Jeudi dernier, la Chambre économique multiprofessionnelle a attribué à l’entreprise Sargasse Project, qui recycle les algues néfastes en pâte à papier, un chèque de 5.000 euros dans le cadre de l’accompagnement au projet professionnel.
Seul dossier bénéficiaire de ce programme cette année, Pierre-Antoine Guibout, fondateur de l’entreprise Sargasse Project, a reçu une aide exceptionnelle à hauteur de 5.000 €. Le plafonnement habituel est de 2.500€, mais « ce projet est particulièrement intéressant, particulièrement novateur et il donne une bonne visibilité au territoire », vante la directrice générale Nadège Carti-Sinnan. La Cem a donc décidé de dégager ce budget pour cette start-up d’intérêt public et écologique pour le territoire de Saint-Barthélemy.
Pour rappel, Sargasse Project a pour objectif de recycler les sargasses qui envahissent nos plages. Pierre-Antoine Guibout a mis au point une formule qui permet de transformer les algues en pâte à papier et en cellulose moulée. Depuis notre dernière rencontre, la notoriété du projet a augmenté : « On commence à être connus en métropole », dit le juriste de profession, avec le sourire. Il est invité à participer en octobre à l’émission sur France 5 “Silence, ça pousse !” pour partager son savoir-faire.
Le chef d’entreprise rêve en grand. Il désire s’implanter dans les Caraïbes dans un premier temps, puis continuer à faire la chasse aux sargasses dans le Golfe du Mexique. «Dans un troisième temps, j’aimerais aller dans la côte ouest de l’Afrique, du côté du Sierra Leone où les sargasses sont aussi un fléau. » Avant d’arriver à cette activité internationale, Sargasse Project est en attente de son deuxième brevet. Pierre-Antoine Guibout espère l’obtenir en fin d’année afin de débuter sa démarche commerciale en 2021. Dans l’objectif d’une industrialisation du procédé, la start-up est en contact avec trois partenaires potentiels. Des échantillons de pâte à papier leur sont envoyés pour qu’ils testent la compatibilité avec leurs machines.
Pierre-Antoine Guibout est très optimiste, « il suffit de deux, trois clients pour avoir une activité à l’année ». L’étape suivante est de créer une fabrique pour produire sa matière première. « J’ai envie de rester à Saint-Barth parce que c’est là qu’est né le projet. Mais avoir une production ici, avec le coût du foncier c’est compliqué. » A moins d’avoir des locaux prêtés par la Collectivité, le chef d’entreprise envisage de créer ses fabriques en Guadeloupe ou Martinique. « C’est plus rentable parce qu’il y a davantage de sargasses. » S’implanter sur ces îles répond à son désir de circuit court, « il n’y aurait aucun transport ! »
Thomas Gréaux, président de la Cem, qui a remis le chèque au chef d’entreprise jeudi dernier, est convaincu que Sargasse Project a tout pour plaire à de nombreux investisseurs. Et à la Collectivité, qui consacre un budget important au ramassage chaque année (1,3 million d’euros en 2019). Pierre-Antoine Guibout entend apporter avec ce projet « une réponse à une situation de crise. »