En charge de l’environnement, la vice-présidente de la Collectivité Micheline Jacques revient sur la problématique de la poussière de ciment qui recouvre le quartier Public. Outre la remise en cause du projet photovoltaïque sur le site de propreté, la question sanitaire se pose.
C’était la tête de gondole de la politique de transition énergétique de la Collectivité : l’installation sur l’une des toitures du site de propreté de 2.400 m2 de panneaux photovoltaïques. Contrat signé avec les opérateurs, la société Eco Delta et EDF, et théoriquement, la phase d’installation devait débuter. Sauf que… Avec la poussière de ciment générée par les centrales à béton, qui recouvre l’ensemble de la zone industrielle, le projet a du plomb dans l’aile. Impossible que les panneaux fonctionnent correctement s’ils sont nappés de cette couche de poussière blanche.
« On ne peut que s’inquiéter pour nos poumons »
Micheline Jacques, vice-présidente de la Collectivité, a convoqué début avril les gestionnaires des centrales à béton pour leur exposer le problème. « Des mesures rapides peuvent améliorer les choses », assure-t-elle. Mais « avant de parler des problématiques d’ordre technique, nous sommes tous conscients que cette poussière est avant tout un véritable problème de santé publique, tant pour les riverains que pour les employés qui fréquentent la zone. Lorsque l’on constate l’état d’encrassement des filtres des moteurs EDF, les moteurs des chambres froides ou encore des climatiseurs, on ne peut que s’inquiéter pour nos poumons… »
Les personnes qui vivent ou travail dans le quartier de Public sont les premières touchées par les poussières de ciment, associées aux fumées des moteurs EDF et à une circulation dense. Selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), les poussières de ciment sont à l’origine de nombreuses pathologies respiratoires (asthme, atteintes pulmonaires, irritations, rhinites, bronchites…). Leur effet cancérogène n’est pas exclu par l’organisme, mais n’a pas été clairement démontré.
Pour améliorer la qualité de l’air du quartier Public, Micheline Jacques souhaite agir sur trois points : l’acheminement des matières premières, leur stockage, et la production de béton proprement dite. « Lors du transfert des matériaux des barges vers les différents sites, les camions sont très chargés et la vitesse de circulation entraîne des nuages de poussières. Il est préconisé de limiter le remplissage des camions aux ridelles et limiter la vitesse de circulation », explique-t-elle.
Brumisateurs ou aspirateurs
Contre les poussières qui volètent partout dans le quartier, au bon vouloir d’Eole, Micheline Jacques a suggéré aux entrepreneurs de limiter le stockage « en deçà des murs. » Autre idée, installer « un système de brumisateurs qui empêche les nuages de poussières. Cela nécessite un renforcement de l’accès à l’eau par la pause de compteurs plus adaptés aux besoins. » Alors que la production d’eau est déjà ponctuellement insuffisante pour subvenir à la demande de la population, cette solution semble peu réalisable à court terme. « Les discussions sont en cours avec la Saur », assure pourtant l’élue. Autre solution imaginée pour limiter la dispersion des poussières, l’installation de sortes d’aspirateurs, mais « ils nécessitent une puissance électrique importante.» Là aussi, ça coince avec une centrale électrique qui tourne déjà à plein régime. « Des échanges sont engagés avec EDF pour trouver les solutions adaptées. »
Avant tout, une mise aux normes généralisées des centrales à béton s’impose. « Le système actuel utilisé par l’une des centrales n’est pas adapté, des études sont lancées de manière à répondre à la demande tout en respectant des normes drastiques. Des améliorations ont été apportées mais elles restent insuffisantes. Les responsables des centrales sont tout à fait ouverts à des conseils de la DEAL (Direction de l’environnement, l’aménagement et du logement, ndlr) dans le but de leur donner un appui logistique sur les améliorations à apporter. » Et de féliciter, sans la citer, la société de production de béton qui a d’ores et déjà déposé un projet auprès de la Collectivité visant à limiter son impact poussiéreux sur le quartier.
Si la vice-présidente assure que des pistes de travail existent, le temps de les étudier, les financer, les mettre en place et vérifier qu’elles fonctionnent, les panneaux solaires, eux, ne sont en tout cas pas prêts d’être installés sur les toits du site de propreté.