Saint-Barth - Inflation

L’inflation galopante n’épargne personne

Depuis des mois, les prix flambent. Un phénomène qui touche tous les secteurs d’activité et qui continue de s’accentuer. Du carburant aux matières premières en passant par les produits ménagers, rien ni personne n’est épargné. Et pour chaque hausse encaissée par les professionnels, les consommateurs en ressentent les effets. Pour expliquer cette inflation galopante, deux événements successifs et majeurs sont avancés : la crise du Covid puis la guerre en Ukraine. Le premier a eu un effet pour le moins néfaste sur les coûts du fret partout dans le monde. Le second a eu une conséquence presque immédiate sur les tarifs du fuel et du gaz. A Saint-Barth comme ailleurs, personne ou presque n’a échappé aux conséquences de ces crises successives. A commencer par les commerçants.
Dans un premier temps, tous les professionnels ont subi la hausse du prix du fret. Quel que puisse être le produit importé, dès lors qu’il voyageait par voie maritime, les prix ont flambé. Un conteneur passant de quelques milliers d’euros à plus de dix mille pour atteindre parfois 17 à 18.000 euros. Dans le même temps, pour compenser ces hausses, c’est le prix des produits qui a grimpé en flèche. Les secteurs de la construction, déjà amoindris par des pénuries de matière (certains bois, notamment), ont été les premiers touchés. Des grosses entreprises aux plus petits artisans. Aujourd’hui, tout le monde peut ressentir le poids de cette inflation.

Hausse du prix du blé de 50%
Dans une des boulangeries de Saint-Barth, la directrice d’exploitation nous explique : « L’augmentation du fret a été énorme. Sur un sac de farine à 15 euros, par exemple, on paye 7 euros de fret quand ça vient de Métropole. Et puis, pour tous les boulangers, le prix de notre blé a augmenté de 50%. Il y a eu une hausse de 25% le 7 février et une autre, encore de 25%, en avril. » La directrice constate que « toutes les matières premières ont augmenté » et détaille : « Le cacao, la farine, le blé... et le beurre ! Il a pris 20%. »
Par conséquent, la commerçante est dans l’obligation de répercuter ces envolées sur la vente de ses produits. « On le fait le moins possible, mais à Saint-Barth plus qu’ailleurs, on n’a pas le choix. Il faut aussi penser aux loyers qui ont augmenté. Pour les logements d’une partie du personnel et pour le dépôt. Les petits jeunes qui viennent et qui sont motivés, s’ils sont mal logés et mal payés, ils ne restent pas. » Pour surnager, la directrice augmente légèrement ses prix (« C’est la première fois que je les augmente comme ça », regrette-t-elle) et limite ses achats. «On guide aussi toute l’équipe vers le zéro déchet, insiste-t-elle. On ne peut pas se permettre de jeter. »

« Quatre augmentations depuis le début de l’année »
Dans un autre secteur d’activité, en l’occurrence la vente de carrelage, une entrepreneuse de l’île rappelle que c’est d’abord le Covid qui a mis un coup d’accélérateur aux prix. «Avant et après le confinement, la ligne (maritime, ndlr) entre l’Indonésie et les Antilles a augmenté de 400%, explique-t-elle. Des petites compagnies qui faisaient du transport de port à port ont été rachetées par des grosses qui ont augmenté les prix. » Elle évoque les mois d’attente avant qu’un conteneur ne soit libre. « Sauf si on accepte de payer beaucoup plus cher », souffle-t-elle.
Chez ses fournisseurs, elle mentionne des hausses régulières de 10 à 30%. «Avec trois à quatre augmentations par fournisseur depuis le début de l’année», se lamente-t-elle. Comme les autres commerçants, elle se voit dans l’obligation de répercuter toutes ces hausses sur le prix de ses produits. « Sans oublier le problème du dollar, ajoute-t-elle. Avant, quand on achetait le conteneur avec un dollar à 1,20 euro, ça allait. Mais maintenant, ce n’est plus la même histoire. » Parallèlement, elle regrette que des professionnels se laissent aller à la spéculation. « Les gens savent que ça va augmenter, donc ils commencent à répercuter la hausse sur des produits qu’ils ont en stock, alors qu’ils les ont achetés avant l’augmentation », regrette-t-elle.

59,50 euros la caisse de laitue
Dans la restauration, les difficultés rencontrées sont évidemment du même ordre. Pour illustrer cet état de fait, un restaurateur avance un récapitulatif de ses achats comparés entre le mois d’octobre 2021 et le mois de juillet 2022. La caisse de laitue est passée de 39,90 euros à 59,50 euros, le bidon d’huile de friture de 67,90 euros à 92,30 euros, la caisse d’oignons de 31,60 euros à 42,90 euros, etc. Depuis le début du mois de septembre, le prix des produits continue de grimper.
Pour les consommateurs qui n’auraient pas encore remarqué l’ampleur de ces hausses de prix, nul doute qu’ils devraient ouvrir les yeux lorsqu’ils apercevront les tarifs qui seront pratiqués dans quelques mois, au mieux, ou dans une poignée de semaines, au pire.

 

Les compagnies aériennes grappillent les euros
Depuis le début de l’année, rares sont les compagnies aériennes qui ne se sont pas fendues d’un communiqué afin d’expliquer au public et à sa clientèle les raisons pour lesquelles elles n’ont plus d’autre choix que d’augmenter leurs tarifs. Mais la plupart des compagnies ont également réfléchi au moyen de grappiller le plus d’euros possibles pour compenser la hausse du prix du carburant. La taxe
« YQ », qui n’est d’ailleurs pas une taxe au sens législatif du terme mais juste un élément tarifaire constitutif du prix et qui désigne la surcharge carburant. En juin dernier, Air Caraïbes l’a augmentée de trois euros sur le réseau régional pour tous les billets, mais également de 30 euros sur son réseau long courrier, là encore sur tous les billets. La même compagnie a fait passer son « pass lounge » de 30 à 40 euros.
Air France, KLM, Delta Airlines et Virgin Atlantic n’ont pas fait autrement puisqu’elles ont répercuté la hausse sur leurs vols en faisant la distinction entre les allers simples et les allers-retours. Des augmentations qui oscillent entre 21 et 200 euros selon les trajets et les classes.
Pour mémoire, en raison de ces hausses des prix du carburant, Air Caraïbes a choisi de suspendre sa ligne entre Paris-Orly et l’aéroport Juliana de Sint-Maarten à partir du 13 décembre.

Journal de Saint-Barth N°1485 du 15/09/2022

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