Les chiens au visage aplati, type bouledogue ou carlin, avaient été bannis des avions en raison de leur fragilité : ils sont sujets aux problèmes respiratoires. Mais la mobilisation des propriétaires et associations a poussé les compagnies à proposer des dérogations.
L’affaire est née en juillet dernier. La chienne Joy, un bouledogue français âgé de 4 ans, est morte dans sa cage en soute, au cours d’un vol Air France reliant la Guyane à Paris. Les propriétaires du chien ont porté plainte contre la compagnie. Ils décrivent au journal breton Le Télégramme des conditions de voyage trop rudes pour l’animal, les chiens étant stockés dans un hangar non climatisé malgré la touffeur guyanaise, avant l’embarquement.
L’affaire judiciaire est en cours. Mais dans la foulée, Air France, suivie de plusieurs autres compagnies, a annoncé qu’elle interdisait désormais les “chiens à nez retroussé” en voyage fret. Plus précisément les bouledogues, carlin et boston terrier. Ces espèces sont sujettes à des problèmes respiratoires. En général, un bouledogue français pèse 10 ou 11 kilos, trop lourd pour voyager en cabine avec son maître. « On a poussé les caractéristiques de ces races au point de les rendre fragiles », explique le Dr Maurice Kaiser, vétérinaire de la Clinique des Mangliers. « Même les éleveurs essaient aujourd’hui de revenir en arrière. » Accentuée au maximum, cette caractéristique du nez plat provoque des difficultés pour les chiens à respirer, donc à réguler leur température. « Je comprends les compagnies aériennes, comme je comprends les propriétaires qui ne peuvent plus voyager avec leurs chiens. » Même en situation normale, la morphologie de ces chiens pose problème. « Les chirurgies pour les aider à respirer sont très répandues en métropole. » Aujourd’hui, la centrale canine, association qui a créé le Lof (Livre des origines français) et travaille à l’amélioration et la diffusion des races, indique dans sa description du bouledogue français : « L'inclinaison des narines ainsi que le nez retroussé doivent permettre une respiration nasale normale. »
Quoi qu’il en soit, de nombreux propriétaires de ces chiens se sont indignés de la décision des compagnies aériennes, ainsi que la Fondation 30 Millions d’Amis, et certains vétérinaires d’outre-mer, principalement des Antilles Guyane. Une pétition a été lancée.
Cette mobilisation a contraint les compagnies aériennes à proposer des alternatives, qui restent cantonnées aux cas exceptionnels.
Dérogations sous conditions
Ainsi Air France « étudiera au cas par cas l’acceptation au transport des animaux », et distribuera des dérogations selon une liste de conditions : « Pour un retour définitif, un trajet unique, pas de connexion intra-domestique ; Transport de l’animal aller impérativement effectué sur un vol Air France (documents à nous fournir : dossier de réservation, numéro de LTA dans le cas d’un acheminement via le fret) ; Le parcours retour devra être identique au parcours aller (connexion intra domestique interdite au retour) ; Certificat vétérinaire de bonne santé autorisant son transport datant de moins de 1 mois et documents obligatoires au transport. » La compagnie Corsair a annoncé qu’elle accepterait ces chiens uniquement pour le « vol “retour” suite à une mutation professionnelle et pour les clients partis avec leurs chiens avant la mise en place de l’interdiction en octobre 2019 ». Enfin, Air Caraïbes, qui a allongé la liste des chiens bannis des voyages en soute (boxer, pékinois, shih tsu…) , rappelle que les animaux de moins de 7 kilos peuvent voyager en cabine avec leur maître.
Des dérogations que beaucoup considèrent insuffisantes. La Fondation 30 Millions d’Amis persiste et demande à l’ensemble des compagnies aériennes desservant les outre-mer de proposer des alternatives. D’autant plus que l’interdiction reste totale au départ de la métropole.
A noter, certaines races de chat au nez retroussé (birman, persan…) sont aussi concernées par cette interdiction.
©CCFlickr/Stanze