De prime abord, en raison du système fiscal de l’île, évoquer la défiscalisation à Saint-Barthélemy paraît incongru. Elle est pourtant accessible dans de nombreux domaines. Une délibération territoriale datée du 26 mai 2017 en dresse une liste exhaustive au sein de laquelle apparaissent notamment les équipements et matériels de pêche artisanale. Par conséquent, lorsque la Chambre économique multiprofessionnelle a convié un spécialiste de la question à Saint-Barth, jeudi 21 avril, plusieurs marins-pêcheurs professionnels ont répondu à l’invitation afin de prendre conseil.
Représentant la société Inter Invest Outre-mer, Anthony Faure a rapidement été assailli de questions formulées par les pêcheurs. « Avec le Covid, tout a augmenté et ça continue, explique un professionnel de la mer. Le coût de la vie aussi donc pour nous qui sommes jeunes, la moindre aide est utile. » Pour Anthony Faure, l’objectif est d’informer du mieux possible les pêcheurs. Notamment en déclinant les spécificités de la loi Girardin Industrielle, un dispositif solidaire dont le but est de soutenir l’économie et palier aux surcoûts liés à l’insularité. « L’Etat octroie des réductions d’impôts pour les contribuables des territoires d’Outre-mer, explique le spécialiste. Pour un projet d’investissement de 10.000 euros, par exemple, la réduction d’impôt survient dès l’année suivante. » Une possibilité qui n’est pas sans intérêt pour les marins qui, d’évidence, n’ont d’autre choix que celui de se procurer du matériel venu de l’extérieur. « Il n’y a pas de magasin ici et le coût du transport du conteneur a pris 70%, donc quand on se fait livrer... »
La demande de défiscalisation ne peut être formulée que personnellement, pas de manière collective. Elle est notamment évoquée par les marins pour l’achat de gros matériel (bateau, moteur...). « La défisc sert presque uniquement à payer le transport pour ces gros matériels », explique un pêcheur. Ce système n’est pas utile ou nécessaire pour tous, ces professionnels ne manquent pas de se renseignement. Au cas où...
Pour Anthony Faure, « trop peu de secteurs sont éligibles à la défiscalisation » à Saint-Barth. « Alors qu’il y a énormément de cas possibles », assure le spécialiste. Il cite les boulangers, les plombiers, les électriciens... Dans sa délibération de mai 2017, la Collectivité fixe les domaines dans lesquels une opération de défiscalisation peut être entreprise. Il s’agit des équipements et matériels de production d’eau potable, de collecte et de traitement des déchets, dépuration et d’assainissement, mais aussi la réhabilitation et la rénovation d’hôtels, les énergies renouvelables (y compris les équipements et matériels de stockage de l’énergie), les technologies de l’information et de la communication, le recyclage et la revalorisation des matériaux, les véhicules électriques. Une liste qui pourrait s’allonger si la Collectivité en prend la décision. En mai 2017, la délibération fixant les domaines éligibles avait été adoptée à la majorité. Ernest Magras et Marie-Hélène Bernier s’étaient abstenus lors du vote tandis que Maxime Desouches s’était prononcé contre.