Les habitants de Vitet sont régulièrement privés d’eau, mais avec la pénurie actuelle, ç’en est trop. Jean-René Laplace, ancien conseiller territorial de l’équipe Blanchard, et Bettina Cointre, élue d’opposition dans l’actuelle mandature, père et fille, tirent la sonnette d’alarme.
Les habitants de Vitet sont les oubliés dans la distribution de l’eau alors que paradoxalement nous avons chez nous un réservoir», commence Jean-René Laplace, habitant du quartier Vitet, dans une lettre ouverte qu’il a adressée au président Bruno Magras. « Je sais que la fourniture et la distribution d’eau “potable” ont été confiées à la Saur mais la Collectivité peut et doit intervenir en cas de force majeure. Il est impératif, Monsieur le Président, que tout le monde puisse bénéficier des mêmes services et qu’il n’y ait pas de laissés pour compte.»
Les grands esprits se rencontrent : Bettina Cointre, élue Tous Pour Saint-Barth, qui n’est autre que la fille de Jean-René Laplace, nous a elle aussi fait parvenir un communiqué, mardi. « Les quartiers en bout de réseau sont toujours les parents pauvres. Une île qui vit du tourisme doit certes savoir accueillir sa clientèle et lui fournir les conditions nécessaires pour lui permettre de passer un agréable séjour, mais ne doit pas pour autant sacrifier le confort de ses habitants, en tout cas les priver d'un accès à l’eau », souligne-t-elle. « Il est assez malvenu de demander à tout un chacun de faire des efforts, d’être patient et compréhensif, quand d’autres gaspillent ouvertement l’eau pour des choses bien moins essentielles que de pouvoir laver ses enfants… »
Les deux Saint-Barth en appellent à des mesures de la Collectivité. « Il existe des possibilités pour permettre d’alimenter en eau le quartier, mais pour cela il faut accepter de fermer provisoirement certains secteurs de l’île. Cela a déjà été fait par le passé », indique Jean-René Laplace.
« N’y a-t-il pas possibilité de répartir de manière plus équitable la ressource en eau ? De permettre à ceux qui n’en reçoivent pas depuis plusieurs jours, voir semaines, d’en bénéficier eux aussi ? » questionne Bettina Cointre. « Il semble essentiel que les acteurs du tourisme jouent aussi leur rôle en informant leurs clients sur la pénurie d’eau et leur demandent de limiter leur consommation. Que les hôtels et les villas limitent le remplissage des piscines et l’arrosage des jardins. N’est-il pas possible de limiter la production de béton ? » Et de conclure : « La Collectivité a certes délégué le service de distribution de l’eau mais elle peut et devrait fixer des priorités pour que l’équité soit respectée et que l’eau puisse arriver jusqu’à chacun. » Credo partagé par son père qui espère « avoir éveillé » chez le Président son « sens de l’égalité entre les citoyens. Il vous appartient de faire en sorte que cette équité soit rétablie et vous en avez les moyens, j’en suis persuadé. »
Retour à la normale en fin de semaine
Côté Saur, l’éventualité de coupures prévues à l’avance n’est pas abandonnée. « Cela peut être réfléchi, car en effet, ce sont toujours les habitants de Vitet qui trinquent », indique Maëlle Servanton, responsable de la Saur Saint-Barth. « Mais avant d’enclencher quoi que ce soit, il faut attendre que le réseau soit stabilisé et que le yoyo cesse. Cela devrait être le cas en fin de semaine. »
La décision de couper l’eau à tel ou tel secteur n’est pas si simple. Saint-Jean et Lorient, sur la canalisation principale, ne peuvent pas être coupés (sans quoi toute l’île le sera). Les endroits “sensibles” (hôpital, établissements scolaires) doivent être pris en compte. «On est pris à partie par chaque quartier. Si on coupe Marigot et Grand-Cul-de-Sac, qui représentent un grand nombre d’abonnés, ils se diront aussi “pourquoi nous et pas les autres”, etc. »
Pour rappel, la semaine dernière, la Saur avait mis en place un calendrier de coupures d’eau afin de répartir la ressource. Mais il n’a eu aucun effet puisque la veille de la coupure de leur quartier, les habitants remplissaient toutes leurs réserves, laissant le réseau et les réservoirs à sec.
Un incident ayant abaissé la capacité de production d’eau de la Sidem, il y a une quinzaine jours, le réseau met un peu de temps à retrouver sa capacité de distribution normale.
JSB 1325