Les agents EDF de Saint-Barthélemy ont observé une journée de grève, jeudi 2 juin, répondant ainsi à un mouvement national. Une mobilisation qui a également été l’occasion pour le syndicat CFDT EDF de l’Archipel Guadeloupe d’évoquer les difficultés rencontrées à Saint-Barth.
S’il est une annonce qui n’est guère fréquente à Saint-Barthélemy, c’est sans conteste celle d’un mouvement de grève. Pourtant, jeudi 2 juin, c’est bien un piquet de grève en bonne et due forme qui a été dressé devant les locaux d’EDF, à Public. Les agents de Saint-Barth ont ainsi répondu à un appel national à la mobilisation. L’objectif étant, pour l’intersyndicale regroupant la CGT, la CFDT Chimie Energie et la CFE-CGC, d’obtenir l’ouverture de négociations sur une revalorisation « significative » du salaire national de base. Néanmoins, pour les agents de Saint-Barth, cette grève était également l’occasion rêvée d’évoquer les difficultés auxquelles ils sont soumis au quotidien.
Un manque de moyens
Représentant du syndicat CFDT EDF de l’archipel Guadeloupe, Divin Turbé confirme que la revalorisation des salaires n’est pas l’unique objet de la mobilisation. « On se sert de cette grève pour faire valoir le manque de moyens de production sur Saint-Barthélemy, explique-t-il. Si ça continue, on se dirige vers un retour aux aggreko (groupes électrogènes). Que l’on n’a pas connu à Saint-Barth depuis 2012. » Des équipements provisoires qui dégagent de la fumée, font beaucoup de bruits et ne sont pas très puissants.
Pour l’heure, la centrale EDF fonctionne avec huit unités de production. Deux gros moteurs d’une puissance de 15 mégawatts et six autres de 2,5 mégawatts. « Avec l’énergie dont on a besoin aujourd’hui, on ne peut plus arrêter un des moteurs pour effectuer une maintenance, sinon on coupe des clients, s’inquiète Divin Turbé. Donc les moteurs tournent en permanence. Et pour rappel, à Saint-Barth, on est une des seules usines qui n’a pas de traitement de fumée. Alors j’espère que le projet voulu par la nouvelle majorité (territoriale, ndlr) va être mis en place. Parce qu’il faudrait remplacer les six petits moteurs par de plus gros et surtout mettre des équipements pour le traitement de fumée. » Des investissements qui ne pourront découler que d’un engagement de la direction d’EDF, comme l’explique le président de la Collectivité, Xavier Lédée (lire encadré). Mais les équipements ne sont pas la seule préoccupation des grévistes.
Difficultés de recrutement
En effet, Divin Turbé évoque également « un manque de moyens humains ». Il résume : « Normalement, on fonctionne avec six équipes de trois personnes. Un chef de quart, un agent technique et un chargé de surveillance et d’intervention. Mais il y a tellement de manque par rapport aux formations, aux congés ou aux arrêts maladie que l’on ne peut plus tourner.» Ce qui amène le syndicaliste à souligner les difficultés de recrutement liées « au salaire et au logement ». Comme dans bien des domaines à Saint-Barth.
Par ailleurs, Divin Turbé explique que les centrales de Saint-Barth et de Saint-Martin sont rattachées à la filiale EDF SEI (Systèmes énergétiques insulaires). Il s’agit d’une direction d’EDF qui opère exclusivement dans les zones non interconnectées. «En Guadeloupe, Martinique ou en Guyane, c’est la filiale PEI (Production électrique insulaire) qui est en place », indique le syndicaliste. La filiale SEI a pour particularité de s’occuper de toute la chaîne de l’électricité, de la production à l’achat en passant par la distribution et la vente.
Une production sur un seul mode
A Saint-Barthélemy, comme à Saint-Martin, la production d’électricité résulte d’une centrale qui fonctionne avec des moteurs diesel. C’est également le cas à Saint-Pierre-et-Miquelon. Dans les autres territoires qui fonctionnent avec la filiale EDF SEI, la production est plus diversifiée. En Guadeloupe, elle combine la bioénergie, la géothermie, le solaire photovoltaïque et l’hydraulique mais l’essentiel de la production provient de moteurs diesel et de la combustion de charbon. A la Martinique, c’est également les moteurs diesel qui assurent la majorité de la production d’électricité, avec toutefois une part de bioénergie et de turbines à combustion fioul.
En Guadeloupe, la part d’énergies renouvelables s’élève à 49,66%, pour 23,85% en Martinique, 0,27% à Saint-Barth et 0% à Saint-Martin. (Source : choisir.com et EDF)
Xavier Lédée à la rencontre des grévistes
Dès qu’il a appris que les agents d’EDF suivaient le mouvement de grève national, le président de la Collectivité est allé à leur rencontre. « Je voulais entendre quelles étaient leurs revendications, explique Xavier Lédée. Notamment leur attente sur des investissements. La Collectivité territoriale n’est pas propriétaire de la structure et n’a pas de maîtrise réelle de l’énergie. Mais la situation de l’usine fait que nous arrivons à la limite de la production par rapport à nos besoins. Par ailleurs, la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) n’a jamais été mise en place alors que la Collectivité s’y est engagé par délibération en 2018. » Jeudi, le président s’est entretenu avec le directeur d’EDF SEI Guadeloupe. « Nous nous sommes engagés à signer notre PPE avant la fin de l’année, assure Xavier Lédée. De son côté, EDF réfléchit à des investissements, qui pourraient intervenir avant 2024, et nous dit qu’elle apportera des solutions (sur l’évolution de la structure) dès la fin de cette année. » Et d’ajouter : « Le remplacement d’un moteur nécessite un investissement de 40 millions d’euros environ. Si cet investissement est confirmé, la Collectivité mettra les moyens pour qu’il puisse être mis en place. »