La formation professionnelle semble être au cœur des préoccupations locales depuis la rentrée de septembre. A tout le moins pour deux structures. La Chambre économique multiprofessionnelle (Cem) qui multiplie les initiatives visant à développer l’offre sur l’île, mais aussi le Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE). Si la Cem entend avancer le plus rapidement possible afin de proposer des solutions à la jeunesse de Saint-Barth ainsi qu’aux professionnels de différents secteurs d’activité, le CESCE a, comme à son habitude, pris le temps de la réflexion avant de soumettre des pistes et des solutions à la Collectivité territoriale. Ainsi, ce n’est qu’après avoir mené une étude de faisabilité des plus complètes que le Conseil aborde l’épineux sujet de la formation.
Un cabinet d’experts sollicité
L’étude porte essentiellement sur la possibilité de mettre en place sur l’île une structure de formation autonome qui soit cohérente avec les besoins du territoire. Le document final est le résultat d’une réflexion qui a véritablement débuté en 2019. « Il s’agissait de s’intéresser à l’avenir de l’emploi à Saint-Barthélemy », explique le président du CESCE, Pierre-Marie Majorel. Dans un premier temps, le Conseil imagine la création d’un pôle d’excellence pour le secteur culinaire qui, sur l’île, affiche des standards de haute qualité. Mais consacrer l’essentiel des efforts sur un seul domaine de compétence apparaît rapidement peu concevable. Le CESCE décide alors de faire appel à un cabinet d’experts, Amnyos, afin que celui-ci soumette une étude rationnelle sur, souligne Pierre-Marie Majorel, « le meilleur mode opératoire pour la création d’une Maison de la formation à Saint-Barth ». Mission accomplie puisque le rapport final est désormais disponible.
« Le problème à Saint-Barth est qu’il n’y a pas assez de demande, assure le président du Conseil. Des intervenants ne vont pas se déplacer pour trois élèves. » Par conséquent, l’éventuelle installation d’une Maison de la formation ne pourra se faire que dans un cadre adapté. Aussi, le CESCE propose trois scenarii. Le premier consiste à... ne rien changer. « On maintient la situation actuelle avec le collège pour la formation initiale, le CFA (Centre de formation des apprentis) pour l’apprentissage et la Cem pour les salariés et les non-salariés », résume Pierre-Marie Majorel. Il va sans dire que le CESCE estime qu’une telle option doit être « écartée ».
Un plan sur trois ans
La deuxième « voie » sur laquelle le Conseil propose de s’orienter est la mise en place d’une Maison de la formation « sans mur ». Pierre-Marie Majorel explique : « Par l’intermédiaire de visio-conférence, par exemple, un immeuble ou une salle de cours ne sont pas nécessaires pour suivre une formation. Ce scénario peut être envisagé comme une marche vers la troisième voie qui est la création d’une maison de la formation. » Dans un souci de progresser par franchissement d’étapes, le CESCE préconise cette deuxième option. Dans un premier temps et uniquement comme moyen d’accéder à la troisième voie : la création d’une structure locale.
Celle-ci devra être créée de toute pièce. Par conséquent, un long et minutieux travail de préparation devra être mené en amont. Sur l’offre de formation, l’organisation et le statut juridique, notamment, mais également en s’assurant que le projet séduise les professionnels des secteurs concernés. Les principaux étant, bien évidemment, ceux de l’hôtellerie et de la restauration. « Si le projet de Maison de formation sans mur est adopté et qu’après deux ou trois ans il fonctionne, on pourra passer à une Maison avec mur, précise Pierre-Marie Majorel. Trois ans, cela correspondrait au calendrier de déplacement du collège vers de nouveaux bâtiments. Ce qui permettrait d’installer la nouvelle structure dans ceux qui existent déjà. »
La Collectivité doit trancher
Le dossier de l’étude achevée va être remis à la Collectivité territoriale. « C’est maintenant à elle de décider ce qu’elle veut faire mais à mon avis une Maison de la formation est désormais incontournable à la vue de ce que devient Saint-Barth, assure le président du CESCE. En matière de formation, il faut y aller doucement, ne pas se précipiter. » Pour ce faire, l’une des recommandations du CESCE consiste à recruter une personne aux compétences adaptées pour animer et coordonner le réseau et ses acteurs.
Quoi qu’il en soit, un tel projet nécessitera des investissements financiers de la part de la Collectivité. Pour peu qu’elle s’engage dans la voie préconisée par le CESCE. Par ailleurs, le Conseil formule un avertissement sur les vertus supposée de la formation. « Il est nécessaire de garder à l’esprit que la formation n’est pas l’unique solution à des problématiques d’emploi, insiste le CESCE dans son rapport. Ces dernières peuvent également être liées à des conditions d’exercice du métier comme le temps de travail, la nature du contrat ou encore le montant des rémunérations. » Sans oublier que suivre une formation à Saint-Barthélemy n’oblige aucunement à rester ensuite sur l’île pour y travailler.