Le mouvement de grève lancé pour ce jeudi 13 janvier sera « relativement bien suivi » par les enseignants du groupe scolaire de Gustavia, où le manque de professeurs bouleverse le fonctionnement de l’établissement depuis la rentrée de septembre.
Ce jeudi 13 janvier, la plupart des syndicats enseignants appellent à une grève à l’échelle nationale. A l’origine du mouvement, le premier syndicat du primaire, le SNUipp-FSU. Celui-ci affirme qu’il ne s’agit pas « d’une grève contre le virus » mais qu’elle «illustre le ras-le-bol grandissant dans les écoles par rapport aux conditions de travail qui se dégradent ». Un thème que l’équipe enseignante du groupe scolaire de Gustavia maîtrise désormais parfaitement, tant les carences en terme d’effectif perturbent le fonctionnement de l’établissement depuis la rentrée du mois de septembre. Par conséquent, « le mouvement de grève sera relativement bien suivi » à Gustavia, confirme un professeur. Du moins, précise-t-il, « par les enseignants qui sont encore opérationnels puisqu’il y a beaucoup d’absences dues au Covid ».
Un protocole sanitaire « inapplicable »
L’un des objectifs de cette journée de grève est de dénoncer les incohérences du protocole sanitaire - « Qui est inapplicable puisqu’il change tous les deux jours », peste un enseignant - mis en place par le gouvernement dans les établissements scolaires. «Non seulement le protocole actuel ne protège pas les élèves, les personnels et leurs familles, mais de plus il désorganise complètement l’école, dénonce le SNUipp-FSU. Ainsi, contrairement aux affirmations gouvernementales répétées, ce n’est pas l’école qui est ouverte, mais une forme de “garderie”. » A Saint-Barth comme ailleurs, les problèmes d’organisation qui découlent de ce protocole régulièrement modifié sont aussi flagrants que dans tous les autres territoires. Mais il se trouve qu’il vient s’ajouter aux difficultés auxquelles le groupe scolaire fait déjà face depuis près de six mois.
Selon l’amicale des parents d’élèves, quatre postes de titulaire à temps plein ne sont pas encore pourvus. Un en CM1, occupé par une remplaçante, un en grande section de maternelle, occupé par une professeure d’anglais qui ne peut donc plus assurer sa mission initiale, et deux titulaires remplaçants. Dans une longue lettre adressée à la rectrice d’académie, Christine Gangloff-Ziegler, les parents de l’amicale rappellent que l’école « ne peut fonctionner si les recrutements sont réalisés en maintenant le calendrier actuel, donc en septembre ». Par conséquent, ils suggèrent au rectorat de débuter ces recrutements et de les clôturer lors du dernier trimestre de l’année qui précède la rentrée. Dès maintenant ou presque, en somme.
L’éternel problème du logement
La proposition des parents d’élèves, évidemment appuyée par le corps enseignant, a manifestement été entendue par le rectorat. En effet, trois dossiers semblent avoir d’ores et déjà été retenus en prévision de la rentrée de septembre 2022. Une belle avancée au niveau de l’organisation. « Mais ils ne viendront que s’ils trouvent une solution de logement abordable », tempère immédiatement une enseignante. Le nerf de la guerre depuis quelques années et dans la quasi totalité des secteurs d’activités sur l’île. De fait, les parents d’élèves ont également abordé ce sujet avec le rectorat qui, de son côté, estime que « la rareté et la cherté des logements sur Saint-Barthélemy sont des freins majeurs à l’affectation d’enseignants titulaires ».
L’amicale souligne son investissement et rappellent que, prévenus en amont, les parents d’élèves sont en capacité de « s’organiser et transmettre des propositions aux équipes scolaires via l’établissement » afin de dénicher des logements. Elle assure pouvoir s’organiser pour plafonner des loyers à hauteur de 600 euros mensuels par personne. Elle précise, par ailleurs, que la question du logement n’est pas le seul frein à la venue des professeurs titulaires.
« Cette année, certains enseignants souhaitant exercer en priorité à Saint-Barthélemy et en capacité de s’y installer ont été aiguillés en Guadeloupe ou ailleurs par le rectorat », constatent les parents d’élèves, qui mentionnent un autre exemple de non recrutement. « Un titulaire en disponibilité qui réside sur l’île a été approché pour le poste vacant de CM1, écrit l’amicale des parents. D’un point de vue purement opérationnel et avant autorisation hiérarchique, l’enseignant était d’accord (pour prendre le poste). La proposition a été soumise au rectorat et la réponse fut négative. Le poste dans cette classe n’est toujours pas pourvu par un enseignant titulaire présent à temps plein sur l’île. »
Pour l’heure, le problème reste entier et la deuxième partie de l’année scolaire risque de paraître bien longue pour l’équipe pédagogique du groupe scolaire de Gustavia. Le mouvement de grève de ce jeudi matin ne permettra sans doute pas de régler les problèmes, mais il marquera par une action le « ras-le-bol » évoqué par le SNUipp-FSU à l’échelon national.
Grève suivie aussi au collège Mireille Choisy
Une partie des enseignants du collège Mireille Choisy vont répondre à l’appel à la grève nationale. Une mobilisation dont l’ampleur reste indéterminée mais qui correspond également à l’expression d’une lassitude vis-à-vis d’un protocole sanitaire contraignant et qui ne cesse d’être modifié.
Si le collège n’a pas échappé aux absences liées au Covid (cas positifs ou cas contacts), aucune classe n’a été fermée depuis la reprise et les cours se poursuivent en prenant compte des nouvelles mesures sanitaires décidées à Paris.
Un ministre dans la tourmente
En huit jours, le gouvernement a déjà revu trois fois son protocole sanitaire. Et le ministre de l’éducation nationale subit une déferlante de critiques parmi les plus violentes qu’il ait eue à affronter depuis 2017. La grève nationale organisée aujourd’hui, jeudi 13 janvier, illustre l’exaspération du corps enseignants vis-à-vis de mesures qui ne semblent plus convenir à personne : ni aux professeurs, ni aux parents et encore moins aux élèves. Désormais, le nouveau protocole évite de passer par la case pharmacie : trois autotests, réalisés chacun à deux jours d’intervalle, suffisent pour les élèves qui ont été en contact avec un cas positif au Covid-19 dans leur classe. Reste aux parents à trouver les autotests qui, à Saint-Barth, ne sont pas toujours disponibles malgré un approvisionnement régulier.