Les ports de France sont bloqués en raison du mouvement social contre la réforme des retraites. A Saint-Barthélemy, les conteneurs arrivent tout de même, les retards sont pour le moment contenus. Mais plus la grève dure, plus la gestion des importations est compliquée.
L’impact des grèves dans les ports de métropole sur l’importation de l’alimentation est encore limité, mais les supermarchés redoutent une aggravation de la situation et s’échinent à faire sentir le moins possible à leur clientèle les difficultés.
Super U indique subir des effets de la grève depuis le mois de novembre. « Cela ne se ressent pas sur les produits secs car nous avions anticipé les stocks de haute saison. En revanche, les produits frais sont les plus touchés car nous recevons seulement deux conteneurs tous les quinze jours, au lieu de trois par semaine », explique la direction du supermarché de Saint-Jean. « Nous cherchons d’autres moyens pour nous réapprovisionner mais les contrats d’exclusivité des fournisseurs bloquent beaucoup de possibilités. Le mouvement se durcit et nous sommes aujourd’hui dans l’incapacité de savoir exactement quelles en seront les conséquences. Mais pour sûr, tous les produits frais seront lourdement impactés. »
Du côté d’AMC, on s’attend également à des difficultés dans les semaines qui arrivent. « Nous savions que nous allions être impactés sur janvier de façon modérée, mais ce sera bien plus visible sur février. Nous ne sommes pas non plus à l’abri d'un mois de mars compliqué », indique le directeur des achats de l’enseigne. « Ces retards entraînent forcément des ruptures importantes des produits dans nos rayons d'autant qu’en plus des grèves, nous avons la météo qui n'est pas de notre côté, accentuant des décalages de livraisons. » Outre le non départ des marchandises, la difficulté de trouver des conteneurs disponibles, notamment pour les produits frais, complique aussi la tâche. Les conteneurs qui devaient partir du Havre sont déroutés vers Zeebruges, ceux qui devaient partir de Marseille partent de Barcelone. «Ces solutions creusent malheureusement d'une semaine supplémentaire en mer nos délais habituels, mais elles nous garantissent d'avoir une réception de nos marchandises. Un surcoût est inévitable mais nous comprenons que cet impact doit rester invisible pour nos clients, donc ces frais resteront à la charge de l'entreprise. » Pour compléter, AMC importe aussi depuis les Etats-Unis, notamment.
La CMA CGM, principal transporteur depuis la France, a anticipé en détournant ses conteneurs vers les ports étrangers. Selon AMTM, représentant de la compagnie maritime internationale sur notre île, l’impact est quasi-nul pour Saint-Barthélemy. D’autres professionnels du fret maritime sont plus mesurés : chez SAS et RMP Caraïbes, on évoque des retards dans la livraison de la marchandise, entre 15 jours et trois semaines. Une situation qui reste gérable pour le moment.
L’opération “ports morts” de la semaine dernière a fortement perturbé le fonctionnement des infrastructures du Havre, Dunkerque, La Rochelle, Marseille, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire et Bordeaux, la participation des salariés ayant été massive. Ils craignent de perdre la possibilité de partir en retraite deux ou trois ans avant l’âge légal, en raison de la pénibilité de leur emploi.
La CGT des ports et des docks a appelé mardi à poursuivre la grève jusqu’au vendredi 24 janvier, au moins.
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