, les chats errants ou abandonnés sont conduits à la fourrière. Si personne n’a réclamé l’animal dans les huit jours ouvrés, il peut être proposé à l’adoption ou euthanasié selon l’avis du vétérinaire, prévoit le code rural. Sachez également que le fait de nourrir des animaux errants, chat ou autre, est interdit par la loi. Toutefois, les verbalisations sont rarissimes.
JSB 1264