Il ne s’agit pas de maîtriser la langue de Shakespeare. De fait, comme celle de Molière pour les francophones, peu d’anglophones en sont capables. En revanche, parvenir à converser aisément dans leur langue avec les clients, telle est l’une des exigences - a priori - requise pour travailler dans les établissements de Saint-Barthélemy. Rien de plus naturel quand il est précisé que la grande majorité de la clientèle s’exprime en anglais. Pourtant, après une série d’entretiens organisés par la Cem (Chambre économique multiprofessionnelle) entre la déléguée Antilles-Guyane de Umih, un organisme de formation professionnelle, et des responsables de nombreuses entreprises de l’île, c’est bien « un besoin criant » de compétences en anglais qui a été largement exprimé.
Trois besoins fréquemment évoqués
« C’est un besoin qui a été évoqué dans tous les secteurs », affirme Catherine Gombart, la déléguée régionale de l’Umih. Lors de son séjour, la semaine dernière, elle a été à la rencontre de professionnels de l’hôtellerie, de la restauration, des compagnies aériennes, du commerce ou encore du secteur locatif. « On a reçu un très bel accueil et la demande vis-à-vis des formations que l’on dispense a été assez large », assure-t-elle.
Au fil de ces entretiens, la déléguée régionale d’Umih a pu dégager trois griefs formulés régulièrement par les professionnels de l’île. Le premier, comme évoqué plus avant, est ce « besoin criant » de compétences accrues dans la maîtrise de la langue anglaise. Le deuxième n’est autre que la capacité à gérer une clientèle « difficile ». Il va sans dire que celle-ci implique également, dans la grande majorité des cas, une maîtrise de l’anglais. Quant au troisième besoin en matière de formation des personnels, il n’est finalement pas si éloigné des deux premiers puisqu’il a attrait « à l’attitude et au professionnalisme ».
Catherine Gombart a pu observer que les professionnels de l’île sont « très friands » lorsqu’il s’agit d’évoquer le thème de la formation professionnelle. « Il existe un vrai problème par rapport à la formation du personnel, rapporte la déléguée régionale de l’Umih. Or, nous avons des formations très spécifiques et on a la capacité de s’adapter en fonction du type d’établissement concerné. Je pense que notre venue peut permettre d’ôter un frein. »
« Conserver son attractivité »
L’Umih suit l’idée formulée par la Cem qui consiste à accompagner les jeunes de l’île dans un circuit de formation professionnelle qui leur permettrait de s’insérer durablement sur le marché du travail local. « Il faut que Saint-Barth conserve son attractivité et pour ça, il est indispensable de connaître l’esprit Saint-Barth ainsi que l’âme de l’île, insiste Catherine Gombart. Pour cela il faut parler de formation en incluant la typologie culturelle par rapport à une rationalité. » Former les saisonniers pour les fidéliser participe de cette réflexion. Comme la volonté admise par certains hôteliers de chercher à recruter des employés « plus âgé » dans l’espoir de disposer d’un personnel « plus sérieux ». Encore faut-il être en mesure de loger dignement ce personnel « plus âgé », donc plus exigeant, particulièrement s’il est davantage qualifié.
Quoi qu’il en soit, pour l’heure, l’objectif est d’accentuer les cycles de formation. « A chaque rendez-vous nous avons pu identifier les besoins des entreprises, explique Catherine Gombart. Nous allons ensuite leur faire parvenir nos propositions de formation et, si un accord est trouvé, monter les dossiers de financement. » En sachant que la Cem a chaudement recommandé aux entreprises de Saint-Barth de solliciter le Fonds national pour l’emploi (FNE) avant le 10 décembre (JSB 1444). Un dispositif qui permet de faire financer des formations dans leur intégralité.
Pour Catherine Gombart, il est indispensable de s’inscrire dans un cercle vertueux. « En s’assurant que les personnels ne soient pas blasés et qu’ils continuent à prendre plaisir à accueillir la clientèle », glisse-t-elle.