La rentrée des classes a débuté lundi et se poursuit, échelonnée jusqu’à la fin de la semaine, dans les écoles et le collège de Saint-Barthélemy. Avec déjà des polémiques, puisque des enseignants manquaient à l’appel.
Depuis lundi et jusque demain, environ 1.300 élèves reprennent le chemin des écoles et du collège à Saint-Barthélemy. L’effectif exact sera connu en début de semaine prochaine. Une semaine de calage qui se retrouve aussi côté professeurs. Lundi, à l’école primaire de Gustavia, deux classes de CP n’ont pas pu avoir cours, leurs enseignants n’ayant pas signé de contrat avec l’Education nationale. Le lendemain mardi, six fonctionnaires de l’Education nationale dans les îles du Nord, conduits par Michel Sanz, représentant du recteur de Guadeloupe dans les deux îles, sont venus à Saint-Barthélemy. « On n’a pas été bons sur la rentrée, mais on a été réactifs puisque les contrats ont été signés ce matin (mardi, ndlr) », admet Dominique Boyer, inspecteur du 1er degré dans les Iles du Nord. Les deux enseignantes contractuelles étaient déjà devant des classes l’an dernier, avec toutes les garanties pédagogiques nécessaires. Comment expliquer alors ce retard au démarrage ? «Chaque année, c’est la même chose. On a des titulaires qui sont nommés fin juin – début juillet. Et fin août, ils ne viennent pas », explique Michel Sanz. Qui rassure : «Aujourd’hui, on a un maître devant chaque classe. » Tout n’est pas réglé pour autant. Dans le premier degré, cinq personnes doivent encore être recrutées, notamment des remplaçants.
Au collège Mireille-Choisy, la rentrée s’est bien déroulée aussi pour environ 350 adolescents. Mais là aussi, des postes de professeur sont vacants, six au total. Musique, technologie, EPS, SVT… «Hier soir, nous avons reçu un CV pour la musique, l’inspectrice dédiée va examiner la candidature », informe Michel Sanz. Apparemment, la plus grosse difficulté concernerait la technologie. «Mais il n’est pas question qu’il n’y ait pas de technologie cette année au collège Mireille-Choisy. La différence avec le premier degré, c’est que les cours que les enfants n’ont pas aujourd’hui, ils peuvent les rattraper au cours de l’année. Et admettons que dans les semaines qui viennent, on ne trouve personne : on mettra en place un dispositif via le Cned (*), avec un tuteur pour accompagner les élèves. »
L’obstacle, le logement
D’où viennent toutes ces difficultés de recrutement ? Ce n’est pas sorcier, le logement. La pénurie et la cherté des loyers découragent les candidats les plus motivés. Encore faut-il qu’il y en ait. Pour l’école primaire (1er degré), le recrutement se fait au niveau académique. Les enseignants formés en Guadeloupe veulent en général y rester, et le coût et la complexité d’éventuels aller-retour le week-end sont prohibitifs. Dans le second degré, « chaque année on a des “touristes”, des gens qui se signalent pour venir à Saint-Barth ; mais quand ils se rendent compte de la difficulté de se loger, ils renoncent. » Par exemple, trois personnes établies à Saint-Martin feraient affaire pour le cours de musique manquant. Mais elles ne veulent pas venir sur notre île, ne sachant où y vivre et à quel prix. Dominique Boyer ne voit qu’une solution : « Il va falloir que la Collectivité prenne des mesures. » Michel Sanz tempère : « Elle fait des efforts sur ce sujet, le Président y est très sensible. » Si plusieurs enseignants sont logés à bas prix dans des habitations appartenant à la Collectivité, ce n’est pourtant pas suffisant.
A moyen terme, Michel Sanz compte sur la construction du groupe scolaire tout neuf à la plaine des jeux de Saint-Jean. Libérée, l’école de Gustavia serait alors transformée en logements pour les enseignants. Il espère voir le projet se réaliser dans les deux ou trois ans qui viennent ; mais l’achat du terrain par la Collectivité n’est pas encore signé.
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Succès des classes bilingues
Depuis 2016, des classes bilingues ont été ouvertes de l’école maternelle au collège, une demande forte à Saint-Martin où nombre d’élèves sont anglophones de naissance, et à Saint-Barthélemy où la langue de Shakespeare est un atout dans quasiment tous les secteurs d’activité. D’ailleurs, cette volonté d’accentuer l’apprentissage de l’anglais était inscrite dans le programme électoral de Bruno Magras, en 2017. Pour mettre ce cursus en place, « nous avons un peu copié ce qui se fait dans les lycées français de l’étranger », explique Dominique Boyer. « Nous avons observé les enfants en petite section, et sélectionné une cohorte pour le bilinguisme. Cette première cohorte entre aujourd’hui en CE1. On est grosso modo sur un enseignement à 50-50 français et anglais, avec un enseignant pour chaque langue. » « Au CP, ils apprennent la lecture en français, ce qui n’est pas évident sur un mi-temps », ajoute Evelyne Fleming, conseillère pédagogique. « A Noël, ils savent lire. Et on constate qu’ils transfèrent les compétences de lecture en anglais. »
Dans le second degré, ceux qui ont commencé le bilinguisme en 6e entrent cette semaine en 3e. « Les enseignants en anglais viennent de Saint-Martin, et co-animent avec ceux de Saint-Barthélemy. C’est une symbiose pédagogique très intéressante pour eux aussi. » Les professeurs saint-martinois viennent sur la journée, aux frais de la Collectivité, et un vivier d’enseignants est en cours de formation à Saint-Barth. « Ces classes donnent de très bons résultats en terme d’aisance mais aussi de comportements », conclut Mme Fleming. « Elles ne regroupent pas forcément les meilleurs élèves, ce n’est pas élitiste. »
JSB 1340