Avec la réorganisation forcée du secteur aérien après Irma, des pilotes privés profitent de la situation pour facturer des voyages à prix d’or. Une activité complètement illégale.
Entre le 10 septembre et le 31 décembre, les mouvements d’avion enregistrés par l’aéroport de Saint-Barthélemy sont 45 % moins nombreux. Parallèlement, l’activité des vols privés ou charters augmente, elle… de 45 %.
« Tout ce que les compagnies commerciales n’arrivent pas à transporter, les pilotes privés ont pris le relais », observe Fabrice Danet, directeur de l’aéroport Remy de Haenen. « Certains profitent de la situation pour facturer le vol 700 euros par passager, et font des rotations un peu trop régulières… ça s’apparente à du transport public, mais sans compagnie aérienne. »
Cette pratique est complètement illégale. En effet, un pilote privé a le droit de proposer du « coavionnage », c’est à dire le partage des frais avec d’autres passagers, pour éviter que l’avion ne vole à vide, dans une certaine limite. Mais il n’a pas le droit d’en faire une activité commerciale en tant que telle.
« On assiste clairement à une dérive »
La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) suit de près le phénomène, et aurait même ouvert récemment une enquête contre un pilote privé établi en Guadeloupe. Un cas qu’elle se refuse à commenter.
« On est bien conscients qu’un certain nombre de petits malins profitent de la situation créée par le cyclone. Actuellement, notamment vers les Îles du Nord, il se passe pas mal de choses », indique toutefois Marc Balland, responsable du département surveillance de la DGAC. « On assiste clairement à une dérive, car les vols privés s’organisent. Les tarifs pratiqués indiquent que ce n’est pas du partage de frais, le client paie souvent trois fois le prix d’une heure de vol. »
Quels protocoles de sécurité ?
La DGAC a déjà conçu un plan d’action pour lutter contre cette pratique, il y a quelques années. Il s’agit principalement, avant les enquêtes, de faire de la prévention et information aux voyageurs, qui ignorent parfois le caractère illégal de ces prestations. « Des pilotes ont déjà été sanctionnés par le passé. Récemment, on a fait de la dissuasion massive, c’est vraiment un sujet qui nous préoccupe. » Car le risque est grand : en cas d’accident, les questions d’assurances et d’indemnisation sont très éloignées de celles en vigueur pour une compagnie aérienne.
« De plus, au niveau de la sécurité, ce n’est pas du tout la même chose », ajoute Marc Balland. Les privés qui s’adonnent au transport illicite de passagers risquent de lourdes sanctions pénales, jusqu’à l’emprisonnement.
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