Lassée d’un « manque de communication » de la part de la collectivité, une délégation du Comité des pêches de Saint-Barth a débarqué à l’improviste, dans la matinée du lundi 13 mai, devant le bureau du président Xavier Lédée. Calmes mais déterminés à obtenir des réponses, les pêcheurs ont réclamé une entrevue. Sans doute en réunion dans une autre aile de l’hôtel de la Collectivité, Xavier Lédée est arrivé quelques minutes plus tard. Non sans afficher sa surprise. « On a déjà envoyé deux courriers qui sont restés sans réponses », explique David Malespine, membre du bureau du Comité. « On fait tous des mails dans nos bureaux et on n’a pas de réponse », renchérit un pêcheur. S’ils ont investi la Collectivité, c’est aussi pour exprimer leur mécontentement. « Depuis janvier, on attend le remboursement des treize centimes qui a été promis, lance un pêcheur. Tout le monde est tendu. » Pour mémoire, la Collectivité s’est engagée à fournir le litre de carburant à un euro aux pêcheurs professionnels, après leur avoir accordé une première réduction portant le prix à 1,13 euro. L’engagement portait également sur le remboursement des dépenses faites sur ces treize centimes jusqu’au passage à un euro. Xavier Lédée s’efforce alors de détendre l’atmosphère.
« Tout ça prend du temps, il faut que ce soit acté, rappelle l’élu. Des délibérations vont être prise le 29 juin lors du prochain conseil. Justement pour cadrer le fonctionnement des aides individualisées qui est en train d’être mis en place. Pour que vous puissiez percevoir ces sommes. Dès que ce sera voté, on pourra caler les choses ensemble et voir avec vous quels sont les éléments nécessaires pour que tout ça puisse être mis en place. » David Malespine regrette que les courriers des pêcheurs restent sans réponse et rappelle que la tenue d’une réunion mensuelle avait été convenue. « On aimerait juste savoir où on en est, glisse un pêcheur. On a l’impression que vous essayez de noyer le poisson. Dans la lettre que vous aviez signée, il était dit que dès janvier on aurait l’essence à un euro après le vote du budget en mars. C’est passé depuis un moment et on n’a pas de nouvelle. »
« On aimerait bien récupérer l’argent »
Le Comité s’interroge sur la demande de la Collectivité de lui fournir des fiches de déclaration de capture, soulève également le respect des réglementations pour les bateaux qui viennent de l’extérieur pour pêcher dans les eaux de Saint-Barth et d’autres problèmes. La discussion s’éparpille quelque peu jusqu’à ce que l’un des pêcheurs recadre les échanges en replaçant la question du remboursement des treize centimes. « Une somme de 90.000 euros a été actée au budget en qualité de subvention exceptionnelle, rappelle Xavier Lédée. On a eu des difficultés avec la trésorerie, donc on a dû repasser des délibérations. On joue le jeu. » D’autres sujets reviennent dans la discussion : des problèmes de maillage de filet, des questions administratives, les interventions de l’Agence territoriale de l’environnement, l’absence de pompe accessible 24 heures sur 24, etc. « Il y a beaucoup de pêcheurs qui s’impatientent, intervient un marin. On aimerait bien récupérer l’argent, même si ce ne sont pas des fortunes. Même 1.000 ou 2.000 euros sur les treize centimes depuis janvier, on ne va pas cracher dessus. On est beaucoup à penser que si on ne vient pas faire ce que l’on fait ce matin, on a l’impression que ça n’avance pas. Et le manque de réponse crée aussi de la frustration. » Un de ses voisins ajoute : « Nous, les papiers, ce n’est pas notre fort. On fonctionne à la parole. Quand on dit quelque chose, on le fait. Là, on est en juin, on n’a toujours rien. Donc, ça monte. » Xavier Lédée rétorque : « Regardez ce qui a été fait : les sommes ont été budgétées, les travaux sont en cours sur la pompe, il n’y a aucune remise en question de l’accord malgré la diminution du chiffrage de votre consommation globale d’essence, et même ce matin le prix a encore baissé. » Et le Comité de se plaindre encore du « manque de communication ».
Au final, la dizaine de pêcheurs quitte l’hôtel de la Collectivité avec, à l’esprit, un léger scepticisme. Du moins pour certains. Ils attendent désormais le conseil territorial du jeudi 29 mai pour juger du respect des engagements du président. « On a du mal à se dire qu’il n’y a pas un loup qui dort quelque part », maugrée un pêcheur, toujours peu convaincu malgré les explications apportées par Xavier Lédée.
