Lundi, on pourra sortir sans attestation dérogatoire. A part ça, c’est encore un peu la confusion sur ce qu’il va se passer le 11 mai. Le Président de la Collectivité veut un retour à la situation d’avant Covid-19, avec une responsabilité de chacun dans le respect des gestes barrière. Cela tranche avec le discours gouvernemental très prudent. La préfecture joue l’équilibriste entre les deux.
On retrouvera un sentiment de liberté lundi 11 mai, même si dans les faits, avouons-le, ça a déjà commencé. Dans quelques jours, plus besoin d’attestation pour sortir de chez soi, plus besoin de limiter son jogging ou sa baignade à seulement une heure/un kilomètre, etc. Autre certitude : les frontières de l’île resteront fermées, dans le même cadre qu’aujourd’hui, avec quatorzaine obligatoire pour chaque arrivant.
En dehors de ça, à l’heure où nous bouclons ce journal mardi 5 mai, aucune organisation n’a été officiellement présentée par les autorités. La préfecture a indiqué dans un communiqué de presse, lundi 4 mai, que le plan de déconfinement de Saint-Barth était validé par tous les décideurs pour Saint-Barth ; pourtant hier encore, les socioprofessionnels étaient réunis pour une concertation préalable.
Bref, on sent encore une certaine confusion sur les contours précis du déconfinement à Saint-Barthélemy. Le gouvernement multiplie les appels à la prudence et la responsabilité. De l’autre côté, le Président de la Collectivité n’a de cesse de pousser pour un déconfinement à 100%, sauf frontières. Au terme de quatre heures de discussion en visio avec Emmanuel Macron (et d’autres collectivités d’outre-mer), il a obtenu l’aval du chef de l’Etat pour un déconfinement élargi dès le 11 mai. Un traitement différencié accordé pour deux raisons : plus de cas actif de Covid-19, plus aucun cas découvert depuis le 26 mars ; et la mise en place d’une campagne de dépistage locale. Toutefois, si l’accord oral a été donné, aucun texte officiel du gouvernement n’a pour le moment entériné cette exception.
Cela étant dit, on peut déjà affirmer que contrairement à la métropole, les bars et restaurants sont inclus dans les commerces qui pourront accueillir du public à compter de lundi. En revanche, la préfecture n’est pas d’accord pour les discothèques, lieux festifs difficilement compatibles avec nos nouvelles règles de vie. Elles devraient finalement être les seules exclues de la réouverture au 11 mai.
Bateau, sports, culture
La mer est déjà accessible depuis mi-avril, et Bruno Magras compte bien autoriser la navigation et la pêche de loisirs dès ce lundi, probablement dans une limite proche des côtes. Interrogé sur Tropik FM vendredi, à la suite de notre article annonçant le déconfinement total, il n’y est pas allé par quatre chemins : « J’ai prévenu la préfète que si elle était contre, je prendrai un arrêté pour l’autoriser, et qu’elle n’aurait pas d’autre choix que de l’attaquer au tribunal. »
Tous les équipements publics vont rouvrir : le stade, le dojo, la piscine territoriale, etc. Le Premier ministre a mis un terme aux compétitions sportives, mais les activités d’entraînement et loisirs pourront reprendre. Sauf que les entraînements de jujitsu ou de natation, par exemple, semblent peu compatibles avec les consignes sanitaires. Du côté de la Collectivité, on ne tergiverse pas : chaque association fera ce qu’elle juge le mieux et mettra elle-même en place des précautions.
Les activités culturelles pourront aussi reprendre. C’est à dire que le théâtre du Paradis ou le cinéma de plein air de l’Ajoe seront autorisés à accueillir du public, mais le port du masque devrait y être fortement recommandé lors des regroupements de spectateurs. Là aussi, pas de loi : la Collectivité fait appel au bon sens et au civisme de chacun.
Même chose pour les lieux de culte : restées ouvertes, les églises pourront renouer avec l’accueil des fidèles, ce qui n’est pas le cas en métropole. En métropole les rassemblements de plus de dix personnes seront proscrits, dans les lieux publics comme en privé, pas à Saint-Barth. Les événements regroupant du public sont par principe autorisés, et là aussi, charge aux organisateurs de garantir la sécurité sanitaire des participants.
Pour résumer, à une exception près, c’est bien un déconfinement total qui s’annonce ce lundi. Objectif : relancer la vie locale et l’activité économique, même a minima. La mise en place des consignes sanitaires est laissée au jugé de chaque entreprise et chaque association.
Hier, certains socioprofessionnels s’inquiétaient de leur éventuelle responsabilité pénale si un client était contaminé. Mais il est impossible de déterminer précisément la date de la contamination, donc impossible de prouver où et quand on a “attrapé” le virus ; ils ont été rassurés sur ce point. Le ministère du Travail a mis en ligne des guides précis des consignes à mettre en place selon les secteurs d’activité. Mais ce sera surtout une question de bon sens.