Bruno Magras plaide pour « un déconfinement audacieux » en ce qui concerne les écoles, et pas seulement. Il souhaite un retour en classes de l’ensemble des 1.258 élèves de l’île, dès le 11 mai, sans échelonnement. Demande acceptée par le recteur.
Le recteur de l’Académie de Guadeloupe Mostafa Fourar s’est dit « tout à fait favorable sur le principe» à une rentrée scolaire de tous les élèves de Saint-Barthélemy dès le 11 mai, contrairement au reste de la France où le retour en classes sera échelonné sur trois semaines.
Le président de la Collectivité lui avait adressé un courrier mercredi 22 avril, demandant une dérogation à la consigne nationale. « Saint-Barthélemy n’a plus de nouveau cas depuis des semaines, et depuis hier, toutes les personnes contaminées ont été déclarées guéries. Le confinement a été bien respecté », écrit Bruno Magras. « Ces conditions particulières plaident pour une reprise normale des cours plus rapide sur notre île sur île, non échelonnée et par classe entière. » Et de rassurer sur « l’hygiène parfaite » et le « lavage des mains réguliers » des enfants, suivis de près par les équipes pédagogiques. « Des masques pourraient être mis à disposition des professeurs voire des élèves. Un travail de sensibilisation des élèves et des parents est possible d’ici le 11 mai. »
Bruno Magras rappelle également que la Collectivité, en lien avec les autorités sanitaires, a lancé un programme de dépistage élargi, dont l’objectif « est précisément de créer les conditions d’un déconfinement audacieux, conciliant retour à la vie normale et maintien d’un niveau de sécurité sanitaire élevé. »
Surprise pour les chefs d’établissement
Cette demande a dérouté les chefs d’établissements, qui travaillaient depuis des jours à l’élaboration d’un retour en classes échelonné, conformément à la demande du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. Celui-ci avait détaillé, mardi 21 avril devant l’Assemblée nationale, son projet de retour à l’école étalé sur trois semaines, par niveaux puis par groupes ne dépassant pas quinze élèves. Un échelonnement réitéré par Edouard Philippe hier. Sachant que les parents qui le souhaitent pourront garder leur enfant à la maison, et continuer sur un enseignement à distance.
Bruno Magras s’est vu reprocher à demi-mot un certain manque de concertation. Il n’a visiblement pas fait part de sa démarche avant d’envoyer le courrier au recteur, ni aux équipes pédagogiques, ni même à ses propres colistiers, qu’il s’agisse de Francius Matignon, président de la commission affaires scolaires, ou Micheline Jacques, vice-présidente et directrice de l’école de Gustavia.
« Cela ne pourra pas se faire n’importe comment »
Surprises, les équipes pédagogiques ont donc changé leur fusil d’épaule. Cette semaine, elles sondent les familles, pour savoir combien d’entre elles enverront effectivement leur progéniture à l’école, et combien préféreront la garder à la maison. Car si les profs retournent à plein temps devant leurs élèves, il sera compliqué d’assurer en même temps l’enseignement à distance. « Ce ne sera pas une rentrée normale, comme si de rien n’était », prévient Michel Sanz, vice-recteur en charge des Îles du Nord. « Les équipes réfléchissent déjà à des solutions, et nous attendons la doctrine sanitaire précise de l’ARS. Cela ne pourra pas se faire n’importe comment. Nous devons mettre en place une organisation pertinente, y compris pour que les enfants qui restent à la maison accèdent à l’instruction. » L’école à la maison fonctionne bien à Saint-Barth : Michel Sanz compte 0% de décrochage ici, contre 5 à 8% en France.
Reste la grande question des outils de protection sanitaire. Il faudra des masques, pour les enseignants voire pour les enfants ; il faudra réaménager les salles de classes pour répondre à la nécessité de la distanciation sociale ; peut-être organiser des récréations en décalé, et plusieurs services à la cantine scolaire ; au collège, les élèves pourraient rester dans une même salle toute la journée, et les enseignants tourneraient d’une classe à l’autre, plutôt que l’inverse ; pour les plus jeunes, le lavage des mains, au savon ou au gel hydroalcoolique, devra être martelé par les équipes pédagogiques; et qu’en est-il des activités sportives ? Le stade est encore fermé, et le transport dans les bus scolaires sera aussi soumis à des aménagements… Beaucoup de questions dont les réponses ne sont pas encore connues. Le travail a commencé en début de semaine, et une première réunion est prévue dans les jours qui viennent.
JSB 1373