Soutenu par l’association Green St Barth, qui a obtenu 75.000 euros de la part d’une fondation allemande, Didier Laplace s’attaque à la restauration des dunes de Saline, Toiny et Petit-Cul-de-Sac.
L’ouragan n’a pas épargné les plages de Saint-Barthélemy, qui mettront d’autant plus de temps à s’en remettre si personne ne s’en préoccupe. « A Saline, il suffirait d’une onde tropicale ; si l’étang déborde et atteint la dune, il n’y aura plus rien », prévient Didier Laplace. Face à l’îlet Coco, la haute dune a particulièrement souffert de la houle d’Irma. Il suffit de voir cette image avant/après publiée par l’Agence territoriale de l’environnement dans son bulletin du mois de décembre. Une inondation de l’étang ou une nouvelle forte houle pourrait avoir des effets catastrophiques.
Catastrophique pour la nature de l’île, mais aussi pour ses habitants : le monticule de sable et sa végétation ont été un rempart pour les résidents du quartier Saline, qui ont été épargnés par la montée de la mer.
Fort de ce constat, Bruno de Courrèges, co-fondateur de l’association Green Saint-Barth qui vise à restaurer et reverdir l’île, s’est associé à Didier Laplace pour essayer de rétablir cette dune de Saline. Et pas seulement : celles de Petit-Cul-de-Sac et de Toiny bénéficieront aussi de leurs efforts.
Ainsi, une fondation allemande, Hasso Plattner, a été convaincue par leur dossier et a décidé de les soutenir à hauteur de 75.000 euros. Le projet se dessine sur le long terme.
Ne marchez pas sur la dune !
Pour le moment, Didier Laplace a récupéré des graines de pois et patate bord de mer, entre autres, les a fait germer puis les a planté le long de la dune de Saline. Environ un millier de plants au total. Ces plantes locales sont déterminantes : leurs racines forment des couches qui fixent le sable là ou il est, leurs feuilles retiennent les grains qui se déposent sur la dune. « D’autres espèces seront plantées, mais il faut d’abord que celles-ci jouent leur rôle », précise Didier Laplace. Pour que cela fonctionne, il aura besoin d’un coup de pouce de la météo, mais aussi de la civilité des usagers de la plage. En dehors du sentier prévu à cet effet entre le parking et la plage, ne marchez pas sur la dune ! L’impact des promeneurs hors-piste et, pire, de ceux qui se servent du monticule de sable comme toboggan, par exemple, aggrave la situation. « Ça peut prendre 15 années pour que la dune se restaure naturellement ; et même avec notre action, cela va mettre beaucoup de temps. » C’est pourquoi à Saline, des petites pancartes informatives ont été plantées en direction des baigneurs et touristes.
Pour accélérer le processus, la somme de Hasso Plattner servira notamment à ramener du sable le long de la dune, partie gauche de la plage, pour la consolider. Dans les actions qu’elle soutient, la fondation tient à mettre l’accent sur la dimension pédagogique. Ainsi, en plus des interventions dans les écoles qu’il mène déjà pour parler du corail, Didier Laplace emmènera des enfants de l’île planter eux-mêmes les graines, et constater leur évolution.
Si Saline est particulièrement mise en
avant, c’est parce « qu’il y a urgence », indique Bruno de Courrèges.
« Si la dune n’est plus là, ce sera un danger réel pour l’île, et pour ses
habitants. Si on ne s’en occupe pas, elle peut disparaître », alerte le
président de l’association Green St Barth. Pour autant, deux autres plages
bénéficieront de l’action des deux hommes et de l’argent de la fondation :
Toiny et Petit-Cul-de-Sac. Là aussi, cela commence par la replantation de pois
et patates bord-de-mer. Mais le travail est plus complexe car ces plages
relèvent du domaine privé. Il faut donc rencontrer et convaincre chaque
propriétaire du bien fondé de la démarche.
Une nurserie à Saline
« Je ne sais pas si notre action va suffire. Mais entre faire quelque chose et ne rien faire, je préfère toujours faire quelque chose », conclut Bruno de Courrèges. « Et mon but, c’est que l’on fasse un travail si rigoureux et sérieux que l’an prochain, nous pourrons demander davantage pour poursuivre l’action. »
Car au-delà de la replantation de jeunes pousses, Bruno de Courrèges veut soutenir un projet plus ambitieux : la création d’une nurserie de plantes qui ne s’occuperait que de végétaux endémiques de Saint-Barthélemy. Didier Laplace a dégotté un terrain à Saline, et formera un jardinier à ses techniques spécifiques pour les espèces qui poussent dans les dunes. « Cela doit servir aux plages, mais c’est surtout quelque chose que l’on n’a jamais vu à Saint-Barth », s’enthousiasme Bruno de Courrèges. Mais si la somme de la fondation allemande permettra au projet de démarrer, il faudra davantage pour pérenniser l’installation. Cela n’inquiète pas spécialement le président de Green St Barth, qui a déjà d’autres pistes de financement.
JSB 1265