Privées d’exercer depuis le 16 mars, les nombreuses esthéticiennes de l’île attendent la reprise avec autant de hâte que leurs client(e)s. Les consignes sanitaires ne les effraient pas : les règles d’hygiène sont la base de leur profession.
Le retour des esthéticiennes est au moins aussi attendu que celui des coiffeurs, par bon nombre d’entre nous. Depuis le 16 mars, elles ont fermé leurs salons, laissant à regret leurs clientes se débrouiller avec les poils récalcitrants et les soins du visage maison. Elles attendent de pied ferme lundi pour rouvrir. Quant aux règles sanitaires nécessitées par la crise du Covid-19, cela ne les effraie pas. « J’ai déjà l’habitude de désinfecter tout entre deux clientes, utiliser des serviettes jetables en papier pour la table, me laver les mains très souvent », explique Manon, qui officie à l’hôtel Le Village Saint-Jean.
Ce qui va changer, c’est « la désinfection de la poignée de porte –mais de toute façon en général c’est moi qui l’ouvre, donc elles n’ont pas à y toucher-, et je leur donnerai du gel hydroalcoolique pour les mains quand elles arrivent. Mais ça, même en temps normal, c’est mieux de le faire. » Anne, gérante du salon Venus Health & Beauty à Gustavia, n’appréhende pas non plus. Ses employées sont au chômage partiel. Avant le jour J, elles procéderont à un nettoyage à fond des locaux, et mettront au point le dispositif pour éviter que les clients ne se croisent. « Nous travaillons déjà avec des gants, des charlottes à usage unique. Les mains, on se les lave toujours avant, après et même pendant les soins. Je m’habitue à porter un masque, ce n’est pas si simple que ça », admet-elle. Nouveauté aussi pour Manon, qui s’est essayée une seule fois à un massage avec gants : «Ma cliente m’avait dit qu’elle ne sentait pas la différence. Mais travailler avec des gants, c’est très désagréable, et puis les gants sont aussi porteurs de bactéries ; mieux vaut se laver les mains au savon le plus souvent possible. La seule vraie différence sera le port du masque. »
Pendant qu’elles ne travaillent pas, aucun argent ne rentre. «Je prends sur mon budget vacances en attendant », indique Manon, qui exerce en indépendante. Les deux professionnelles, installées de longue date à Saint-Barthélemy, peuvent heureusement compter sur une clientèle locale. « Ça se remplit, je vais bien travailler les quinze premiers jours après le 11 mai. Mais je sais que les six mois à venir seront durs. J’ai un fond de caisse avec les filles de l’île, mais elles auront un budget plus réduit, forcément ; on ne va pas faire de grosse prestation. Je proposerai des tarifs réduits à celles qui n’ont pas pu travailler pendant le confinement. » Outre les touristes qui sont absents, le départ des saisonniers représente aussi un manque à gagner.
Même incertitude du côté de Anne, qui rogne sur la trésorerie. « On continue de payer toutes nos charges. Je n’aime pas trop demander, mais on va peut-être essayer d’obtenir un geste pour le loyer. On voit que la fidélisation, la clientèle locale, est très importante ; c’est elle qui nous fait vivre. Comme chaque année on proposera des offres découvertes à tarifs spéciaux pour les locaux. Je pense que cet été, on ne va pas gagner d’argent ; mais j’espère juste pouvoir payer mes factures », soupire-t-elle. « Le plus important, c’est la santé, de toute façon. »