Vice-recteur de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Michel Sanz quitte ses fonctions pour partir à la retraite après sept années passées dans les îles du Nord et 44 dans l’éducation nationale. Il revient sur son expérience et effectue un constat des difficultés de recrutement, notamment à Saint-Barthélemy.
Depuis la rentrée 2015, Michel Sanz officie à Saint-Barthélemy et Saint-Martin. D’abord en qualité d’inspecteur pédagogique régional, ensuite comme directeur académique puis, en 2020, comme vice-recteur. A la fin du mois, il laissera sa place à son successeur. Mais avant, Michel Sanz livre son analyse sur l’évolution et les perspectives d’avenir du dispositif éducatif à Saint-Barthélemy.
« Après Irma, le chaos »
« Je n’avais pas prévu de rester sept ans, confie le vice-recteur. Mais il y a eu Irma et le chaos total qui l’a suivi, en particulier à Saint-Martin. Je ne me voyais pas m’en aller à ce moment et je pensais pouvoir être utile à ces deux territoires dont les enjeux sont considérables mais absolument pas les mêmes. » Son premier objectif lorsqu’il a pris ses fonctions en 2015 a été de « tordre le cou aux idées reçues » sur l’éducation dans les îles du Nord. Par le biais d’une communication plus fréquente et par la multiplication d’actions diverses. « Avec la volonté de mener ces actions à Saint-Martin comme à Saint-Barthélemy », insiste-t-il en évoquant notamment l’Art en fête. Mais son premier sentiment a surtout été celui de l’isolement des deux îles. Particulièrement de Saint-Barth.
« Un problème deressources humaines »
« J’ai voulu ancrer Saint-Barthélemy dans l’organisation totale du service de l’éducation nationale parce qu’effectivement, cette île souffrait d’une triple insularité, explique Michel Sanz. Aujourd’hui, les résultats scolaires à Saint-Barth sont bons mais pas non plus très au-dessus de la moyenne nationale. Il y a eu un travail d’analyse remarquable, comme pour la mise en place des classes bilingues. Je me rappelle que c’est la première chose dont le président Bruno Magras m’a parlé à mon arrivée en 2015. On aimerait faire encore mieux mais il existe un problème de ressources humaines. » Une difficulté qui s’accentue année après année et qui a encore été à l’origine de nombreux dysfonctionnements au cours de l’année scolaire qui s’achève.
« Le logement, une question cruciale »
« Nous avons de plus en plus de mal à trouver des enseignants titulaires, remarque le vice-recteur. Nous trouvons des titulaires qui veulent bien venir à Saint-Barthélemy mais ils ne trouvent plus de logement. Il s’agit donc d’une question cruciale dont tout le monde va devoir se saisir. Car si on ne trouve pas de solution, que va-t-on faire ? L’amicale des parents d’élèves se mobilise mais il faut trouver des solutions pérennes. Car si la question du logement n’est pas réglée, l’éducation nationale rencontrera de réelles difficultés. C’est un choix de société. » Ou un choix politique, mais le vice-recteur se garde bien de s’aventurer sur ce terrain. D’autant plus qu’il assure avoir constaté « une volonté réciproque avec la Collectivité » de parvenir à régler cet épineux dossier du logement.
Des enseignants qui renoncent à venir
Michel Sanz évoque la création de 250 « postes à profil » à l’échelon national. Une mesure dont Saint-Barthélemy et Saint-Martin vont profiter puisque l’académie de Guadeloupe s’est vue attribuer dix-huit postes dans le second degré et quatre dans le premier. « Et la rectrice a décidé qu’ils seront tous pour Saint-Barthélemy et Saint-martin, précise le vice-recteur. Dans le premier degré, trois postes seront pour Saint-Barth et cinq pour le collège dans le but de pérenniser l’enseignement bilingue. » Les nominations sont donc là. Problème, une fois encore, le logement. « Un professeur qui devait venir avec sa compagne et leur enfant a déjà renoncé, assure Michel Sanz, car il ne trouve pas de logement pour sa famille. Trois autres ont été retenus pour prendre un poste bilingue au groupe scolaire de Gustavia. Là aussi, ils n’ont toujours pas trouvé de logement. Ils risquent donc de ne pas venir. Je le répète, la question du logement est centrale. »
La perspective d’une rentrée compliquée
Le futur retraité se projette vers la rentrée 2022/2023 et déclare : « Si des postes sont vacants en septembre, on va être obligé de recruter des contractuels. Alors, il y en a, mais ce n’est quand même pas évident car ils sont moins payés qu’un titulaire. S’ils habitent déjà à Saint-Barthélemy, ça peut être envisageable, mais s’ils doivent trouver un logement... »
De son côté, l’amicale des parents d’élèves du groupe scolaire de Gustavia poursuit son travail et ses recherches afin d’offrir au rectorat des solutions pour accueillir dans les meilleures conditions les futurs enseignants. Encore faut-il que leur voix soit entendue et prise en considération. Quoi qu’il en soit, dans quelques jours, d’autres préoccupations accapareront l’esprit de Michel Sanz. Comme celles de couler une paisible retraite après 44 ans passés au service de l’éducation nationale.