Saint-Barth - port commerce

Une année 2024 « exceptionnelle » pour le port

Qu’il s’agisse du trafic de passagers, de la plaisance, des escales de paquebots ou encore de celles des croisiéristes, le bilan d’activité de l’année 2024 s’avère, de l’aveu même du directeur des affaires maritimes Ernest Brin, « exceptionnel ». En réalité, pas un secteur ne s’affiche à la baisse. + 7,92% d’escales par rapport à 2023, +8,63% de passagers à bord des navires, + 6,45% d’escales de ferry, + 10,29% de passagers à l’arrivée et au départ, +14,31% d’escales de navires de croisière et + 4,96% de croisiéristes. Tout cela avec une gare maritime délocalisée en raison de travaux pendant plus de cinq mois.
Ernest Brin souligne également dans son rapport les évidents bienfaits du maintien des deux événements nautiques que sont la Bucket et la Cata Cup. Cette dernière lance la saison en novembre et a favorisé la présence de soixante équipages sur l’île pendant toute la durée de la compétition. « Ces manifestations nautiques confirment pleinement leur importance dans l’économie de notre île », insiste le directeur du port, tout en regrettant la perte des Voiles de Saint-Barth.

La plaisance en pleine forme
Dans le port de plaisance, si l’activité se révèle globalement plus importante que l’année précédente avec 5.150 escales de navires (4.742 en 2023) et la présence de 40.002 passagers enregistrés à leur bord (36.551 en 2023), certains mois ont été plus faibles que lors de l’exercice précédent. Si l’on se penche sur le trafic des passagers, cette tendance se révèle particulièrement marquante en août (-60,61%) et en septembre (-58,60%). En revanche, pour ce qui est d’une hausse de la fréquentation, les chiffres de juillet (+24,82%), d’octobre (+18,87%), de novembre (+17,24%) et de décembre (+21,46%) permettent de mieux saisir l’ampleur de l’affluence qui a submergée Saint-Barth, notamment pendant la « festive ».
Le nombre d’escales de navires de plaisance a atteint des pics lors des quatre premiers mois de l’année avant de suivre une courbe descendante jusqu’à une folle remontée en décembre avec une hausse de 22,71% des navires (907 contre 701 en 2023).

Trafic inter-îles
Étonnement, c’est en juillet et en décembre que le nombre de passagers s’affiche à la baisse en 2024 par rapport à 2023 (18.849 contre 19.075 en juillet 2023 et 24.202 contre 25.812 en décembre 2023). Les plus fortes hausses du nombre de voyageurs ont été constatées en janvier 2024 (+ 17,38% avec 25.341 personnes contre 20.935 en 2023), en février (+ 34,21%, 25.829 contre 16.993) et en juin (+ 17,29%, 21.064 contre 17.442).
Par ailleurs, il est surprenant de constater deux phénomènes différents en avril et en décembre. En avril, le nombre d’escales est en chute libre par rapport à 2023 (- 17,55%, 319 contre 375) alors que le nombre de passagers affiche une augmentation de 5,30% (24.629 contre 23.322 en 2023). A l’inverse, en décembre, le nombre d’escales est en forte hausse (+ 18,39%, 397 contre 324 en 2023) tandis que le nombre de passagers diminue (- 6,65%).
En 2024, 3.610 escales de ferries ont été comptabilisées. Il s’agit d’un record. 126.428 passagers ont été embarqués et 130.225 ont été débarqués. Là encore, il s’agit d’une barre jamais atteinte jusqu’à présent. C’est le Voyager qui a transporté le plus grand nombre de voyageurs (126.992), devant le Great Bay et Shantiwa (111.353).

Croisiéristes
Après trois années de disette (2020, 2021 et 2022) et une de relance (en 2023), les paquebots de croisières ont véritablement repris d’assaut le port de Saint-Barth en 2024. 183 ont fait escale l’année dernière (contre 157 en 2023). C’est évidemment encore loin des années record (204 en 2019 et 207 en 2015), mais tellement mieux qu’en 2020 (63), 2021 (37) ou encore 2022 (107).
Le nombre de croisiéristes est évidemment aussi à la hausse par rapport à l’exercice précédent. 84.736 en 2024 contre 80.532 en 2023. En 2019, 126.658 touristes voyageant à bord d’un paquebot de croisière avaient posé le pied à Saint-Barth. Une référence.

Gare maritime
Malgré son déplacement pendant plus de cinq mois, la fréquentation de la gare maritime à Gustavia n’a jamais été aussi élevée. 341.389 passagers y ont été recensés en 2024, contre 311.021 l’année précédente. Même en 2019, l’affluence avait été moindre (306.886 passagers).

Sur le port de commerce
Le port de commerce a, comme tous les ans, connu une activité bien remplie. L’année 2024 a notamment été marquée par une reprise du nombre d’escales des navires cargos. « Unique porte d’entrée pour l’approvisionnement de notre île, cette installation malgré son manque d’espace, reflète la très bonne santé de notre économie et ce, malgré un retard dans l’acheminement de certaines marchandises par containers au niveau mondial et en plus, causé par la coupe dans l’acheminement de ces containers faute de place de stationnement sur le port de commerce », explique le directeur Ernest Brin, qui ajoute : « Une installation très compliquée à gérer tant en matière de sécurité qu’en gestion d’espace. »
La problématique portuaire reste la même en 2024 qu’en 2023, le manque de place de stationnement pour les importateurs de marchandises.
« Il en est de même avec le manque de place pour le stationnement des conteneurs en augmentation perpétuelle, le manque d’espace pour la manutention et les voies de circulation qui sont utilisées pour la marchandise au sol », souligne Ernest Brin. Le directeur du port complète : «La zone industrielle de Public avec son port de commerce confirme que c’est un point névralgique où il faut absolument trouver une solution pour l’avenir afin de garantir une sécurité optimale. Aujourd’hui, il est devenu urgent de trouver des solutions pour donner du stationnement aux usagers du port de commerce comme pour les véhicules professionnels exerçant sur le port toute la journée. »

Une activité constante
Malgré tous ces inconvénients, le nombre d’escales de cargos reste constant avec 1.020 navires enregistrés en 2024. Le nombre de conteneurs est en très légère diminution par rapport aux années précédentes avec 8.263 unités comptabilisées (8.481 en 2023 et 8.646 en 2022). «Depuis plusieurs années, les sociétés connaissent de grandes difficultés dans la gestion du dépotage des containers de groupage par le manque d’abris, le manque de places de stationnement pour les marchandises, de linéaire de quais de dépotage, de possibilité à séparer les containers froids et secs », commente le directeur du port. Selon Ernest Brin, il est urgent de construire des abris supplémentaires.

L’importation de carburant à la hausse
En 2024, près de 43,2 millions de litres de gasoil ont été importés à Saint-Barthélemy. Soit environ trois millions de plus que l’année précédente. Des chiffres vertigineux qui sont évidemment à mettre en parallèle avec la consommation faramineuse de la centrale EDF de Public qui approche les 125.000 litres par jour. La consommation de l’usine EDF représente, à elle seule, plus de 39,8 millions de litres de gasoil importés. L’importation d’essence est, en comparaison, plus modeste avec un peu plus de 7,2 millions de litres en 2024.
Pour les marchandises importées, il est à noter qu’après une baisse significative en 2023 (40.140 unités contre 77.953 en 2022), les parpaings redeviennent tendance en 2024 (46.080 unités importées). Le sable diminue fortement (68.526 tonnes en 2023 pour 55.542 en 2024), comme le gravier (21.308 tonnes en 2023 pour 12.332 en 2024). Les importations de ciment, en revanche, augmentent très légèrement (19.159 tonnes en 2024 contre 18.483 en 2023).

Les produits de la mer
Depuis 2019, en accord avec la Collectivité et la Direction de la mer, la direction du port a la charge de délivrer les manifestes d’exportation des produits de la mer aux navires extérieurs à l’île qui transportent ces produits chez eux. Ces navires sont essentiellement de la Guadeloupe. En 2024, plus de 37 tonnes de poissons ont été exportées, contre seulement 24 en 2023. Devant ces données, la direction du port s’interroge : « Il est important de noter les quantités importantes de ces produits qui sont exportés et qui disparaissent de notre plateau d’où la question à se poser : ne faudrait-il pas commencer à réguler l’exportation des produits de la pêche comme cela se fait partout ailleurs afin d’assurer pour l’avenir, notre ressource pour les générations futures ? » Le projet d’implantation d’une usine de transformation des produits de la mer porté par le comité des pêches et la Chambre économique multiprofessionnelle devrait, peut-être, permettre de contribuer à la diminution des ces exportations.

 

Journal de Saint-Barth N°1600 du 23/01/2025

Une année 2024 record au port
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