Depuis le lundi 13 septembre, le “passe sanitaire” a été mis en place à Saint-Barth. Il est obligatoire pour les restaurants, les bars, les hôtels, les salles de sports et de fitness. Si la mesure a été immédiatement appliquée par les lieux concernés, elle s’est tout aussi rapidement heurtée à certaines incohérences. Que ne manquent pas de souligner des restaurateurs.
Perte d’une partie de la clientèle
« Je ne comprends pas ce passe, explique l’employée d’un établissement. Cela fait des mois que l’on accepte tout le monde en mettant en place toutes les mesures sanitaires de sécurité. Du gel, les masques, les distances, etc. Et là, d’un coup, on a une partie de la clientèle qui ne peut plus du tout venir. » Selon elle, la situation est pire qu’au plus fort de la crise. « On ne fait quasiment plus de couverts, alors on privilégie la vente à emporter », peste-t-elle.
Dans un autre commerce, la mise en application du “passe sanitaire” soulève moins de difficulté. « De toute façon on n’a pas le choix, sourit le patron. Après, on sait déjà que l’on va perdre des clients. Ils nous l’ont dit. Ils ne sont pas vaccinés donc ils ne viendront pas. En attendant, on continue à travailler. »
Le “passe” provoque également d’étranges situations. Comme de voir des clients prendre place et, à peine assis, quitter l’établissement parce qu’ils ne sont pas détenteur d’un document qui certifie de leur vaccination ou d’un test négatif. « C’est un peu ridicule cette situation, lance un homme. Je viens tous les jours et là je ne peux plus. Donc si on est vacciné, on est protégé, non ? Donc si des non vaccinés sont aussi là, les vaccinés ne risquent rien a priori. Du coup tout ça n’a pas de sens. »
Dans un autre restaurant, un client présente une photo de son QR Code. « J’ai réservé pour trois personnes », lance-t-il dans un sourire. Seul problème, la tablette ne parvient pas à saisir le code. Le client agrandit la photo, sans plus de résultat. « Comment on fait du coup? », demande-t-il, à la fois dépité et agacé. Le serveur ne sait trop quoi lui répondre mais, à son expression, la situation paraît sans issue. Finalement, après une série d’essais, le code est capté par la machine. Soulagement.
« Si ça continue, on va fermer »
Plus loin, le patron d’une boutique remarque : « Donc c’est obligatoire pour les restos et les bars mais pas pour nous. Ça m’arrange mais je ne sais pas si c’est très cohérent. » La cohérence, ou plutôt son absence supposée, c’est ce que dénonce une commerçante. « Cette gestion de la crise est incompréhensible, se lamente-t-elle. Maintenant que tout va mieux à Saint-Barth, on impose l’obligation vaccinale et on nous met le passe sanitaire dans les pattes. Je ne comprends pas où on va et j’ai l’impression que l’Etat ne le sait pas non plus. C’est le pire. »
En à peine quelques jours de mise en application, le “passe sanitaire” a révélé de réelles scissions. Pour les commerces, la perte de clientèle est déjà visible. Reste à savoir si cette tendance va perdurer et si elle sera nuisible aux affaires à courts et moyens termes. « De toute façon, si ça continue comme ça, on va fermer », soupire un restaurateur.