Pascale Minarro-Baudouin, la présidente de l’association des agences immobilières, dresse un bilan satisfaisant de la saison estivale.
Le 16 mars, lorsque les autorités ont annoncé la fermeture des frontières, les touristes présents dans les villas ont quitté l’île. Quelques-uns ont décidé de se confiner sur place en prolongeant leur séjour jusqu’à la fin août. Mais pour la plupart, ils sont partis puis revenus établir leur résidence à Saint-Barth début juillet. « En juin, on n’avait pas trop de monde parce que c’était le moment où ils souffraient beaucoup de l’épidémie aux Etats-Unis. » Les Américains constituent la principale clientèle de cette saison estivale. « Il y a eu une sélection naturelle d’une clientèle haut-de-gamme », analyse Pascale Minarro-Baudouin, présidente de l’association des agences immobilières. L’aéroport international de Sint-Maarten étant resté fermé aux ressortissants des Etats-Unis jusqu’au 1er août, l’itinéraire le plus simple était Porto Rico. Cependant, cette destination est uniquement desservie par la compagnie Tradewind, qui s’adresse à des voyageurs aisés.
Des clients dépensiers
Ce tourisme de luxe a participé à la survie de l’économie touristique pendant la saison estivale. Pascale Minarro-Baudouin a remarqué que les clients étaient « consommateurs ». Demande de chef étoilé, de massage ou encore de randonnée et plongée, ils ont sollicité les nombreux services de l’île. Après une baisse du chiffre d’affaires de 15 à 20% sur les villas, les mois de juillet et août ont été indispensables pour rebondir. « En termes de chiffre d’affaires, on a quand même remonté le manque à gagner des mois de mars, avril, mai et juin. »
Une tendance à la prolongation des séjours montre que les voyageurs ont apprécié leurs vacances à Saint-Barth. Pour la présidente, l’une des raisons principales est la possibilité de faire du télétravail. « Certains en faisaient déjà chez eux mais ils ont préféré continuer depuis Saint-Barth.» Le déploiement de la fibre optique sur l’île sera donc un moyen privilégié de favoriser l’économie touristique. «C’est parfait pour développer un tourisme plus sédentaire. » Tout comme l’hôtel le Village (lire par ailleurs), Pascale Minarro-Baudouin a reçu des demandes d’Américains qui souhaiteraient passer tout l’hiver à Saint-Barth.
Malgré ces nouvelles réservations pour le mois de novembre, le niveau d’activité pendant la haute saison reste difficile à prévoir. « On navigue à vue », admet la présidente. Les agences immobilières constatent l’hésitation de nombreux clients. D’une part, les personnes âgées ou à risque craignent de voyager dans ce contexte de pandémie. D’autre part, le frein financier bloque de nombreux touristes. La politique habituelle de réservation exige de payer les soldes soixante jours avant le séjour. « Beaucoup nous ont demandé de rétrécir ce délai pour payer plus tard. » Comme les hôtels, les villas de location ont assoupli leur politique d’annulation. L’association des agences immobilières a mis en place une “clause Covid” qui permet un remboursement en cas de fermeture des frontières. « Les propriétaires ont bien joué le jeu », observe avec soulagement Pascale Minarro-Baudouin.
Les agences se sont également organisées pour respecter à la lettre le protocole sanitaire. Chaque voyageur doit envoyer la copie de son test PCR, afin que les loueurs les dirigent vers le laboratoire sept jours après leur arrivée. Selon les mots de la présidente, les Américains comme les quelques Français qui occupaient les villas se sont montrés très respectueux du protocole.
Il semblerait que les touristes aient davantage été surpris par les nombreux travaux de voirie sur l’île. «Ils comprennent que c’est pour une amélioration de la circulation en haute saison, mais ils ne s’attendaient pas à en avoir autant en même temps.» La communication entre les agences de location et la Collectivité a donc été primordiale pour prévenir les clients des changements de circulation.