Selon une étude d’universitaires américains, la pollution engendrée par la déforestation le long de l’Amazonie favorise la prolifération des sargasses. Un constat qui n’est pas rassurant pour l’avenir. En six mois, à Saint-Barth, la Collectivité a déjà ramassé 5.500 tonnes d’algues.
Selon des chercheurs américains, la prolifération des sargasses dans les Caraïbes serait liée à la déforestation massive du bassin amazonien. La disparition des forêts au profit de champs agricoles augmente les apports de nitrates dans le fleuve Amazone. Selon l’étude publiée dans le magazine Science et reprise en France par Sciences et Avenir, le lien entre les rejets de nitrates et les algues est flagrant.
Les universitaires restent prudents car ils étudient le phénomène depuis seulement 10 ans, notamment grâce aux analyses fournies par le satellite de la Nasa Modis et aux prélèvements des eaux de l’Amazone. Ils ont identifié une nappe record en juin 2018, appelée “grande ceinture atlantique des sargasses”, qui pourrait bien devenir la norme dans les années à venir : 8.850 kilomètres de long pour 20 millions de tonnes d’algues, un chiffre au rabais puisque seules les algues en surface sont décomptées. Et les images comparées prises chaque mois de juillet entre 2011 et 2018 montrent la forte croissance du phénomène.
Par ailleurs, les chercheurs du Georgia Institute of Technology (Atlanta) pensent avoir déterminé le cycle des algues : en janvier, elles rejettent des graines, qui jusqu’au mois d’avril se développent et germent, avant de se déplacer via les courants marins jusqu’aux Caraïbes et l’Afrique de l’Ouest. Elles déclinent jusqu’à l’hiver avant de recommencer le processus.
L’étude recommande, pour limiter la prolifération des sargasses qui représente, faut-il le rappeler, un grave danger pour la faune, la flore et l’homme, sans parler du risque économique, de stopper la déforestation du bassin amazonien et réduire le déversement des engrais des cultures brésiliennes jusqu’au fleuve. Avec 1,185 milliards d’arbres abattus en 2018 et Jair Bolsonaro à la tête du Brésil, qui veut mettre fin aux aires protégées et aux terres réservées aux Indiens au profit des multinationales agroalimentaires, les perspectives pour nos plages ne sont pas réjouissantes.
Du côté de la Collectivité, les compteurs ont été remis à zéro après l’année 2018 qui fut très chargée en échouages et donc très coûteuse pour les finances publiques. Au 1er juillet, 5.500 tonnes de sargasses avaient déjà été ramassées sur les plages de l’île. Ce qui représente en six mois 890.000 euros. Saint-Barthélemy est la seule île française à assurer le ramassage quotidien des algues sur la plupart de ses plages, système efficace sur une petite île mais très coûteux. D’autant plus coûteux que les algues, actuellement stockées et en cours de séchage à Saint-Jean, sur le vaste terrain derrière la centre commercial, devront un jour ou l’autre être évacuées par barge. Avec de nouvelles lourdes factures à la clé.