Le rideau est définitivement tombé sur la saison touristique. Le moment est donc venu pour le Comité du tourisme d’en dresser le bilan. Pour ce faire, sa présidente Pascale Minarro Baudoin s’est fendue d’un long communiqué qui a été diffusé sur un réseau « social » le 22 août. L’élue territoriale en profite aussi pour remettre le couvert et adresser de nouvelles réprimandes aux restaurateurs dont les pratiques commerciales irrespectueuses ont été dénoncées au cours de la saison.
Dans un premier temps, Pascale Minarro Baudoin évoque la baisse de la fréquentation de l’île constatée « pendant plusieurs mois ». Elle explique que ce phénomène « a été attribué à l’augmentation des tarifs des hôtels et des propriétaires de villas, profitant de périodes exceptionnelles telles que la Bucket Regatta pour majorer leur prix ». La présidente du CTTSB rappelle alors qu’un courrier a été envoyé à tous les propriétaires afin de les «sensibiliser » à cette situation et à les « inciter à une réflexion collective sur l’intérêt d’une politique touristique raisonnable sur le long terme ». L’élue pondère toutefois son propos en précisant que les logeurs et hôteliers ne sont pas les seuls responsables de cette évolution. Ainsi, elle « souhaite attirer l’attention de certains restaurateurs ».
Une réputation à maintenir
Comme en milieu de saison, lorsque des plaintes de clients avaient été déposées contre plusieurs établissements de l’île, Pascale Minarro Baudoin pointe du doigt les pratiques douteuses de quelques enseignes qu’elle prend soin de ne pas citer. « En collaboration avec la collectivité, les hôteliers et les loueurs de villas, le comité du tourisme déploie des efforts importants en matière de promotion envers nos visiteurs, les agents de voyage et les médias afin de conserver une image intacte, écrit-elle. Les restaurateurs font aussi partie de l’offre touristique et se doivent aussi de participer au maintien de la réputation de l’île. »
La présidente du CTTSB estime qu’il est « impératif de faire un examen minutieux des pratiques commerciales de certains restaurateurs et de les évaluer au regard des impacts dévastateurs que celles-ci peuvent avoir sur la réputation de l’ensemble de la destination ». Pascale Minarro Baudoin évoque la «dérive des pourboires forcés» qui, assure-t-elle, « a enfin été corrigée par certains établissements ». Elle précise qu’après les contrôles effectués par les services de l’Etat, vingt établissements seront prochainement sanctionnés.
« Ecœurés par de tels procédés »
L’élue territoriale mentionne d’autres dérives telles que l’exigence par des restaurants de « bons de réservation avec des garanties de paiement » qui peuvent valoir des sanctions financières aux clients en cas d’annulation tardive («Jusqu’à 280 euros par personne », écrit-elle). Elle cite également l’obligation d’une dépense minimale imposée par d’autres enseignes lors de la réservation. Pascale Minarro Baudoin assure que leur montant peut atteindre 1.000 euros. Néanmoins, elle peut être encore bien plus élevée. «Ecœurés par de tels procédés, certains clients optent pour des chefs à domicile », constate-t-elle. Une tendance très en vogue sur l’île tout au long de la saison, en effet.
En conclusion, la présidente du CTTSB formule une menace à l’encontre des restaurants qui se rendent responsables de telles pratiques. Ainsi, elle indique : « S’il le faut, le CTTSB publiera une liste des établissements recommandables et respectueux des clients afin que ceux-ci sachent où ils seront bien reçus. » Un écrit pour le moins déterminé qui a été appuyé par le président de la Collectivité, Xavier Lédée, lors de son discours de la Saint-Barthélemy.
Pour l’heure, la CTTSB travaille à l’élaboration d’une charte de bonne conduite avec les restaurateurs et les hôteliers. Dans l’espoir que celle-ci incitera les professionnels du secteur peu scrupuleux à ne pas « déraper » lors de la prochaine saison.
Une enquête à charge contre Saint-Barth
Le 8 août dernier, un article publié sur le site de la revue floridienne Palmer (Palm Beach Reader) n’a pas manqué d’attirer l’attention de nombreux habitants de Saint-Barth. Rédigé par son rédacteur en chef, Michael Gross, auteur de best-sellers et collaborateur de nombreux titres prestigieux tels que le New York Times, le New York Magazine ou Vanity Fair, il s’agit d’un véritable brûlot contre Saint-Barthélemy et ses dérives diverses et variées. Sous le titre « Nuages à l’horizon à Saint-Barth », l’ancien chroniqueur du New York Time décrit une île « perdue en mer » en raison de son surdéveloppement, « de ses investisseurs tape-à-l’œil et de ses pâtes aux crevettes à 70 dollars ». Et ce n’est que l’introduction… Le trafic routier devenu oppressant, « les collines pleines de travaux », la présence envahissante d’influenceurs, Michael Gross prend soin, par le biais de nombreux témoignages, de décrire une île qui ne semble plus du tout correspondre à celle que ses interlocuteurs ont connue et aimée. Il évoque également « les groupes hôteliers de Miami à Saint-Tropez en passant par Paris et Boston qui sont plus intéressés par l’ingénierie financière dans un environnement réglementaire laxiste que par le bien-être de leur clientèle ». Sans oublier les pourboires forcés, le service qui n’est pas toujours à la hauteur et des tarifs qui ne cessent de s’envoler. « Pour ceux qui ont connu Saint-Barth il y a des années, tout ça pue plus que des sargasses échouées depuis plus d’une semaine », écrit l’auteur, qui ajoute : « Ce n’est pas parce que votre clientèle est riche qu’elle est intelligente. Ainsi, par à-coups depuis plus d’une douzaine d’années, les habitants et la Collectivité ont connu la rançon du succès. L'île insouciante est un microcosme, une fenêtre sur les tendances du voyage et des loisirs haut de gamme, sur l'évolution de la jet set, sur les effets de la concentration des richesses, le déclin des normes sociales et les effets néfastes de tout cela. » Bref, il n’est pas tendre avec Saint-Barthélemy version 2023. En sachant qu’il dispose d’une audience relativement large, il ne fait guère de doute que son pamphlet n’a pas été lu que par les élus et les habitants de l’île… (Lien vers l'article paru sur le site de Palmer)