L’étude de faisabilité en vue de la création d’une fabrique de transformation des produits de la mer a été présentée au comité des pêches il y a une dizaine de jours. Une structure dont l’activité pourrait démarrer dès le mois de septembre 2025.
Le projet ne date pas d’hier. Plus précisément, la possibilité d’implanter une fabrique de transformation des produits de la mer a commencé à être sérieusement étudiée dès 2017. Depuis la création du comité des pêches et de l’aquaculture, en juin 2021, le dossier a pris des allures nettement plus concrètes. Ainsi, le 13 juin dernier, la Chambre économique multiprofessionnelle (Cem) a accueilli l’entrepreneur consultant Vincent Touloumon qui, avec son cabinet conseil Alvi travaille à l’élaboration du projet depuis 2017, ainsi que l’avocate Céline Delmas (qui travaille à l’organisation juridique du projet) et le conseiller indépendant en agroalimentaire, Damien Maillard. Trois spécialistes qui ont présenté aux membres du comité des pêches de Saint-Barth l’étude de faisabilité de la future fabrique. Une structure qui pourrait être opérationnelle dès le mois de septembre 2025.
« On avance pas à pas, sourit Vincent Touloumon. Pour certains pêcheurs, la perspectives paraît assez longue, ce qui est normal. Mais on avance ! » C’est sur la base d’un concept élaboré par le comité des pêches et la Cem que les consultants ont élaboré l’étude de faisabilité. « La première interrogation a porté sur le foncier, souligne Vincent Touloumon, comme une évidence. Nous avons travaillé avec la Collectivité pour trouver différentes solutions. » Une implantation à Saline, sur le terrain qui accueille déjà l’abattoir à cabris, a été privilégiée. « Ce terrain est intéressant car il permet la création d’un pôle agroalimentaire », assure le consultant. De fait, il est aussi envisagé d’y implanter une boutique de fruits et légumes cultivés sur l’île.
Objectif « zéro déchet »
L’objet des discussions avec les pêcheurs a notamment été de déterminer sur quel produit, donc quel poisson, la production pourrait s’appuyer. Le poisson de roche a été désigné à l’unanimité. Une priorité qui n’exclura pas de la chaîne de fabrication les autres ressources issues de la pêche locale, comme le thon, par exemple.
En se basant sur les données fournies par les dix-huit navires de pêche déclarants en 2023, il est estimé dans l’étude de faisabilité que la fabrique pourrait récupérer 75 tonnes de produits bruts et 45 tonnes de coproduits. Avec un objectif clair : le «zéro déchet». Pour l’heure, l’exploitation ne porte que sur 30 à 35% des poissons pêchés. Pour atteindre 100% d’exploitation, la fabrique permettra de transformer le produit de la pêche en des produits divers et variés : tartinade, bouillabaisse, émietté, gazpacho, rillettes, etc. Une perspective qui a séduit les professionnels de la grande distribution de l’île, assure Vincent Touloumon.
Un projet à 1,4 million
La surface nécessaire de la structure a été évaluée à 120 mètres carrés. « C’est le minimum pour tourner efficacement », insiste l’entrepreneur consultant. Elle devrait être constituée, dans un premier temps, de conteneurs préfabriqués. Mais une version «bâtiment» est également à l’étude. Avec des unités de stérilisation pour la mise en pots des produits, des panneaux photovoltaïques pour l’alimentation en énergie, et un système de haute surgélation. « Ce qui nous permettra de produire du thon de qualité sushi, à très basse température », assure Vincent Touloumon. De plus, la fabrique remettra au goût du jour le système de la consigne avec ses pots et bocaux en verre qui pourront ainsi, après stérilisation, être réutilisés.
« Tous les acteurs du secteur et de la distribution sont d’accord, les consommateurs attendent, c’est un beau projet pour le territoire qui va voir le jour », se réjouit Maïté Cohen de la Cem. Un projet qui va nécessiter un investissement estimé, pour l’heure, à 1,4 million d’euros. En incluant les travaux d’assainissement de la fabrique et de l’abattoir à cabris. Tout en précisant que l’option « bâtiment » entraînerait évidemment des surcoût en termes d’équipement. Mais aussi des avantages, comme celui d’y inclure des logements pour les personnels. Car il est prévu que la fabrique emploie cinq salariés.
Pour son exploitation, trois options sont avancées dans l’étude de faisabilité. Une société de coopérative maritime, un groupement d’intérêt collectif ou une société commerciale. Chacune présentant des avantages et des inconvénients qui seront détaillés lors de la présentation du « business plan » en septembre prochain. Celle-ci devrait être suivie d’un appel d’offres en janvier 2025, de la fabrication des conteneurs dans l’Hexagone entre mars et juillet 2025 puis de l’installation de la structure et de sa mise en route en septembre suivant.
Un questionnaire en ligne sur la pêche locale Dans le cadre de son stage de fin d’études qu’elle effectue au sein de l’Agence territoriale de l’environnement, Sixtine Ragot propose un questionnaire en ligne qui a pour but de mieux comprendre les attentes des consommateurs en termes de produits de la mer. « La création de ce questionnaire découle du constat d'un manque de valorisation locale des poissons de roche issus de la pêche à Saint-Barthélemy, explique l’étudiante. Il contribuera à la compréhension des freins à la valorisation locale des poissons de roche et à l'identification des possibilités de mise en valeur de la pêche locale. » Le questionnaire, accessible via un QR code, s’adresse principalement aux visiteurs, aux résidents secondaires et aux saisonniers. Les résultats de l’enquête viendront compléter le mémoire de Sixtine Ragot. Un document qui sera accessible publiquement vers la fin du mois de septembre. |