Passe d’armes entre une fédération de professionnels du
bâtiment et la ministre du Travail. L’Etat permet la poursuite des chantiers de
BTP malgré le confinement, en invitant les chefs d’entreprise à prendre les mesures
nécessaires pour protéger leurs salariés. Mais plusieurs fédérations régionales
de BTP ont lancé des appels à suspendre les chantiers, afin de se plier au
confinement général. Interrogée jeudi 19 mars sur LCI, la ministre du Travail Muriel
Pénicaud s’est dit « scandalisée » de ces appels à cesser les
chantiers, et a dénoncé un « manque de civisme ».
« La règle, c’est de rester chez soi sauf pour aller chercher de l’alimentaire, pour aller voir un médecin et pour aller travailler. C’est important d’aller travailler. Je veux le dire, la caissière, le chauffeur-livreur, celui qui met en rayon… Ils ont un rôle essentiel pour la Nation », a-t-elle détaillé. « On a besoin de tout le monde sur le pont, bien sûr avec des précautions. Il faut que l’activité économique continue. »
La Capeb, qui représente les artisans du bâtiment, a appelé en Rhône-Alpes à cesser les chantiers. Elle s’est indignée de la réaction de Muriel Pénicaud. « Comment vous pouvez penser que nos clients vont accepter de recevoir nos salariés chez eux afin de réaliser des travaux ! Comment vous pouvez également concevoir de faire supporter aux chefs d’entreprises la responsabilité de convaincre leurs salariés de travailler dans un contexte de terreur mis en place alors que leur travail n’est pas une urgence indispensable à la survie de notre population (…) ? » écrit la Capeb dans un communiqué, rappelant la phrase prononcée six fois par Emmanuel Macron dans sa dernière allocution : « Nous sommes en guerre ».
Les représentants du secteur du BTP demandent des directives claires. « Que devons nous faire ? Les messages brouillés ne nous facilitent pas la tâche, la situation étant déjà bien compliquée pour nos secteurs », complète le responsable du syndicat de la rénovation énergétique Symbiote.
A Saint-Barthélemy, le fait que les chantiers se poursuivent a hérissé pas mal de résidents confinés. Plus de 20% des salariés sur l’île travaillent dans ce secteur. Plusieurs grosses sociétés de BTP ont décidé dès le départ de suspendre les chantiers, d'autres poursuivent. La Collectivité a pris mercredi un arrêté pour interdire les travaux bruyants, en particulier l’usage des BRH et des marteaux-piqueurs.