Si les phénomènes de houle de fond semblent terminés, les difficultés rencontrées par la Sidem et surtout par la Saur pour alimenter l’intégralité du réseau d’eau de ville sont encore d’actualité. Principalement en raison d’une surconsommation de certains usagers.
La mer peut encore se montrer quelque peu agitée mais, a priori, les phénomènes de houle de fond qui ont perturbé le captage de l’usine de dessalement de la Sidem, à Public, semblent terminés. Néanmoins, les difficultés perdurent. Au niveau du captage de l’eau de mer comme pour l’alimentation du réseau d’eau de ville dont la distribution est assurée par la Saur. Pour deux raisons. La première est liée aux précautions prises lors de la remise en route de la distribution, sous peine de provoquer des casses sur le réseau. La deuxième : une consommation qui reste bien trop élevée.
Une alimentation à stabiliser
Entre 7 et 21 heures, l’usine de la Sidem produit 190 mètres cube d’eau par heure, son rendement maximum. Une production est davantage lissée pendant la nuit. Le problème est que, certains jours, la consommation peut dépasser 300 mètres cube par heure. Par conséquent, la production comme la distribution fonctionnent à flux tendu. Un cercle vicieux car, en raison de la consommation, aucune des deux structures ne peut s’arrêter de tourner (sauf sous la contrainte, comme lors des jours qui ont suivi l’échouage du cargo à Public), donc il est quasiment impossible d’effectuer des opérations d’entretien et de maintenance. « Le problème de la consommation existe aussi à cause des gens qui passent en remplissage de citerne quand l’eau revient, et c’est valable aussi bien pour les particuliers que pour les restaurants, les hôtels ou les villas », souligne Sophie Olivaud-Durand, directrice des services techniques au sein de la Collectivité.
Maëlle Servanton, cheffe de secteur pour la Saur, évoque les problèmes liés aux modulations de pression dans le réseau de distribution. « La modulation peut engendrer des casses, donc des fuites, assure-t-elle. Et il est très compliqué de faire les recherches de fuite. » Ce qui explique la durée de certaines opérations de réparation. Comme celle qui, à Saint-Jean, a entraîné l’installation de feux tricolores pendant quatre jours afin de sécuriser un chantier.
« Tout passe par le réservoir de Colombier qui alimente toute l’île, rappelle Sophie Olivaud-Durand. Y compris le réservoir de Vitet. C’est le point faible du réseau actuel. » Maëlle Servanton ajoute : « Le problème est qu’en ce moment, on ne peut pas donner de l’eau à tout le monde, donc on essaye de tourner. Mais une vanne ne se ferme et ne s’ouvre pas en une seconde. Si on ouvre d’un coup, la pression trop élevée entraîne des casses. »
Pour l’heure, la Saur s’efforce donc de stabiliser l’alimentation du réseau. Toutefois, pour y parvenir, il est nécessaire que l’usine de la Sidem enregistre une production constante. Or, en raison des difficultés rencontrées ces dernières semaines, la régularité de la production a été mise à mal. « Aujourd’hui, c’est le retour à la normale qui est difficile, insiste Sophie Olivaud-Durand, qui “tire son chapeau” aux équipes de la Sidem et de la Saur.
Une nouvelle unité pour doubler la production d’eau
La question du point de captage de l’usine de la Sidem reste également un sujet de préoccupation. « La situation s’est aggravée après l’échouage du cargo, rappelle le responsable de l’exploitation de la Sidem, Laurent Berry. Le fond a été modifié et il faut du temps pour la stabilisation. » Une question de point de captage qui n’est toutefois « pas nouvelle », comme le souligne Sophie Olivaud-Durand. De fait, la construction d’un bassin avait déjà été prévue lors du lancement du marché de la Sidem en 2014, avant la mise en place d’une nouvelle unité de production. « On avait retrouvé du souffle, mais aujourd’hui on sait qu’il faut investir dans une nouvelle unité, car on a explosé au niveau de la consommation », précise la directrice des services techniques. Une nouvelle unité dont l’acquisition va être évoquée lors du conseil territorial de ce jeudi, dans le cadre du vote du budget. Son prix sera d’environ huit millions d’euros. « On a vu grand, ce qui va nous permettre de doubler la capacité de production, assure Sophie Olivaud-Durand. Et la nouvelle machine entrera juste dans l’espace restant (à Public, ndlr). »
Parallèlement, la collectivité va entreprendre la réalisation d’un caisson en béton qui sera immergé un peu plus loin de l’usine. Une structure qui fera environ trois mètres de haut et six de large et qui intègrera le captage actuel et celui de la future nouvelle unité de production. « L’avantage de ce nouveau caisson est qu’il sera en profondeur », se félicite Laurent Berry. Ce qui signifie qu’il ne sera pas exposé à des incidents comme celui de l’échouage du cargo.
De plus, le projet de construction d’un nouveau réservoir à Lurin progresse. « L’avantage est qu’il sera indépendant de celui de Colombier et qu’il sera plus haut, donc plus efficace pour la distribution », explique Maëlle Servanton.
Sophie Olivaud-Durand insiste : « On fait tout pour pallier aux faiblesses du réseau. Tant qu’il n’y aura pas de retour à la normale, le point d’eau gratuit reste accessible à la collectivité. Mais nous faisons encore appel au civisme de chacun. » Pour mémoire, un arrêté territorial interdit toute utilisation de l’eau de ville qui ne soit pas destinée à l’hygiène ou à l’alimentaire. Par conséquent, l’arrosage des jardins, le remplissage des piscines et autres citernes sont, pour l’heure, formellement proscrits.