Dans sa dernière newsletter, l’Agence territoriale de l’environnement livre le bilan de la campagne de capture de chèvres divagantes menée l’an dernier, et annonce une nouvelle opération similaire. En proliférant, les cabris trop nombreux sont un désastre pour la flore locale.
Le sujet avait fait grand bruit l’an dernier : l’Agence territoriale de l’environnement avait lancé une campagne de capture des cabris qui évoluent en liberté sur l’île, afin de préserver toutes les espèces qu’ils menacent. « Les avis sont partagés et leur impact pas toujours perçu de tous, mais les chèvres divagantes représentent aujourd’hui la principale menace pour la flore et une partie de la faune locale », rappelle l’ATE dans sa dernière newsletter, publiée vendredi 1er mai. Parmi de nombreux autres sujets, elle y détaille le bilan de cette opération et annonce le lancement imminent d’une nouvelle campagne de capture.
Elles « n’ont pas été tuées sur place ou dans des conditions délirantes »
« Grâce à l’association INE, à l’implication de ses bénévoles mais aussi de différents particuliers près de 800 chèvres ont pu être retirées des mornes. Ces chèvres, contrairement à ce qui a pu être dit, n’ont pas été tuées sur place ou abattues dans des conditions délirantes, mais ont été confiées à des particuliers faisant l’élevage pour la viande ou non, disposant de parcs et faisant l’effort quotidien d’apporter de la nourriture à leurs bêtes », insiste l’ATE. « Car une bonne partie du problème vient de là, dans le passé, tous les propriétaires de chèvres apportaient eau et nourriture à leurs animaux mais aujourd’hui, certains se contentent de les lâcher, souvent sur des terrains qui ne leur appartiennent pas, et de s’en réclamer propriétaires en temps voulu. » Selon la Wildlife Conservation Society, les chèvres sauvages seraient 3.000 à 5.000 sur notre île. Chacune absorbe 10 à 15 kilos de végétaux par jour. « Dans les zones où les chèvres sont présentes, même lorsqu’il y a encore une couverture végétale, il ne s’agit souvent que de la canopée des arbres les plus grands ou des quelques espèces auxquelles les chèvres ne s’attaquent pas. Sous ce dernier rideau de végétation, il n’y a plus de sous-bois, plus de jeunes pousses ou de plantules, plus rien pour remplacer à leur mort les derniers arbres encore en place. Malheureusement ce sont parfois les espèces les plus rares qui en pâtissent les premières. Orchidées n’existant plus que sur quelques îles, cactus endémiques des Petites Antilles… certaines zones connues pour abriter ces espèces pourtant protégées sont aujourd’hui désertes. »
Cette problématique ne date pas d’hier et n’est pas propre à Saint-Barthélemy. Ainsi, l’ATE souligne que l’île voisine de Saba a aussi entériné un plan de réduction de la population des chèvres en liberté, l’an dernier, en incitant les propriétaires à clôturer leurs parcelles, et en encourageant la chasse, le cabri étant un mets traditionnel apprécié, comme ici. Les chèvres « se reproduisent jusqu’à trois fois par an pour aujourd’hui former de véritables troupeaux dépassant parfois les 80 têtes », reprend l’ATE. « Si ce chiffre de 800 chèvres peut sembler important, il ne s’agit là que de quelques zones où les propriétaires ont bien voulu accepter que les bénévoles réalisent les captures. Ailleurs, la population des chèvres continue d’augmenter. En sept mois ces 800 chèvres auront été remplacées. C’est pour cela que cette mission se poursuivra dans les prochains mois dès que de nouvelles zones prioritaires d’action ont été définies. »
Beaucoup argumentaient, l’an dernier, contre la campagne de régulation des chèvres, assurant que l’urbanisation forte de l’île créait plus de dégâts que les caprins sur la biodiversité. Pas faux, mais là, ce n’est pas au niveau de l’ATE que cela se décide. Cette dernière compte dans ses missions la préservation des espèces indigènes de l’île, notamment végétales, et certains sont en train de disparaître. « L’urbanisation transforme progressivement des zones naturelles en zones résidentielles et certaines des espèces qu’on y plante en profitent pour “s’échapper” de nos jardins et entrer en compétition avec les espèces locales. Ces espèces dites envahissantes sont, elles aussi, une menace importante pour l’équilibre des écosystèmes, tout comme l’urbanisme et d’autres activités humaines », admet l’Agence territoriale de l’environnement. « Mais seules les chèvres impactent des surfaces et une diversité d’espèces aussi importante. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature les classe parmi les 100 espèces les plus invasives, premières menaces pour la biodiversité dans les îles. »
> Lire la Newsletter n°9 de l’Agence territoriale de l’environnement