Comment parler écologie à nos touristes ? Marie-Laure
Belzic s’est posé la question. Une île verte est-elle compatible
avec les yachts et villas de luxe ? Oui, selon Franck Leloup, directeur du
Manapany.
Yachts, vastes villas, produits de luxe et porte-monnaie bien pleins : nos touristes ne sont, a priori, pas des électeurs d’Eva Joly. Ils sont le poumon économique de l’île, indispensables. Virage durable de Saint-Barth et poursuite d’un développement touristique de luxe, n’est-ce pas paradoxal ? Pas tant que ça selon Franck Leloup, directeur du Manapany, venu expliquer que le respect de l’environnement « est aujourd’hui un vrai argument commercial. »
Selon lui, les clients recherchent aussi une destination qui prend soin de son environnement, et d’ailleurs, ils viennent à Saint-Barthélemy pour sa verdure. « Les Américains que je rencontre à New York, comme les agents de voyage, tous aiment Saint-Barth pour son authenticité et sa nature. Aujourd’hui, à nous de leur montrer que nous sommes éco-responsables. » Concrètement, l’hôtel de l’Anse des Cayes s’est équipé en chauffe-eau solaires, en mitigeurs qui diminuent la consommation d’eau, et loue en priorité pour ses visiteurs des véhicules électriques : chaque cottage est doté d’une borne de recharge. Pour ceux qui se questionnent, le Manapany a aussi investi dans une indispensable station d’épuration dernier cri, avec le suivi des services de la Collectivité, qui assurent que tout est désormais aux normes.
Pour sensibiliser les quelques 295.000 visiteurs annuels de l’île, Marie-Laure Belzic, directrice du Comité du tourisme, a listé quelques idées. Elle suggère, d’abord, la création d’un « carnet de voyage ». Un joli document que l’on garderait en souvenir, un peu comme le fameux « passeport de Saint-Barth », qui s’arrache. Ce livret pourrait réunir toutes les informations nécessaires et les initiatives locales, avec des incitations à ne pas jeter son mégot par la fenêtre, limiter l’usage de la climatisation, etc. « Ce carnet pourrait être personnalisé par chaque touriste, afin qu’il se sente impliqué », souligne Marie-Laure Belzic. Qui propose aussi de communiquer spécifiquement envers les touristes sur les opérations de nettoyage menées régulièrement par les associations de l’île. « On pourrait également imaginer une exposition d’œuvres qui parlent de l’environnement, ou réalisées à partir d’objets de récup’, pourquoi pas dans les hôtels pour que les visiteurs soient directement touchés. » Et puis, une fois par an, « une fête de l’écologie qui réunirait notamment les associations. » Pour coller au profil de nos visiteurs, les innovations en terme de développement durable devront être particulièrement mises en avant, conclut-elle. En espérant attiser la fibre verte des touristes.
JSB 1307