Saint-Barth -

Sébastien Gréaux, directeur de l’Agence territoriale de l’environnement depuis 2019.

L’ATE célèbre ses dix années d’existence

La création officielle de l’Agence territoriale de l’environnement (ATE) date du mois de mai 2013. A l’époque, il s’agissait de répondre à la nécessité de mise en place d’une structure locale qui soit en mesure d’assurer la gestion de la Réserve naturelle de Saint-Barthélemy. Depuis, les missions de l’ATE ont considérablement évolué. Pour évoquer ce développement, Sébastien Gréaux est certainement l’une des personnes les mieux placées. Pour la simple et bonne raison qu’il a intégré l’agence dès le mois de décembre 2013, qu’il en a pris la direction en 2019 et qu’il a donc pu suivre toutes les étapes qui ont marqué la courte histoire de l’établissement public.

« On commence à être plus efficace »
La première étape importante pour l’ATE et ses agents a été de s’intégrer dans le paysage de l’île. Notamment aux yeux des habitants. « Ces dix années sont passées très vite et il a beaucoup fallu expliquer à la population quelles étaient nos missions, raconte Sébastien Gréaux. Car, jusqu’à aujourd’hui, les gens nous assimilent à la Réserve. Notamment parce que l’association qui gérait la Réserve a été reprise au sein de l’ATE, puis étoffée. Mais les gens n’ont pas forcément vu la part de travail supplémentaire qui nous a été confiée. C’est un établissement qui est jeune et il a fallu trouver le statut le plus adapté, mettre en place cette machine administrative pour qu’elle puisse s’auto-gérer, définir un budget, des missions, recruter en conséquence. »
Lorsque l’agence voit le jour, six agents y travaillent. Aujourd’hui, ils sont huit. «Nous sommes huit et on s’occupe de la Réserve naturelle, de la question de la ressource halieutique, des autorisations de défrichement, la question des espèces exotiques envahissantes, etc, détaille le directeur. De mon point de vue, la réserve en a un peu pâti. Parce qu’on a été pendant un moment moins présent sur l’eau pour la surveillance. Mais petit à petit, en essayant de confier à chacun des missions plus spécifiques, on commence à être plus efficace sur le terrain. » Avec pour objectif de conserver une stabilité dans les effectifs, tout en les renforçant par le biais de formations et d’assermentation.

« Des choses que les gens ne voient pas »
Par ailleurs, toujours dans un souci d’éclaircissement et pour répondre à ceux qui estiment que la présence de l’ATE n’est pas nécessaire, Sébastien Gréaux souligne le fait que des interventions ne font pas toujours l’objet d’une communication. « Quand on attrape un braconnier qui pêche depuis dix ans où il ne faut pas, on ne le cri pas sur tous les toits, parce qu’il y a des procédures juridiques, explique-t-il. Par conséquent, c’est une part du travail que les gens ne voient pas. On a des gens qui chassent dans la réserve en scaphandre. Ça, une fois encore, les gens ne le voient pas. Je ne pense pas que l’on puisse se passer d’un établissement dont l’objectif est de maintenir notre biodiversité. Parce que l’on met fin à un certain nombre d’infractions assez phénoménal tous les ans, dans la Réserve et ailleurs. » Et s’il concède que l’ATE manque encore d’efficacité dans certains domaines, il tempère : «L’ATE seule n’est pas suffisante. Il faut que chacun s’approprie cette mission et agisse de son côté. »
L’une des missions qui prend davantage d’ampleur chaque année est la chasse aux espèces exotiques envahissantes. Les agents de l’ATE ont réalisé un inventaire il y a quelques années qui s’avère édifiant. «Sur dix conteneurs de plantes qui arrivent, plus de 80 espèces ont été détectées, assure le directeur. Toutes ne vont pas détruire notre faune et notre flore, mais certaines en ont le potentiel. Donc, il a fallu définir des règles et aujourd’hui, à chaque arrivée de conteneur de plantes, on vérifie que celles qui sont interdites soient saisies. » Mais pour Sébastien Gréaux, les bénéfices liés aux actions de l’ATE ne se mesurent pas à la simple analyses des chiffres et graphiques du port et de l’aéroport. « On ne peut pas dire, par exemple, combien d’iguanes invasifs ont été introduits sur le territoire, constate-t-il. Nous, ce que l’on peut mettre en avant, c’est l’évolution de la biodiversité, les tendances, les signes positifs. Il faut mettre des suivis scientifiques pour prouver tout ça. Il ne suffit pas de compter les poissons. Il faut identifier les causes et travailler dessus. »

« Classer les zones terrestres en zones naturelles »
Sur un territoire aussi petit que Saint-Barthélemy, il va sans dire que les enjeux sont nombreux. De l’importance de pouvoir s’appuyer sur « des gens investis et compétents », insiste Sébastien Gréaux, qui n’oublie pas les associations environnementales qui contribuent à entretenir la biodiversité. Savoir anticiper est également utile. « Quand on a placé le mérou géant sur la liste des espèces protégées, il n’y en avait plus à Saint-Barth, explique-t-il. Aujourd’hui, on a enregistré une quinzaine d’observations. Cela avait donc un intérêt. »
Une des prochaines étapes de l’agence, très présente sur le domaine marin, sera d’accroître son influence sur terre. « Il faudra classer les zones terrestres en zones naturelles, estime Sébastien Gréaux. Car si à chaque fois qu’il y a un besoin d’intervenir on doit avoir l’autorisation du propriétaire, on n’avancera pas. » Notamment pour lutter contre la prolifération des chèvres sauvages, dont la population s’élèverait à environ 5.000 têtes et dont les effets sont ravageurs sur l’île. Tout comme les chats abandonnés. «Il y a eu 723 stérilisations en 2022 mais, même stérilisé, un chat tue en moyenne 17 proies chaque jour, déplore le directeur. Forcément, on a des espèces indigènes qui sont menacées. »
En 2023, l’ATE attend que la Collectivité territoriale procède à une évolution du règlement de la Réserve naturelle sur la question du mouillage des méga-yachts. « Si on veut être crédible quand on adresse des reproches à un petit bateau, on ne peut pas avoir au mouillage des navires de plus de 25 mètres qui consomment du carburant, produisent beaucoup de lumière, etc. Ils représentent 80% des infractions relevées. Il faut être cohérent et cette évolution est un gros morceau. » Un de plus pour l’ATE.

 

L’ATE, comment ça marche ?
L’agence est administrée par un conseil d’administration de douze membres comprenant : six représentants du conseil territorial, deux représentants d’associations de protection de l’environnement, un représentant du personnel, trois personnalités qualifiées nommées par délibération du conseil territorial. La présidente de l’ATE est Marie-Angèle Aubin.


Concours photo : cinq lauréats
Pour le grand concours de photographies organisé à l’occasion des dix ans de l’ATE, cinq lauréats ont été désignés. Il s’agit de Justine Ensminger (flore), Manuella Marvulli (paysage), Julie Fumat (faune), Laurent Rivière (macro) et Yannis Brin (jeune, photo). La présidente de l'ATE, Marie-Angèle Aubin, remettra leur prix aux lauréats ce vendredi soir à 19 heures lors de la cérémonie d'anniversaire de l'agence, dans ses locaux des Jardins du Fort Gustaf, à Gustavia.

Conférence sur les requins et ateliers découverte
Aujourd'hui, vendredi, une mini conférence sur les requins sera donnée à 18 heures à l'ATE et sera suivie d'un quizz. Demain, samedi, de 8 à 11 heures, des ateliers découverte autour de thèmes variés tels que les plantes indigènes ou médicinales, la géologie de l'île ou encore l'utilisation des plantes dans l'artisanat local seront organisés au Fort Gustaf par l'ATE, l'association INE (Island nature experience), et le Domaine Félicité.

Journal de Saint-Barth N°1521 du 25/05/2023

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Anniversaire de l'ATE