Illustration de la légère confusion qui règne autour du déconfinement différencié de Saint-Barthélemy. En France, dans des lieux publics ou privés, les rassemblements de plus de dix personnes seront interdits même après le 11 mai. Sur notre île, pourtant, ils resteront autorisés. Quoi qu’il en soir, les conséquences sont lourdes pour les professionnels de l’événementiel comme Nelly Roussel.
Mariages, anniversaires, fêtes : fondatrice de Gold’n’Guest Events, Nelly Roussel organise des événements à Saint-Barth depuis 10 ans. L’annonce du Premier ministre, de conserver après le 11 mai une interdiction des rassemblements de plus de dix personnes, a sonné le glas du seul événement qui lui restait cette année, un mariage en juin, qui concernait des habitants de l’île. Annulé il y a quelques jours à la demande de la Collectivité, au nom de ladite interdiction.
Et pourtant, hier soir, on apprenait que Saint-Barth ne serait pas concernée par la mesure, bien qu’Edouard Philippe ait demandé le report des mariages pour cette raison. Cela prouve que les règles du déconfinement sur notre île méritent encore, à moins d’une semaine du jour J, quelques éclaircissements !
Quoi qu’il en soit, la crise tombe au plus mal pour cette travailleuse indépendante : «Irma avait fait retomber le carnet de commande à zéro, on a eu une année blanche. A Saint-Barth des mariages se tiennent de novembre à fin juin ; cette année devait être la première pleine depuis l’ouragan. » Depuis le début de l’épidémie, elle compte deux annulations, deux reports, plus le dernier qui vient de tomber. Un mariage, un anniversaire, de gros événements qui étaient prévus en plein dans la période de confinement, en avril et mai. « J’avais un événement en novembre prochain, qui a aussi été annulé. »
Alors comme après Irma, elle pioche dans sa trésorerie, qu’elle a pu heureusement garnir un peu malgré les années 2017-2018 difficiles. «J’ai quand même fait un peu de chiffre de janvier à début mars. Ce qui m’inquiète, c’est que les clients me disent que sans les restaurants et les boutiques, ils ne viendront pas à Saint-Barth. » Si tous ces moteurs d’attractivité ne rouvrent qu’en novembre, « il faudra tenir huit mois comme ça. Je veux bien chercher un autre boulot, mais sans l’activité touristique sur l’île, je ne vois pas ce que je vais faire. Ce sera le système D, comme tout le monde. » Autour de ces événements gravitent de nombreux professionnels dont l’activité est directement liée à la fréquentation sur l’île : fleuristes, photographes, musiciens, techniciens, barmen… « Les groupes qui viennent pour des événements, c’est une activité non négligeable pour Saint-Barth. C’est un vrai coup dur. Il va falloir se renouveler, faire preuve de créativité. » Nelly Roussel n’a pas d’autre solution que de « vivre au jour le jour. Pour le moment, on ne peut pas se projeter. » Et positive : « J’ai bien organisé un mariage trois mois après Irma, les clients n’ont pas voulu annuler.»