Le président de la Collectivité n’est pas content et il entend le faire savoir. Dans une lettre adressée à la rectrice d’académie, Christine Gandloff-Ziegler, Bruno Magras évoque les nombreux dysfonctionnements qui émaillent la rentrée scolaire 2021/2022 à Saint-Barthélemy, au premier rang desquels figurent le manque d’enseignants. Des absences qui entraînent une perturbation de l’ensemble du système éducatif au niveau du groupe scolaire de Gustavia, principale victime d’un phénomène récurrent.
Absences et fermeture de classes
Dans son courrier daté du 21 octobre, Bruno Magras rappelle que cinq postes ne sont toujours pas pourvus au sein du groupe scolaire et remarque : « Aucune réponse ne peut nous être apportée sauf que les contrats ne sont toujours pas signés. A cela s’ajoutent les congés maladie qui se succèdent. » Des absences qui entraînent des fermetures de classes ou, pour la « toute petite section », une rentrée qui n’a pas encore eu lieu.
« Depuis la création de cette classe (la « toute petite section », ndlr), nous avons tout entrepris pour qu’elle soit adaptée de la manière la plus rigoureuse possible à l’accueil de très jeunes enfants, écrit le président de la Collectivité. L’enseignante est formée et titulaire à son poste mais elle est contrainte de prendre en charge une classe de CE1 en l’absence de nomination d’enseignant à ce poste. » Bruno Magras souligne alors les difficultés qu’engendre une telle situation pour les parents mais également pour la Collectivité. Les premiers « qui avaient abandonné les places que leurs enfants occupaient chez des assistantes maternelles » et la deuxième qui «est obligée de trouver des solutions de dérogation pour permettre aux parents d’assurer leurs obligations professionnelles ».
« Une image très déformée de l’école »
Le président de la Collectivité s’attarde également sur la position de la directrice de l’établissement, contrainte d’assurer l’enseignement pour les élèves de moyenne section tout en assumant ses fonctions. Sans oublier l’abandon des classes bilingues en raison de l’affectation de l’institutrice spécialisée à la grande section, dépourvue de professeur. Il en va de même pour la classe de CE1 (cours élémentaire première année) et celle de CM1 (cours moyens première année). « Aucune absence ne peut être prise en charge et seul le renvoi des enfants chez eux peut être proposé, constate Bruno Magras. C’est une image très déformée de l’école qui est renvoyée à la communauté. »
Les manques au sein des personnels enseignants n’est pas apparu comme par enchantement lors de cette rentrée scolaire. Il va sans dire qu’ils perdurent depuis des années, pour différentes raisons. L’une d’entre elle est bien entendu la difficulté croissante à trouver un logement au loyer abordable. Néanmoins, Bruno Magras balaye cet argument d’un revers de manche. « A ce jour, plus du tiers du personnel enseignant du collège est logé par nos soins et des enseignants de l’école élémentaire et maternelle sont aussi hébergés dans les logements de la Collectivité. »
« Très peu de retombées en notre faveur »
Si Saint-Barthélemy et Saint-Martin ne sont plus intégrées au Conseil académique de l’Education nationale en raison de leur statut de collectivités « à part entière », les deux îles restent soumises aux décisions des membres de ce Conseil. « Sans même pouvoir donner notre avis pour des décisions qui nous concernent », regrette Bruno Magras, qui précise sèchement à Christine Gandloff-Ziegler : « Le passage d’Irma avait balayé en un coup de vent des décisions qui avaient été prises au profit de nos collectivités, jusqu’à ce jour. Des instances ont été créées afin de permettre aux services de l’Education d’être plus proches de ces deux collectivités mais nous voyons très peu de retombées en notre faveur. »
Pour l’heure, la Collectivité assure qu’elle n’a reçu aucune réponse du rectorat au coup de colère épistolaire du président Magras. En période de vacances scolaires, sans doute faudra-t-il que l’élu s’arme d’un peu de patience avant de voir apparaître un courriel de retour dans sa boîte à lettre électronique. Quant aux enseignants du groupe scolaire, malgré une journée de grève destinée à exprimer leur mécontentement (JSB 1441) et l’intervention du président de la Collectivité, leur situation ne semble pas en passe de s’améliorer.