Samedi soir, en clôture de la Saint-Barth Smart Island, plusieurs entreprises ont signé un pacte qui les engage à réduire de 50% le gaspillage alimentaire à l’horizon 2025.
Quatre jours de conférences-débats sur la technologie appliquée à la protection de l’environnement et la prévention des catastrophes naturelles. La Saint-Barth Smart Island, événement organisé par la Chambre économique multiprofessionnelle, s’est terminée samedi soir avec une soirée consacrée à la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Une quinzaine d’entreprises s’engagent
En partenariat avec Xavier Corval, fondateur de la start-up Eqosphere qui accompagne les entreprises dans leurs démarches de réduction du gaspillage, la Cem a soumis aux entreprises locales un pacte d’engagement. Une centaine de sociétés locales (restaurants, supermarchés, restauration collective, traiteurs…) sont invitées à le signer. Trois premiers signataires se sont fait connaître samedi : le Manapany, le Bonito et Marché U. En signant ce pacte, ils s’engagent à diminuer de 50% leurs pertes alimentaires d’ici 2025. Depuis samedi, une quinzaine de sociétés ont effectué cette promesse.
Pour parvenir à cet objectif de réduction du gaspillage alimentaire, deux conférences en début de soirée devaient les aiguiller. Marc Janin, de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a d’abord détaillé l’ampleur du phénomène. « Au niveau mondial, 4 milliards de tonnes d’alimentation à destination des humains est produite chaque année, dont un tiers est jeté. On estime que 150 kilos de nourriture par an et par personne sont perdus en France. Dans le même temps, un Français sur dix vit dans la précarité alimentaire », explique l’expert. Après lui, Xavier Corval devait donner des “solutions smart pour Saint-Barth”, intitulé de la conférence, afin de lutter contre le gaspillage. Mais sur notre île, les leviers d’action sont plus rares que sur le continent. Zéro production locale ou presque, import de quasiment 100% des denrées… Depuis Saint-Barth, impossible de jouer sur les pertes qui surviennent au stade de la production et du transport. Hormis pour les produits de la mer : un tiers de la pêche française est effectuée à perte (chalutage, filets…). Mais ici, les marins pêcheurs utilisent des procédés très sélectifs qui limitent drastiquement cet énorme gâchis.
C’est donc au stade de la consommation (restaurants, distribution) que ça se joue. Xavier Corval détaille le processus qu’il recommande à ses clients : établir un diagnostic du gaspillage dans l’entreprise, former les salariés, analyser les effets des changements mis en place.
Pistes à retenir
Le public sera un peu resté sur sa faim quant aux solutions concrètes proposées. Mais sur les deux conférences, des pistes sont à retenir : dans les supermarchés, créer un poste de référent fruits-légumes, première denrée gaspillée, pour une gestion optimale des stocks et pour éviter le tripotage intempestif par les clients, qui peut gâcher les produits. Créer une zone de don à destination des particuliers ou une convention avec une association locale, qui pourra récupérer et redistribuer le surplus aux plus démunis. Mettre en place une vente de produits prédécoupés ou de smoothies pour ne pas jeter les produits frais abîmés. « Sur l’île, le volume de déchets traités est très important par rapport au nombre d’habitants », commente Xavier Corval. Qui recommande de développer un outil de prédictibilité du nombre de touristes (flux de l’aéroport, remplissage des villas…) sur l’île, afin que les acteurs puissent adapter leurs commandes. Selon Marc Janin, les grandes surfaces françaises qui ont engagé un programme de lutte contre le gaspillage alimentaire ont réalisé, en moyenne, une économie de 108.000 euros par an.
JSB 1332