A la demande de Bruno Magras, le site de propreté a fermé son broyeur à encombrants, sans solution face au volume gigantesque d’apports de ce type de déchets, qui faute de mieux sont stockés à l’air libre à Saint-Jean. La situation devient problématique avec l’ouverture du nouveau supermarché U le 3 mars et la future saison cyclonique.
Ce n’est plus l’effet de l’ouragan Irma. Le site Dalkia Wastenergy à Public reçoit 40 à 50 tonnes par jour d’encombrants, principalement issus de chantiers de démolition et de construction, amenés par les entreprises du secteur. L’infrastructure est capable d’en absorber 15 tonnes par jour dans son incinérateur, davantage adapté aux ordures ménagères qu’aux déchets de type bois de chantier. Mathématiquement, chaque jour de la semaine, ce sont donc au moins 25 tonnes d’encombrants qui sont broyés et stockés, faute de mieux, sur le terrain de la Collectivité à Saint-Jean. Il s’agit principalement de morceaux de bois, mais aussi des plastiques et toutes sortes de matériaux puisque les encombrants comme les bateaux, jacuzzi, matelas sont réduits en miettes et ajoutés à la dune.
Seule solution jusqu’alors, les barges d’évacuation. Sauf qu’entre l’organisation de sa venue, son chargement, son transport et son déchargement à destination, c’est un billet d’un demi-million d’euros que doit sortir la Collectivité. Plus les dunes s’étirent et s’élèvent, plus il faudra un nombre de barges conséquent pour expédier tous ces déchets. Et les expédier où ça ? La Guadeloupe, qui auparavant recevait les surplus de déchets produits à Saint-Barthélemy pour les enfouir dans ses sites de traitement, a fermé ses portes. L’archipel veut réduire la quantité de déchets traités sur son territoire. Une barge devrait réduire la hauteur de la dune dans le courant du mois de mars, mais cette solution est de moins en moins solide.
Supermarché et saison cyclonique
Situation bloquée donc, et la tension augmente puisque le nouveau magasin U doit ouvrir ses portes le 3 mars, et sera obligé de le faire avec ce charmant tas de détritus comme horizon. Autre question, la saison cyclonique qui débutera dans quatre mois. Si un cyclone frappe l’île, ces tonnes de déchets broyés seront dispersées en un rien de temps dans la nature et chez les gens. Enfin, c’est sur ce même terrain que doivent être bâtis les ateliers dédiés aux services techniques de la Collectivité.
Sans solution, Bruno Magras a intimé à l’exploitant Dalkia Wastenergy de fermer le robinet à encombrants. « Comme le service de propreté éprouve les pires difficultés pour évacuer ce tas de déchets, nous sommes bien obligés de rechercher des solutions localement », résume Bruno Magras. « L’idée consiste donc à demander aux gens de garder chez eux leurs déchets momentanément afin de permettre à l’usine de traiter progressivement le tas que nous avons à Saint-Jean. Le service fera au mieux pour ouvrir un ou deux jours par semaine afin de soulager les chantiers et autres producteurs de déchets.» Ce qui veut dire que les entreprises du bâtiment devront stocker leurs déchets, au cours et en fin de chantier. L’objectif étant que le four de l’usine d’incinération absorbe progressivement les dunes de Saint-Jean, ce qui risque de prendre un certain temps. Deux conséquences à surveiller : la possibilité d’une hausse des dépôts sauvages, et pour la saison cyclonique, le fait que chaque chantier sur l’île devra être sécurisé individuellement à l’approche d’un phénomène, pour éviter la profusion de projectiles.
Cette problématique des encombrants devrait considérablement être soulagée avec la construction d’une seconde usine d’incinération, censée entrer en service en septembre 2021. Elle doit être conçue spécifiquement pour brûler les encombrants, ainsi que les sargasses qui sont stockées sur le même terrain. Une autre option reste à étudier : comment réduire la quantité énorme de déchets produite sur l’île ?