La salle de la capitainerie abritait jeudi 16 mai une réunion d'information et d’échanges sur la conjoncture à Saint-Barthélemy présidée par le directeur Guadeloupe, Saint-Martin, et Saint-Barthélemy de l’Institut d'Émission des Départements d'Outre-Mer (IEDOM), Thierry Beltrand. Face à un auditoire de socio-professionnels, des directeurs du port et de l’aéroport et de quelques élus, Thierry Beltrand a présenté le rapport des indicateurs de 2023 et les premières tendances 2024 qui pour Saint-Barthélemy sont très élevés, et pourtant en baisse par rapport à ceux de 2022.
« L’Iedom, c’est la neutralité et l’indépendance. Elle étudie l’activité économique du territoire et livre un rapport annuel afin que les politiques puissent prendre des décisions », précise le directeur Guadeloupe, Saint-Martin, et Saint-Barthélemy. « Les chiffres sont là pour interpeler, attirer l’attention. » Si le tourisme est le principal indicateur de l’Iedom, le BTP, le financement et l’économie sont également à l’étude.
Légère baisse du trafic aérien en 2023
Pour Saint-Barthélemy, l’année de référence du trafic aérien est celle de 2016, avant Irma et pré-pandémie. « La très forte remontée du trafic montre une forte résilience, qui force l’admiration, pointe Thierry Beltrand. Même si en 2023 le trafic est resté à un niveau très haut , il a baissé de 7%, passant de 218.874 passagers en 2022 à 203.736 passagers l’année suivante. Et si on se penche sur le premier trimestre de 2024, le trafic aérien recule de 10%, passant de 71.358 passagers en 2023 à 64 135 passagers en 2024. En comparaison, le premier trimestre 2017, année de référence, enregistrait 60.458 passagers. Des chiffres qui concernent les touristes, mais également les résidents et les travailleurs. »
Un trafic maritime inter-île qui bat des records
Du côté du trafic maritime, le trafic inter-île bat de nouveaux records en 2023 avec 230.389 passagers soit une augmentation de 11% par rapport à 2022 et de +28% par rapport à 2019 (pré covid) et +17% par rapport à 2016 (pré Irma). « A noter que les trois quarts des passagers viennent de Philipsburg et qu’un quart viennent de Marigot», précise le rapport. Les chiffres du premier trimestre 2024 sont tout aussi bon puisque 78.768 passagers sont passés par la gare maritime. Soit une augmentation de +57% par rapport à 2019 et +29% par rapport à 2023.
Des croisiéristes en baisse
En 2023, le nombre de croisiéristes double sur un an, passant de 20.447 à 40.266 passagers. Il reste cependant inférieur (-36%) à 2019 ainsi qu’à 2016 (-19%). Quant au cumul à fin mars 2024, le nombre de croisiéristes stagne et reste inférieur (-36%) à 2019 sur la même période.
Ernest Brin, directeur du port donne l’explication de cette baisse : « C’est un choix politique de privilégier désormais les croisières très haut de gamme sur des navires de plus petite taille, et limiter le nombre de passagers. Les paquebots ont des suites plutôt que des cabines, pas de piscines géantes ni de tobogans mais une clientèle CSP++ (catégories socioprofessionnelles les plus favorisées) en recherche de tourisme zen et farniente pour des croisières qui coutent entre 12 à 15 000 euros par semaine. L’escale Saint-Barth est très appréciée et demandée, ils y restent plus longtemps : un jour et demi, avec au programme : sorties et restaurants. »
Le BTP également à la baisse
Contrairement au tourisme, l’Iedom a peu de données concernant le secteur du BTP. Ses indicateurs reposent sur la consommation de ciment et les crédits immobiliers.
Selon l’Iedom, la reconstruction post-Irma conjuguée à la forte attractivité de l’île auprès des investisseurs extérieurs ainsi qu’à la commande publique, ont favorisé le dynamisme du secteur. Mais il ralentit aujourd’hui. En 2023, la consommation de ciment est en baisse (-1% sur un an et -13% par rapport à 2021). À fin décembre 2023, les encours de crédits immobiliers sont toutefois en hausse de 7% sur un an (après +5% en 2022).
L’activité bancaire
Concernant ce volet, l’Iedom s’appuie sur les données de la Banque de France et constate que Saint-Barth est décidément à part : « Les crédits poursuivent leur forte progression annuelle à Saint-Barthélemy, tant pour les ménages que les entreprises… En effet, les entreprises sont les principaux bénéficiaires des crédits qui sont composés pour l’essentiel de crédits à l’habitat / Immobilier et à l’investissement », note le directeur de l’Iedom qui ne manque pas de souligner : «les banques à Saint-Barthélemy ont des conditions favorables avec de la ressource financière et pourtant cela n’impacte pas les taux des crédits qui restent élevés. »
Sur la distribution des Prêts garantis par l’état (PGE) après la pandémie, les banques « ont bien joué le jeu » indique l’Iedom. A Saint-Barth, 283 entreprises ont bénéficié d’un PGE pour un total de 72 millions d’euros. Soit 6% du nombre total de PGE accordés en Guadeloupe et dans les îles du Nord, mais 10% en montant. Le secteur du commerce en est le principal bénéficiaire, en nombre (29%). Mais en montant les hôtels et restaurants sont largement prédominants (42%). A fin juin 2023, 96% sont entrés en phase de remboursement avec un encours restant de 47,8 millions d’euros. 9% de PGE étaient intégralement remboursés et 76% ont étalé leur remboursement sur 6 ans (contre 59% au niveau national).
En conclusion, Thierry Beltrand, directeur de l’IEDOM remercie les socioprofessionnels de l’île pour le partage des données et la qualité de leur attente. Il les invite également à entendre les baisses, à les analyser et prendre des décisions.
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Thierry Beltrand : Entre admiration et appel à la prudence Après trois années d’exercice en Guadeloupe et dans les îles du Nord, le directeur de l’Iedom quitte la zone, pour rejoindre la Polynésie française. Le Journal de Saint-Barth l’a rencontré.
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