Saint-Barth - cem filiere agricole

La Cem veut structurer la filière agricole

La Chambre économique multiprofessionnelle a réuni les petits producteurs agricoles de Saint-Barth en l’hôtel de la Collectivité depuis lundi afin de les engager dans un processus de regroupement au sein d’une association ou d’une coopérative.

Après l’épineux dossier de la pêche, la Chambre économique multiprofessionnelle (Cem) s’attaque à celui de l’agriculture à Saint-Barth. Depuis lundi, la Cem a réuni les petits producteurs de l’île en l’hôtel de la Collectivité territoriale afin de les inciter à se regrouper au sein d’une association ou d’une coopérative. Pas une mince affaire. Néanmoins, la Chambre estime qu’une structuration de la filière est indispensable pour, dans un premier temps, assurer la survie des producteurs et, dans un deuxième temps, développer un secteur d’activité qui exerce un évident pouvoir d’attraction sur une partie de la jeunesse. « Notre objectif est d’avoir un interlocuteur unique pour faciliter les démarches », explique ainsi le président de la Cem, Thomas Gréaux. Son directeur, Thierry Gréaux, ne dit pas autre chose et affirme : « Il faut défendre les intérêts de tous. Pour cela, la Cem est comme une mère porteuse. Elle accompagne tous les projets jusqu’à leur naissance avant de s’effacer. » Reste à convaincre les professionnels.

Pour ce faire, la Chambre s’est adjointe les services de Vincent Toulemon de la société Alvi, consultant spécialisé qui a déjà apporté son concours lors de la création du Comité des pêches et de l’aquaculture de Saint-Barth. Avant de retrouver les producteurs à la Collectivité, le consultant est allé à leur rencontre sur leurs exploitations afin d’observer leur manière de travailler et surtout de répertorier leurs besoins. « Je dois l’avouer que je ne savais pas qu’il y avait des agriculteurs à Saint-Barth », s’amuse Vincent Toulemon. Autour de la table de la salle des délibérations de la Collectivité, la Cem a également convié des intervenants de Saint-Martin. Les discussions peuvent s’engager.

 

Pas de « voyage de 36 heures » pour les produits locaux

Pour Vincent Toulemon, épaulé par Maïté Cohen de la Cem, l’objectif est que chaque professionnel exprime ses besoins afin d’établir une ligne commune. « Il faut arriver à mettre en valeur ce que l’on produit, explique un maraîcher. C’est quand même mieux que faire venir des produits de Rungis (la centrale de distribution française, ndlr), non ? Surtout que nos produits ont plus de goût et qu’ils n’ont pas voyagé 36 heures. » S’il est « content » de se retrouver en compagnie d’autres producteurs et de jeunes qui se lancent, il regrette le manque de présence de la Collectivité. «Je n’ai vu personne en cinq ans, affirme-t-il. Alors parler c’est bien mais il faut venir nous voir. L’île fait huit kilomètres de long, ce n’est pas si compliqué. On a chacun nos modes de cultures et des besoins différents. » Il soulève notamment les difficultés liées aux travaux d’aménagements routiers. « A 18 heures, je dois me transformer en livreur parce que plein de gens ne se déplacent plus. » Un des participants évoque la possibilité de faire appel à des livreurs, un autre celle de créer un espace de dépôt et de vente. «Peut-être avec les pêcheurs?», lance-t-il. «Quand quelqu’un vient prendre un poisson, c’est sûr qu’il va repartir avec son petit basilic ou autre chose », insiste un maraîcher. Le président de la Cem assure que cette idée fait partie des pistes de réflexion de la Chambre.

 

Objectif : vendre moins cher

S’il n’est pas cultivateur, l’un des intervenants se permet d’intervenir et de rappeler qu’à Saint-Barth, grâce à une clientèle fortunée, une production de qualité peut permettre aux professionnels de vendre leurs produits plus chers. Ceux-ci réagissent immédiatement et rejettent cette idée. « Mon objectif n’est pas de vendre plus cher mais au contraire de proposer mes produits moins chers aux locaux », réplique un producteur, approuvé par l’ensemble de ses homologues. Quelques jeunes qui envisagent de lancer leur petite exploitation sont également présents. L’un d’entre eux est jardinier et assure : « Il faut montrer aux gens qui sont gourmands et qui viennent sur l’île pour faire du profit que nous pouvons nous unir et être ensemble. » Aujourd’hui, mercredi 24 mai, les participants aux différents ateliers de réflexion dévoileront leur décision quant à la création d’une association ou d’une coopérative. Une décision sur laquelle la Cem s’appuiera ensuite pour faire avancer la structuration de la filière agricole.

 

Des exploitations qui comptent

Officiellement, Saint-Barthélemy ne compte « que » huit entreprises agricoles enregistrées auprès de la Chambre économique multiprofessionnelle. Toutefois, une quinzaine d’exploitants, en majorité des maraîchers, s’adonnent à des activités de cultivation sur l’île. Deux personnes sont enregistrées en qualité d’agriculteurs. Des exploitations peu nombreuses mais qui comptent, à plus d’un titre. Parce qu’elles produisent localement, bien entendu, mais aussi parce qu’elles s’attachent à le faire de la manière la plus naturelle. Parfois en employant des techniques anciennes. Par ailleurs, un entrepreneur privé envisage d’implanter une ferme verticale à Saline. Le permis de construire est à l’étude auprès des services de la Collectivité.

Journal de Saint-Barth N°1474 du 25/05/2022

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