Depuis la rentrée scolaire, en septembre dernier, parents d’élèves et enseignants du groupe scolaire de Gustavia n’ont de cesse de solliciter le rectorat et de lui proposer des options pour que le problème du sous-effectif des équipes scolaires soit résolu. Sans résultat.
Plus de 115 jours d’absence d’instruction dans des conditions stables, 17 classes touchées par des remaniements d’emploi du temps, trois enseignants en congés longue maladie non remplacés... La liste des dysfonctionnements et des griefs ne cesse de s’allonger depuis deux ans. Pourtant, les parents d’élèves comme les équipes enseignantes du groupe scolaire de Gustavia ne sont pas de celles qui observent sans réagir la situation se dégrader. En effet, la rectrice d’académie et son vice-recteur basé à Saint-Martin ont été avertis et sollicités à de nombreuses reprises. Sans grand résultat. Et à lire le dernier courrier rédigé par les parents et des membres du corps enseignant, il n’est pas interdit de penser que le sort des écoliers de Saint-Barth ne semble pas véritablement éveiller l’intérêt de l’académie.
De fait, dans ce document «co-écrit par des dizaines de mains » transparaissent les inquiétudes et la colère des auteurs. « Il existe une réelle interrogation sur la capacité des services déconcentrés de l’Education nationale à analyser la situation, à gérer l’affectation et le remplacement des enseignants et à établir le dialogue avec les acteurs locaux dans le cadre de la mise en œuvre du projet académique en l’adaptant aux spécificités de ce petit territoire de 21 km2 », grondent les rédacteurs, qui ajoutent : « Les réponses sont insuffisantes et les absences d’actions concrètes ne convainquent plus. La population est déterminée à se mobiliser pour qu’à la rentrée, le 30 mai 2022, il y ait un enseignant stable dans chaque classe, maternelle et élémentaire, jusqu’à la fin de l’année scolaire. » Comme dans chacun de leurs courriers, les parents d’élèves proposent des solutions concrètes pour débloquer la situation. Comme le fait de fournir des logements à loyers réduits aux enseignants nommés à Saint-Barth. Des propositions qui restent sans réponse de la part du rectorat.
« A l'aube de la rentrée du 30 mai sans assez de professeurs, de nombreuses familles s'inquiètent de l'implication réelle du rectorat dans l'instruction de nos enfants, écrivent les parents. Au moins soixante enfants sont concernés. Trois classes n'auront-elles pas d'instruction jusqu'à la fin de l'année scolaire ? Et si les enfants de ces classes sont éparpillés encore une fois : quelle qualité et quelle continuité d’instruction recevront-ils ? Leur répartition dans d'autres classes pénalisera l'équilibre des autres niveaux. Le constat est amer pour ces parents qui s'investissent avec pugnacité dans l'éducation de leurs enfants. »
«A quoi sert le vice recteur ?»
Les rédacteurs du document estiment que « la continuité territoriale avec Saint-Martin ne fonctionne pas, pas plus qu’elle ne fonctionne avec la Guadeloupe ». Et d’épingler le vice-recteur, Michel Sanz : « A quoi sert-il, chargé de la mise en œuvre du projet académique en l’adaptant aux spécificités de ces deux territoires ? Rappelons que ce poste a été récemment créé pour proposer au recteur toutes les mesures pour améliorer la gestion du système éducatif sur les deux îles et définir des perspectives d'évolution et les moyens stratégiques pour y parvenir. Depuis le début de l'année, le vice-recteur et son inspecteur démontrent des comportements non seulement dénués de coopération et de dialogue, mais conflictuels et clivants avec les personnels et les parents d'élèves. »
Comme ils le font depuis des mois, les parents d’élèves ne se contentent pas de pester et adressent des propositions concrètes au rectorat. Ainsi, la semaine dernière, deux candidatures pour des postes d’enseignant ont été envoyées. Des candidatures «sérieuses », insistent les rédacteurs du document. «Des profils expérimentés, diplômés, logés et disponibles immédiatement sur l’île», est-il précisé. Mieux encore, l’amicale de l’école se propose d'aider exceptionnellement au paiement des rémunérations par le biais d’une convention avec l’éducation nationale et l’établissement scolaire. Après deux années de perturbation et de dysfonctionnements, les parents de Saint-Barth ont manifestement épuisé leur réserve de patience et de bienveillance envers les responsables de l’institution scolaire qui, d’évidence, n’ont pas encore pris la mesure de l’exaspération parentale et enseignante.