Photo > Seize élus sur les vingt-trois qui composent la Chambre économique multiprofessionnelle, dont quatorze titulaires et neuf suppléants. Assis au premier rang : Jean-Luc Martin (2e vice-président), Thierry Dutour (président sortant, aujourd’hui 1er vice-président), Thomas Gréaux (président) et Fred Questel (3e vice-président). En second plan de gauche à droite : Jonas Brin (secrétaire), Fabienne Miot, Sébastien Loret (suppléant), Angela Farreny (suppléante), Johnny Laplace, Jocelyne Divialle (suppléante), Jean-Claude Eulalie, Anne Nobile (vice-secrétaire), Valérianne Berland-Guiheneuc, Pascal Aubin, Catherine Charneau, Nicolas Gicquel.
Les élus de la mandature 2020-2025 ont enfin pu tenir leur réunion d’installation, décalée en raison du confinement. Le nouveau président de la Chambre économique multiprofessionnelle est Thomas Gréaux, jeune chef d’entreprise dans le BTP. Il débute son mandat en pleine crise due au Covid, mais n’est pas vraiment inquiet pour l’avenir économique de l’île.
Rentré en 2014 après ses études, Thomas Gréaux, 29 ans, «Saint-Barth de l’Anse des Cayes », a créé sa propre entreprise fin 2015. « Un bureau d’études, qui réalise toutes les études techniques et le suivi de chantier », explique-t-il. C’est là qu’il a eu affaire à la Chambre économique multiprofessionnelle: « J’avais entendu parler d’une aide financière pour le développement d’entreprises innovantes. J’ai effectué une demande, qui m’a été accordée. Elle m’a permis d’investir dans un logiciel, du matériel informatique ; la Cem m’a aussi été précieuse pour l’accompagnement et l’aide à la formation. C’est ce coup de pouce qui a déclenché la création rapide de ma propre entreprise ». Et c’est cette expérience qui lui a donné envie de s’investir dans la Cem. « Le renouvellement des élus de la Cem tombait en 2020, un bon moment pour moi. On sort de trois ans après Irma, durant lesquels je n’ai pas quitté l’île, je n’ai fait que travailler. Aujourd’hui je suis davantage disponible. On m’a donné la chance de bénéficier d’une aide, je souhaite à mon tour aider les gens. »
Les vingt-trois nouveaux élus de la Cem (dont dix-neuf titulaires) arrivent en pleine tourmente sanitaire, associée à une crise économique. Pour autant, « j’ai confiance en l’avenir », commente Thomas Gréaux. « Saint-Barth a une économie forte. Quand le BTP vit, tout vit. Or le BTP reprend bien. Mais il faudra tirer les leçons de cette crise.» Pour l’instant, il est trop tôt pour parler des conséquences à long terme du Covid-19 sur l’économie. Mais Thomas Gréaux souligne déjà que la crise a permis de relâcher la pression sur le logement. « On voit qu’il y a du changement. Des gens ont quitté l’île, des entreprises ont lâché des logements. Je pense que les cartes seront rebattues. Mais il faudra attendre la fin de l’année pour en être sûr. » Sur les conséquences du Covid, il s’attend à une baisse des revenus à Saint-Barth, avec notamment moins d’heures supplémentaires, donc une baisse de pouvoir d’achat qui pourrait ramollir la consommation localement pendant quelques temps. Mais là aussi, difficile à ce stade d’établir des prédictions. « Je pense qu’il y aura un ralentissement général. Les délais d’acheminement des matériaux sont allongés ; donc les délais d’exécution seront un peu plus longs. » Certains chantiers privés ont été suspendus, parfois pour plusieurs mois.
Fraîchement élu président de la Cem, Thomas Gréaux succède à Thierry Dutour, qui devient un premier vice-président dont l’expérience sera précieuse. C’est donc une mandature de continuité, qui poursuivra le travail engagé ces dernières années, et notamment le développement de la formation, que ce soit en apprentissage pour les jeunes, ou en formation continue, notamment pour les professions réglementées. Avocats, architectes ou agents immobiliers n’auront plus à quitter l’île pour se former. Sous la houlette de la directrice Nadège Carti-Sinnan, la Cem compte aussi mettre l’accent sur la formation en créations d’entreprises. Beaucoup d’actifs se lancent à leur compte à Saint-Barth, sans être forcément au fait des contraintes de l’entreprenariat. « Un nouveau site internet de la Cem sera prochainement mis en ligne », informe Nadège Carti-Sinnan. « Ce sera un véritable outil de travail, pour nous comme pour les usagers.» Avec un catalogue des formations et une possibilité de se préinscrire en ligne, justement.
Le gaspillage dans le BTP
Dans la lignée de la Saint-Barth Smart Island 2019, le travail sur l’environnement et le gaspillage sera poursuivi. «Ce sont des propositions qui me tiennent vraiment à cœur», insiste Thomas Gréaux, « et notamment dans le secteur du BTP. Les artisans et entreprises ont tendance à commander trop de matériaux, car ils craignent la pénurie locale ou les délais d’acheminement. » Ces surplus sont souvent jetés et nourrissent le tas de déchets devant Marché U. « Etant moi-même dans le BTP, je remarque que les artisans savent très bien travailler, mais parfois ils ne savent pas commander, gérer des stocks, faire des devis et des factures dans les règles. Je pense que ce sont des sujets phares, sur lesquels la Cem peut mettre en place un accompagnement. »
Outre le BTP, des accompagnements sur la réduction du gaspillage dans les commerces alimentaires ou non, les restaurants, peuvent aussi être imaginés. Il y a un an tout juste, une quinzaine d’entreprises s’étaient engagées au Manapany pour enclencher des actions contre le gaspillage, au terme de la Smart Island (JSB 1332). Un pacte dont le bilan n’a pas encore été tiré. « Le suivi est lancé, on comptait faire le point en fin de saison », informe Nadège Carti-Sinnan. Avec la crise sanitaire, l’arrêt de l’activité de nombreuses entreprises change la donne.
Aujourd’hui, les six employés de la Cem ont réinvesti leurs locaux de la rue Samuel-Fahlberg après quelques semaines de télétravail intense : « En trois semaines on a reçu plus de 1.500 appels, c’est ce qu’on reçoit habituellement en une année. Quand aux e-mails, je préfère ne même pas compter », sourit Nadège Carti-Sinnan. La situation revient peu à peu à la normale, et l’actualité n’a pas entamé la motivation de la nouvelle équipe d’élus, au contraire, à entendre leur président : « C’est une fierté de succéder à Thierry Dutour et son équipe, qui avec Nadège ont porté la Cem où elle est actuellement, et en ont fait un outil de travail indispensable aux entreprises », déclare Thomas Gréaux. « Nous reprenons aujourd’hui avec une équipe de 23 élus renouvelée, jeune et motivée. Il nous faut agir vite pour mettre en place les projets ; cinq ans, c’est court ! »