Dans l’enceinte du restaurant Le Tamarin, des ouvriers s’affairent pour achever les derniers travaux avant la réouverture. Une attention toute particulière est évidemment accordée au jardin, image de marque du lieu. Mais depuis des mois, son pensionnaire le plus remarquable a définitivement rendu l’âme. Gris et sec, le grand tamarinier qui trône à l’entrée de l’établissement s’effrite progressivement. Inexorablement. « Un individu végétal mort ». Tel est le résultat du diagnostic effectué le 26 septembre par l’Agence territoriale de l’environnement (ATE). « Ça fait mal au cœur mais, malheureusement, il est mort », confirme le directeur de l’Agence territoriale de l’environnement, Sébastien Gréaux. Au-delà de la tristesse de cette constatation se pose désormais un impératif de sécurité.
Le tamarinier du temps de sa splendeur, avant Irma.
« Un risque pour les usagers »
Dans son avis rédigé fin septembre, l’ATE précise que l’arbre mort « pourrait à terme par les branches meurtries représenter un risque pour les usagers de la parcelle ». En l’occurrence, pour les salariés et les clients du restaurant Le Tamarin.
Par conséquent, les propriétaires ont entrepris des démarches afin de pouvoir déraciner le défunt tamarinier pour replanter un autre arbre endémique. La première étape était d’obtenir une confirmation du décès par l’ATE. Désormais, il leur faut obtenir l’aval de la Collectivité, plus précisément du conseil exécutif, pour entreprendre la moindre démarche d’enlèvement de la dépouille asséchée du tamarinier. Mais l’affaire ne semble pas des plus simples.
En effet, malgré le diagnostic de l’ATE, les sept élus du conseil exécutif n’ont pas encore statué sur ce sujet. Pourtant, du côté du Tamarin, l’urgence est palpable à quelques jours seulement de la réouverture. « Hier, une grosse branche est tombée toute seule », souffle une employée en jetant un regard navré sur ce qu’il reste de l’imposant tamarinier. « Il est sec, pourri de l’intérieur », se désole-t-elle.
En réalité, l’arbre aurait commencé à dépérir après le passage de l’ouragan Irma, en septembre 2017. Il a pourtant été classé par la Collectivité comme une espèce remarquable dans les années qui ont suivi. Ce qui complique encore davantage les démarches des propriétaires du restaurant, puisqu’ils doivent bénéficier d’une dérogation au code de l’urbanisme pour déraciner le tamarinier. «Ce n’est pas par plaisir que l’on veut le retirer, assure la propriétaire. Ni pour installer une nouvelle table mais pour replanter un autre arbre. »
De fait, après avoir échoué à replanter un autre tamarinier, la direction du restaurant a consulté un spécialiste afin de déterminer quelle autre essence endémique pourrait être introduite au Tamarin. Ce sera un fromager. Commandé en Argentine, l’arbre est d’ores et déjà arrivé à Saint-Barthélemy. Dans l’attente des autorisations territoriales, l’arbre a été mis sous perfusion afin qu’il ne meure pas avant d’être planté. Une opération qui devra être méticuleuse et fort bien préparée, pour une raison qu’explique le directeur de l’ATE, Sébastien Gréaux : « Sous un arbre comme le tamarinier, au feuillage très acide, le sol peut avoir été imprégné. Il est donc très difficile d’y faire pousser un autre arbre. » Il n’empêche, la direction du Tamarin est bien décidée à remplacer son symbole désormais décédé. Reste à obtenir l’aval du conseil exécutif.
A la chasse aux arbres remarquables Pour l’heure, seuls deux arbres ont été classés comme remarquables par l’ATE : le défunt tamarinier de Saline et le grand bois fourmi du Sélect, à Gustavia. Mais il ne fait guère de doute que d’autres bénéficieront très prochainement de ce classement. Principalement en raison de la campagne de recensement lancée par l’ATE il y a quelques mois. Une opération qui s’adresse à tous les habitants de l’île et qui a pour but de dresser une liste des arbres et plantes qui, par leur taille, leur forme, leur âge ou leur valeur historique ou patrimoniale font partie intégrante de l'île et doivent d'être préservés pour les générations futures. Le tamarinier situé devant l’école primaire de Gustavia ou le fromager situé sous le phare font partie de la liste des prochains nominés. Mais l’ATE est ouverte à toutes les suggestions (par courriel à l’adresse contact@agencedelenvironnement.fr) jusqu’au terme du recensement, fin novembre.
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