L’association des commerçants de Saint-Barthélemy est sortie d’une longue période de sommeil depuis le mois de décembre. Reprise en main, elle a tenu sa première réunion publique le jeudi 25 janvier à Gustavia. Pour cette rencontre, près d’une quarantaine de professionnels de l’île a fait le déplacement, en soirée, dans la grande salle de la capitainerie. L’objectif de la réunion était simple : jeter les bases d’échanges qui se voudront réguliers mais aussi et surtout recueillir les griefs et préoccupations des commerçants. De ce point de vue, le rendez-vous s’est avéré des plus satisfaisants.
Peu de succès du covoiturage
En effet, après une courte introduction du président de l’association, Edouard Lacour, les langues n’ont pas tardé à se délier. D’emblée, ce sont les problèmes liés au stationnement, à la circulation et à la sécurité qui émergent. Edouard Lacour explique que la possibilité de mettre en place un système de navettes à la disposition des commerçants de Gustavia et de leurs salariés a été abordée. « L’idée est de désengorger Gustavia », précise-t-il, tout en saluant la réactivité de la Collectivité, dont le président, Xavier Lédée, est présent à la réunion. Tout comme Romaric Magras et Francius Matignon, conseillers territoriaux du groupe d’opposition Saint-Barth d’Abord. « La Collectivité a libéré un terrain à Saint-Jean (derrière le stade) et nous avons tenté une première expérience de covoiturage, mais ça n’a pas fonctionné », regrette le président de l’association. Des professionnels du transport ont donc été contactés. Un seul a répondu favorablement. Celui-ci réclamant des garanties et un contrat sur une année, le projet va être étudié.
Au cours de la réunion, plusieurs commerçants se sont plaints d’une « ambiance tendue » à Gustavia. « Il faut faire revenir les touristes », lance une femme. Là encore, le manque de place pour garer les véhicules est pointé du doigt. Tout comme l’habitude prise par les pilotes de deux-roues et de quad d’envahir les places de stationnement des voitures. L’occasion pour Xavier Lédée de prendre la parole pour apporter des précisions.
Un trafic de drogue qui « explose »
Le président de la Collectivité a commencé par revenir sur le système des navettes en lançant : « Si personne ne prend ses responsabilités et ne les utilise, ça ne marchera pas. » Et de poursuivre en évoquant une future zone de stationnement « d’une centaine de places » proche du Super U de Saint-Jean. « Il y a peut-être aussi une solution à trouver pour interdire aux scooters de se garer sur les places de parking », place-t-il. « Des gens arrivent à Gustavia 1h30 avant leur embauche pour trouver de la place », remarque un commerçant. Mais d’autres thèmes reviennent en boucle.
La sécurité, tout d’abord, qui est en lien direct avec la qualité de l’accueil de la clientèle. « Au-delà du luxe, notre réputation s’est surtout faite sur la sécurité », souligne Edouard Lacour. La présence de revendeurs de drogue dans la rue de Gaulle mais également près des commerces à Saint-Jean est soulevée. « On a les mêmes problèmes qu’à Gustavia, insiste un commerçant de Saint-Jean. Le stationnement et le trafic de drogue qui explose. Sans parler des incivilités au quotidien. »
Les échanges portent également sur la propreté, particulièrement à Gustavia, ainsi que sur les abus de « certains établissements » au niveau des tarifs et des réservations. Xavier Lédée avance le fait que la réalité touristique de l’île a changé depuis quelques années. « Les touristes qui venaient il y a trente ans ne sont plus les mêmes que ceux d’aujourd’hui », insiste-t-il. «Le luxe, ce n’est pas forcément le caviar et le Champagne, glisse un intervenant. C’est aussi vivre une expérience que l’on ne peut vivre ailleurs. » L’idée de « promouvoir les commerces et les restaurants typiques » est alors formulée, avec celle de revenir à plus d’authenticité. « L’authenticité c’est aussi des lieux abordables, et il n’y en a plus beaucoup », remarque un participant.
A l’heure de se séparer, de nouvelles discussions s’engagent dans la salle et à l’extérieur entre des commerçants. Preuve que l’initiative de relancer l’activité de l’association est loin d’être inutile.