Après d’âpres négociations et la paralysie du port de plaisance et de commerce de Gustavia, lundi 21 et mardi 22 novembre, les marins pêcheurs de Saint-Barth ont arraché un tarif préférentiel sur le prix du litre d’essence, qu’ils paieront désormais 1,13 euro au lieu de 1,43 euro. Un prix qui devrait tomber à un euro début 2023.
Le coup de force des marins pêcheurs a payé. Après avoir paralyser les activités du port de plaisance et du port de commerce de Gustavia, lundi 21 et mardi 22 novembre, ils sont parvenus à obtenir de la Collectivité territoriale un tarif préférentiel sur l’achat du litre d’essence. Grâce aux accords signés mardi, ils paieront désormais 1,13 euro pour un litre d’essence, contre 1,43 euro jusqu’à présent. Une baisse significative qui devrait être encore plus importante dans un avenir très proche puisque la Collectivité territoriale s’est engagée à leur proposer le litre de carburant à un euro dès le début de l’année 2023. Une victoire acquise de haute lutte par les pêcheurs qui ont fait montre de détermination, pour ne pas écrire d’obstination, lors des négociations avec le président de la Collectivité, Xavier Lédée. « On a préféré bloquer plus longtemps plutôt que d’avoir à rebloquer plus tard », déclare Jordan Laplace, membre du Collectif à l’origine du blocage du port mais également président du Comité territorial des pêches. Un Comité, créé en juin 2021, que les marins pêcheurs n’ont pas voulu impliquer dans le mouvement, ce qui explique la création de l’éphémère Collectif.
Sous les fenêtres de la présidence
De longs échanges, parfois houleux, ont été nécessaires pour que les pêcheurs et les Collectivité parviennent à trouver un terrain d’entente. Et il aura fallu en passer par un blocage complet du port, pourtant annoncé depuis une semaine par le Collectif, qui avait adressé un courrier au président Lédée pour l’avertir de cette menace imminente si une solution acceptable n’était pas formulée dans un court délai. « Nous sommes là depuis sept mois et il y a déjà eu une avancée sur le prix du carburant qu’il n’y avait jamais eu avant », avait alors rappelé Xavier Lédée. N’importe, lundi 21 novembre, avant que le soleil ne se lève sur la baie de Gustavia, les pêcheurs ont savamment ancré leurs bateaux, reliés par des cordages, sur toute la longueur de l’entrée du port de plaisance et de commerce. Un dispositif que le président de la Collectivité pouvait observer depuis la fenêtre de son bureau. Les négociations ont alors pu commencer. Sans grand succès, dans un premier temps.
Refus catégorique
En effet, dès lundi, Xavier Lédée a proposé aux représentants du Collectif un prix au litre de 1,13 euro. Refus catégorique des pêcheurs. « C’est un euro et il n’y a pas de négociation possible », affirme alors un pêcheur. La journée de lundi s’achève sans qu’une solution ait pu être trouvée. Tard dans la soirée, les élus de la majorité territoriale se fendent d’un communiqué dans lequel ils fustigent l’obstination du Collectif à refuser leurs offres. « Sans accord sur cette proposition valable jusqu’à ce mardi matin, la Collectivité se réserve le droit de prendre toutes les mesures nécessaires dans l’intérêt de la population », est-il précisé dans le document. Une menace limpide de déloger les «bloqueurs » par la force. Fort heureusement, malgré quelques échanges pour le moins vindicatifs dans la matinée de mardi, une solution va finalement pointer le bout de son nez.
Arbitrage de l’Etat
« On a dit au président que l’on voulait que l’Etat confirme la proposition pour qu’on la croit », explique Jordan Laplace. Présent à Saint-Barthélemy, c’est le secrétaire général de la préfecture, Fabien Sese, qui va arbitrer les débats et permettre aux deux parties de sortir d’une impasse. « On a alors validé et accepté la proposition de la Collectivité », confirme Jordan Laplace. Soit un prix du litre d’essence à 1,13 euro dès le lendemain de la signature de l’accord, et la perspective d’un passage à un euro en janvier 2023. « Ce sont des petits termes et des modifications de la première proposition qui ont fait qu’on a accepté, explique le président du Comité des pêches. Des délais plus courts pour arriver à un euro, et le fait que l’Etat français nous a certifié certaines choses qui devaient être claires. »
«Trouver la bonne formule»
De son côté, le président de la Collectivité ne cachait pas sa satisfaction à être parvenu à conclure des négociations qui ont principalement été menées en tête à tête, sur le quai qui fait face à l’hôtel territorial. « On a réajusté quelques mots pour être d’accord, explique-t-il. Nous allons travailler avec le Comité territorial des pêches pour trouver la bonne formule, par le biais d’aides ou de subventions, et ainsi permettre au secteur de la pêche de garder sa compétitivité. »
Pour l’heure, la Collectivité territoriale a accepté de se priver de sa « marge commerciale » de 13 centimes. Parallèlement, la Sara, unique fournisseur de carburant dans les Antilles françaises, a annoncé une diminution de 17 centimes sur le prix du litre. Pour enregistrer une réduction supplémentaire de 13 centimes et ainsi proposer aux pêcheurs le litre d’essence à un euro, la Collectivité entend se baser sur la consommation annuelle estimée des pêcheurs. Celle-ci a été évaluée par le Comité des pêches à 700.000 litres. Par conséquent, une réduction de 13 centimes représenterait une somme d’environ 91.000 euros qui devra être compensée par des aides financières de l’Etat ou des subventions de la Collectivité territoriale. « Toute l’idée est de trouver une formule pour assurer une compensation financière », insiste Xavier Lédée.
Dans le même temps, un système de pompe va être mis en place sur le port pour les pêcheurs. « Nous aurons des cartes spécifiques et un accès 24 heures sur 24 », détaille Jordan Laplace qui se félicite : « On estime avoir atteint notre objectif. » La prochaine étape devrait être l’évocation du nombre de places disponibles sur la partie du quai du port de Gustavia réservée aux pêcheurs, sans oublier l’ouverture de la nouvelle halle aux poissons et l’éventuelle unité de transformation des produits de la mer. Des structures sur lesquelles planchait déjà l’ancienne majorité territoriale et qui devraient progressivement voir le jour.
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